Échos vedettes

Robert Lalonde: nostalgiqu­e de l’enfance

- SAMUEL PRADIER

AUTEUR PROLIFIQUE, ROBERT LALONDE VIENT DE SIGNER UN POIGNARD DANS UN MOUCHOIR DE SOIE, SON 28e ROMAN EN PRÈS DE 40 ANS DE CARRIÈRE. IL NOUS ENTRAÎNE DANS UNE HISTOIRE DE MÉNAGE À TROIS OÙ L’AMBIGUÏTÉ RÈGNE CONSTAMMEN­T. L’HOMME DE 71 ANS RESTE EXIGEANT, AUTANT POUR LUI QUE POUR LES AUTRES, AVEC UNE FORME DE DÉLINQUANC­E ET D’ASCÉTISME QUI LE RENDENT ENCORE PLUS INTÉRESSAN­T.

Dans ce nouvel ouvrage, Robert Lalonde revient sur des thèmes qui lui sont chers et qu’il questionne à chacun de ses livres. «Mon personnage principal est malheureux malgré lui. Il essaie de s’apaiser, d’être gentil et de revenir à la vie normale, mais quelque chose l’en empêche. C’est un jeune garçon qui donne l’impression d’être itinérant et à la dérive. Finalement, il se rapproche de deux personnes plus âgées. Sous prétexte de mendier ou de demander leur aide, il les fait se rencontrer. L’histoire tourne autour de ces deux personnes et du jeune garçon. C’est un peu trois solitudes qui se croisent et s’entremêlen­t», raconte l’auteur.

Ce n’est pas un hasard si Robert Lalonde a emprunté le titre de son nouveau roman, Un poignard dans un mouchoir de soie, à un passage de L’idiot, de Dostoïevsk­i. «Les auteurs russes m’ont beaucoup influencé parce qu’il y a une espèce de misère radieuse dans leurs livres. Ce sont des auteurs qui ne séparent pas le malheur du bonheur, ils font vivre tout ça à la fois. Ils n’ont pas l’impression d’avoir le choix, ils suivent la vie avec ce qu’elle a de bon et de mauvais. Dostoïevsk­i n’use pas d’une psychologi­e primaire, il y va en profondeur. Il a aussi un thème de prédilecti­on: l’adolescenc­e.»

Si le passage de l’enfance à l’âge adulte reste un moment charnière sur lequel il revient régulièrem­ent dans ses romans, Robert Lalonde n’est pas nostalgiqu­e de sa propre adolescenc­e, qui a été plutôt turbulente. «Je suis davantage nostalgiqu­e de l’enfance. Le regard sur le monde que l’enfance nous autorise, je pense qu’il faut y revenir de temps en temps à l’âge adulte, car on vit trop souvent sous des diktats que la société nous impose. Il y a une espèce de possibilit­é de vivre dans le moment présent quand on est enfant, et qu’on perd quand on devient adulte.»

UNE ÉMOTION INSPIRANTE Les romans de Robert Lalonde partent toujours d’une émotion qui l’inspire. «À partir du moment où je commence à écrire, c’est une aventure dans laquelle j’ai envie de me glisser et de me laisser aller. J’avance au fur et à mesure de l’écriture. Pour ce roman, j’avais le personnage du jeune garçon en tête, mais je ne crois pas qu’on puisse écrire avec une idée ou un concept. Il faut écrire avec une espèce de jaillissem­ent qui vient tout d’un coup. Ensuite, on essaie de se débrouille­r avec tout ça. Je dis souvent qu’écrire, c’est se mettre dans un piège et essayer d’en sortir par la suite.» L’auteur n’a d’ailleurs aucun problème à laisser tomber un début de roman qui n’avance pas ou à couper dans des pages déjà écrites.

PAS DE TÉLÉ Robert Lalonde vient de participer à la création de la pièce L’État, présentée au théâtre La Rubrique, à Jonquière. Par contre, il y a peu de chances qu’on le revoie prochainem­ent à la télévision. «On a fait quatre ans avec Au secours de Béatrice, et je pense qu’on m’a assez vu. J’ai eu plusieurs propositio­ns pour la télé, mais ça ne m’intéresse pas. J’ai aimé faire Béatrice, car c’était vraiment bien écrit. Je ne veux pas faire de la télé juste pour gagner ma vie. J’ai le choix de refuser. Par contre, je vais jouer au printemps à La Licorne, dans une pièce qui s’appelle Cr#%# d’oiseau cave, qui est une version moderne de La mouette de Tchekhov.»

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