Échos vedettes

Vincent Graton: interpellé par le propos d’un documentai­re

- MARIE-CLAUDE DOYLE

FÉMINISTE ET HUMANISTE DANS L’ÂME, VINCENT GRATON S’EST SENTI INTERPELLÉ PAR LE PROPOS DU DOCUMENTAI­RE QUAND LES POUVOIRS S’EMMÊLENT, D’YVONNE DEFOUR, PORTANT SUR LES POUVOIRS RELIGIEUX ET POLITIQUE ET LES DROITS DES FEMMES. AFIN DE MIEUX COMPRENDRE CES ENJEUX, LE COMÉDIEN S’EST DÉPLACÉ EN TUNISIE, EN FRANCE, AUX ÉTATS-UNIS ET AU QUÉBEC AFIN DE RENCONTRER DES FEMMES ET DES HOMMES QUI N’ONT PAS EU PEUR DE S’ENGAGER AU NOM DE LA LIBERTÉ.

«Je suis issu d’une culture très religieuse. J’ai été élevé dans cet univers où il y avait des cours de catéchèse et où on entendait le cardinal Léger faire des prières à la radio de Radio-Canada. Ma mère a eu des directeurs de conscience, qui étaient des gens à qui elle se confessait et qui lui donnaient des conseils. À l’époque, elle n’a pas pu marier un acteur parce que, être acteur, ce n’était pas bien vu. Quand mes grand-mères sont nées, elles n’avaient pas le droit de vote», raconte Vincent Graton d’entrée de jeu.

MARQUÉ PAR CE QU’IL A VU

Pour les besoins du documentai­re, l’hiver dernier, Vincent s’est déplacé à Tunis, à Paris, à Washington et au Québec. «Ce qui se passe aux États-Unis m’a beaucoup marqué parce que c’est un pays tout près de chez nous. La droite religieuse, entre autres à travers Trump et son vicepremie­r ministre, est très présente. J’ai rencontré une politicien­ne américaine dans le Maryland qui a présenté un projet de loi pour empêcher les violeurs d’avoir leur droit à la paternité; il a fini par passer après 10 tentatives.»

En Tunisie, il a rencontré une jeune blogueuse et le doyen d’une université qui étaient tous deux sous escorte policière. «Quand je faisais mes entrevues à Tunis, je repérais les sorties là où j’étais, au cas où quelque chose se passerait.

Quand une des femmes à qui j’ai parlé dit qu’elle va poursuivre sa prise de parole et que peut-être, un jour, on va l’assassiner, c’est qu’il y en a eu autour d’elle qui ont été tuées pour l’avoir fait. C’est très touchant ce qu’on vit dans ce tempslà... Ce que je souhaite, c’est qu’on puisse parler de laïcité entre nous. Quand les pouvoirs s’emmêlent, c’est quand le pouvoir religieux s’emmêle avec le pouvoir de l’État et, habituelle­ment, quand ça arrive, il y a de bonnes chances que les droits et les acquis des femmes régressent.»

À la lumière de tout ça, a-t-il l’espoir d’un monde meilleur? «J’ai été tellement fasciné par la puissance des femmes tunisienne­s et américaine­s qui sont engagées dans la justice pour les femmes que je vis d’espoir. Toutefois, je pense aussi qu’il faut qu’on ait des alliances. Le fait d’avoir un personnage comme Trump aux États-Unis a amené des femmes à se mobiliser de façon incroyable. Je pense que nous, les hommes, on a aussi à nous solidarise­r lorsque nous sommes témoins de choses ignobles qui sont faites aux femmes.» Le film prend l’affiche le 5 octobre.

Acteur engagé, celui qu’on verra à l’hiver dans la série Une autre histoire écrit une pièce de théâtre inspirée des tweets quotidiens qu’il a envoyés pendant près d’un an à Justin Trudeau sur les paradis fiscaux. «Il va y avoir une campagne électorale fédérale en octobre 2019, et j’aimerais faire coïncider la sortie de la pièce avec ce moment-là.»

FRANCE, SON AMOUR

Au récent gala des Gémeaux, sa compagne, France Beaudoin, a remporté plusieurs trophées, dont ceux de la meilleure animation et de la meilleure série de variétés pour En direct de l’univers. «J’étais content pour elle et pour toute l’équipe. France est une femme d’équipe. J’ai infiniment de respect pour ma blonde. C’est une travailleu­se acharnée qui essaie toujours de s’imaginer comment elle va dépasser ce qu’elle a fait hier. Elle est aussi comme ça dans sa vie personnell­e! (rires)»

Le couple a deux enfants. «Juliette (14 ans), c’est la scientifiq­ue. Théo (11 ans), c’est le plus artistique de mes quatre enfants. Il veut être professeur de danse. Il dessine très bien aussi. Mon autre gars (Emmanuel, 22 ans, né d’une union précédente) est à sa troisième année d’études en droit et il fait son stage chez Dans la rue pour donner des conseils juridiques aux jeunes qui vivent dans la rue. Ma fille aînée (Delphine, 26 ans, née d’une union précédente) fait sa maîtrise en travail social sur les soins en fin de vie. Je suis vraiment fier de mes quatre enfants. Ils me touchent infiniment et ils ont de belles valeurs. Pour moi, la famille est la plus belle des affaires, et le lien entre eux est fantastiqu­e.»

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