MONIQUE MILLER UNE PASSION IMMORTELLE
Elle a lancé sa biographie Le bonheur de jouer
LA PASSION DE MONIQUE MILLER POUR SON TRAVAIL N’A D’ÉGALE QUE LE NOMBRE DE RÔLES QU’ELLE A TENUS EN PLUS DE 70 ANS DE CARRIÈRE. BIEN QUE PEU PORTÉE À LA CONFIDENCE SUR LE PLAN INTIME, L’ARTISTE LÈVE LE VOILE SUR SA VIE DANS SA BIOGRAPHIE, LE BONHEUR DE JOUER. RENCONTRE AVEC UNE GRANDE DAME DU THÉÂTRE QUI A SU GARDER SON COEUR D’ENFANT.
Elle n’avait que 11 ans quand sa carrière a débuté, dans les années 1940. Monique Miller a évidemment connu des moments charnières de l’évolution de notre culture, dont l’apparition de la télévision au Québec ainsi que la fondation d’institutions culturelles, comme le Théâtre du Nouveau Monde, au début des années 1950. L’actrice, qui est une figure marquante du théâtre québécois, n’est toutefois pas du genre à regarder en arrière. Exerçant son métier avec la même passion qu’à ses débuts, Monique Miller peut aujourd’hui se vanter d’a0ans ma carrière, j’ai été très souvent appelée par de jeunes compagnies de théâtre qui en étaient à leurs débuts. Quand Serge Denoncourt a commencé, j’étais là. J’étais aussi présente aux débuts de Claude Meunier et Louis Saia. De plus, j’ai fait partie des premières distributions des pièces Zone et Bilan, de Marcel Dubé, qui ont été montées pour la première fois il y a plus de 50 ans. J’ai fait bien des choses différentes dans ma vie, mais toujours avec le même enthousiasme», déclare celle qui a aussi prêté sa voix au personnage de Bertha, dans la version québécoise du dessin animé Les Pierrafeu.
LES CONFIDENCES D’UNE VIE
Afin de mettre sur papier l’histoire de sa vie, Monique Miller a fait appel à son complice de toujours, l’auteur et historien Pierre Audet, qui est le fils d’Yvonne Audet, la professeure d’art dramatique et de phonétique qui l’a aidée à
apprendre son métier dès l’âge de 11 ans. «Je connais Pierre depuis qu’il a sept ans. C’est lui qui m’a convaincue de faire cette biographie. Je lui ai donné les noms des gens que j’aime et de ceux avec qui j’ai travaillé dans ma vie. Je ne me suis jamais beaucoup confiée avant ça dans les journaux, car je préfère qu’on parle de moi dans un contexte artistique.»
L’actrice s’est néanmoins ouverte à l’auteur de sa biographie sur ses chagrins d’amour ainsi que ses relations avec François Gascon, le père de son fils, Claude Léveillée, Jacques Godin, Alain Zouvi, Marc Messier et d’autres figures du milieu culturel. «Je ne crois pas avoir parlé méchamment de mes amours et de mes amants. Je relate néanmoins quelques chicanes, dont celle qu’il y a eu entre le père de mon fils et Claude Léveillée dans les années 1960», précise-t-elle.
DES SOUVENIRS DE FAMILLE
Issue d’un milieu ouvrier, Monique Miller y parle aussi de sa famille, dont elle était proche. Notamment de sa soeur, la comédienne Louise Rémy, qui est décédée en juillet 2016. Bien que les deux soeurs aient mené au cours de leurs vies des carrières parallèles, Monique Miller se remémore l’époque où elle jouait la soeur de sa cadette dans le téléroman Septième nord, qui était diffusé dans les années 1960, à Radio-Canada. «Ma soeur, Louise, avait sa carrière bien à elle. Elle est décédée subitement en 2016 d’une hémorragie cérébrale. Elle ne s’est aperçue de rien. Je garde de très bons souvenirs d’elle. Il ne reste à présent
«Les acteurs ne prennent pas leur retraite.»
que mon frère, Ronald, et moi. Les trois plus jeunes de la famille nous ont quittés.»
Par ailleurs, l’actrice se déclare épaulée dans les épreuves par son fils unique, Patrice, âgé de 63 ans. «C’est à lui que je dédie cette biographie. Nous avons toujours eu une belle relation mèrefils, Patrice et moi. Nous avons les mêmes goûts, et il nous arrive souvent d’aller au musée, au cinéma ou à des spectacles ensemble. Il prend soin de moi et il m’envoie un gros bouquet de fleurs à chacune de mes premières au théâtre.»
UNE MÉMOIRE D’ÉLÉPHANT
À près de 85 ans, Monique Miller peut se vanter d’avoir une mémoire phénoménale. L’artiste est d’ailleurs une référence encyclopédique pour ses camarades qui se questionnent parfois sur ce qui a déjà été fait par le passé. «On rit de moi gentiment, parce que j’ai la réputation d’avoir une mémoire d’éléphant! Je me souviens très bien des pièces que j’ai jouées et en quelle année elles ont été présentées. Je me souviens aussi de presque tous les artistes avec lesquels j’ai travaillé au fil des ans.»
La dame de théâtre exerce d’ailleurs régulièrement sa mémoire et n’a pas manqué d’impressionner le public du TNM, en mai, lorsqu’elle a repris, en compagnie de Gilles Renaud, la pièce Les chaises, d’Eugène Ionesco. «Il s’agit d’une pièce compliquée composée de 142 répliques. C’était un beau défi à relever. Gilles et moi, nous avons d’ailleurs remporté récemment le prix Gascon-Roux pour notre travail. En ce qui me concerne, j’ai toujours autant de plaisir à apprendre mes textes, et j’espère bien avoir encore plusieurs autres beaux défis à relever.»
LA RETRAITE? NON MERCI!
En dehors de son travail sur les planches et devant les caméras, Monique Miller garde la forme. «J’ai de l’énergie et j’ai la chance d’être encore en bonne santé. Je marche au moins 45 minutes par jour. Je suis longtemps allée au gym, mais, en ce moment, je privilégie la marche. Quand je ne marche pas dehors, je marche dans la maison, de mon balcon avant à mon balcon arrière.»
«J’ai toujours autant de plaisir à apprendre mes textes.»
L’actrice, qui a de l’énergie à revendre, ne songe pas à dire un jour adieu à son métier. «Les acteurs ne prennent pas leur retraite. Ils se retirent lorsqu’ils n’ont plus de mémoire ou quand ils sont fatigués. Pour ma part, je continue de regarder en avant et je n’ai aucun regret face au passé», conclut-elle.