Échos vedettes

Geneviève Boivin-Roussy: que se passe-t-il après un choc?

- — Geneviève Boivin-Roussy

IL Y A UN PEU PLUS D’UN AN, LE CENTRE DU THÉÂTRE D’AUJOURD’HUI PRÉSENTAIT EN GRANDE PREMIÈRE LA PIÈCE LA NUIT DU 4 AU 5, UN TEXTE DE LA COMÉDIENNE RACHEL GRATON. LE SPECTACLE A CONNU UN TEL SUCCÈS QUE, RAPIDEMENT, DES SUPPLÉMENT­AIRES ONT ÉTÉ AJOUTÉES. LA PIÈCE EST DE RETOUR CETTE ANNÉE, AU MÊME ENDROIT ET AVEC LA MÊME DISTRIBUTI­ON. ENTREVUE AVEC GENEVIÈVE BOIVIN-ROUSSY.

«C’est un texte assez ardu», fait savoir Geneviève Boivin-Roussy en début d’entrevue. La pièce, imaginée par Rachel Graton, raconte l’histoire d’une jeune femme qui, en plein milieu de la nuit, revient chez elle après être allée prendre un verre avec un ami. Sur son chemin, elle se fait agripper, amener dans une ruelle, puis agresser. «Ça, c’est la prémisse du spectacle. On raconte cette histoire sous forme de rumeurs. Est-ce vraiment telle chose qui s’est passée? Comment ça s’est passé? Il y a toutes sortes de gens qui apparaisse­nt. Ce sont des voisins, des parents ou encore des témoins. La jeune femme essaie de se souvenir de ce qui est réellement arrivé, raconte la comédienne. En fait, la pièce porte sur l’après. Que se passe-t-il après un choc? Bref, c’est sur tout ce qu’une victime a à subir comme interventi­ons à la suite d’un événement traumatisa­nt comme ça.» On parle ici d’examens physiques, de questionna­ires ou encore d’exercices pour la mémoire.

RÉSILIENCE

«Rachel a tellement imaginé un beau texte sur la résilience!» Elle pose ensuite ces questions: «Faut-il se rappeler tous les détails pour pouvoir se remettre d’un événement négatif? Est-on obligé de se souvenir de tout ça?» La question se pose. «Une question qui est essentiell­e et fondamenta­le. Je dirais aussi que cette perte de mémoire va même parfois changer la perception de la justice.» Geneviève BoivinRous­sy précise ensuite que, dans ce spectacle, le personnage qui a subi l’agression ne se positionne jamais en victime. «Là est la force du texte de Rachel. C’est ça qui fait en sorte que c’est un texte si fort», raconte la comédienne qui interprète le rôle de la jeune femme. «Je suis la victime au début, juste pour faciliter la compréhens­ion du spectateur.»

DIFFICILE À JOUER

Quelle a été la préparatio­n pour jouer dans cette pièce? «C’est un des textes les plus difficiles que j’ai eu à jouer parce que, durant les 20 premières minutes du spectacle, on se lance des répliques qui n’ont pas nécessaire­ment de suite logique. Il n’y a pas de ponctuatio­n dans le texte. Parfois, il y a des majuscules. Tous, acteurs comme metteur en scène, on a vraiment fait un énorme travail de recherche et de questionne­ment. On essayait de trouver ce qui s’était passé, mais, en fait, on l’ignore. Ça demeure assez flou. C’est aussi un jeu qui est très difficile. On est en immobilité pendant la première partie. Tout ça est très vertigineu­x, mais très formateur», raconte Geneviève Boivin-Roussy, qui connaissai­t surtout le travail d’actrice de l’auteure. «Je l’ai ensuite connue un peu plus intimement. C’est une femme formidable et très forte. J’ai eu un immense coup de coeur pour cette fille et je trouve qu’elle est extrêmemen­t talentueus­e. C’est un modèle de femme qui m’inspire beaucoup.»

Louise Cardinal, Johanne Haberlin, Simon Landry-Désy et Alexis Lefebvre complètent la distributi­on, dans une mise en scène de Claude Poissant. L’oeuvre est présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 21 décembre.

La pièce de théâtre La nuit du 4 au 5 n’a pas connu que du succès aux guichets, elle a permis à son auteure, Rachel Graton, de remporter le prestigieu­x Prix Gratien-Gélinas, la plus importante récompense canadienne décernée aux auteurs dramatique­s de la relève. De plus, le spectacle fait actuelleme­nt l’objet d’une adaptation pour le cinéma. Sophie Lorain et Alexis Durand-Brault sont aux commandes de cette autre vie à venir pour La nuit du 4 au 5.

FRANCIS BOLDUC

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