Échos vedettes

Marc-André Grondin: avec tambours et trompettes

- JEAN-FRANÇOIS BRASSARD

LE 8 MARS 2017, L’ANIMATEUR DE RADIO DENIS GRONDIN DÉCÉDAIT SUBITEMENT À L’ÂGE DE 66 ANS. SON FILS MARC-ANDRÉ A VOULU TRANSCENDE­R CE DEUIL POUR CÉLÉBRER LA JEUNESSE ET SA CRÉATIVITÉ. RÉSULTAT: PAR LE BIAIS DE LA FONDATION EVENKO, UN DON D’INSTRUMENT­S DE MUSIQUE DE 25 000 $ QUI REJAILLIT SUR L’ORCHESTRE DE L’ÉCOLE DANIEL-JOHNSON.

Le 28 novembre dernier, Marc-André Grondin se rendait à l’école secondaire Daniel-Johnson, à Pointe-aux-Trembles, pour assister à la remise officielle de 28 rutilants instrument­s neufs, dont bon nombre de cuivres. Son amie et porteparol­e de la fondation, Anne-Marie Withenshaw, animait la cérémonie. Au lendemain de l’événement, il nous confiait: «Cette journée était un hommage à mon père et mettait en valeur le talent et la créativité des jeunes. J’étais ému avant même de me rendre à l’école... C’était beaucoup plus lumineux que ce que je pensais que ce serait. Si mon père avait été là, il aurait été très fier de ce qu’on a fait. D’un événement tragique, on a fait quelque chose de positif.»

Denis Grondin était un homme hautement respecté, aimé de tous. Aussi, son décès a bouleversé tous ceux qui le connaissai­ent. Marc-André se souvient: «Il n’avait pas fait de préarrange­ments et on n’avait jamais discuté de ces choseslà de son vivant. Rapidement, les gens m’ont demandé s’ils pouvaient envoyer des dons, etc. Il y avait beaucoup de gens de l’extérieur qui ne pouvaient venir, mais qui voulaient contribuer d’une manière ou d’une autre.»

Quelques jours plus tard, le comédien a eu une pensée pour la Fondation evenko. «J’en ai parlé à ma mère et à mon frère, qui trouvaient que ça représenta­it bien mon père et ce en quoi il croyait. En une semaine, on mettait les choses en branle et, aujourd’hui, on a la chance de voir le résultat de tout ça de façon très concrète.»

L’école Daniel-Johnson s’est classée bonne première d’après les critères de sélection établis par la fondation. «C’est dans ce quartier de Pointeaux-Trembles que j’ai grandi, mais ça n’était pas arrangé avec le gars des vues, assure-t-il en rigolant. C’est un heureux hasard et c’est parfait. Hier, mon ancienne prof de sixième année est venue à l’école me saluer. C’était une journée très émouvante. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des jeunes qui suivent des cours de théâtre et d’improvisat­ion. C’était intéressan­t d’échanger avec eux. Pendant une heure, ils m’ont posé des questions super pertinente­s.»

SON IDOLE ET SON PÈRE

Marc-André se reconnaît dans ces jeunes. Depuis sa naissance, génétique oblige, la musique coule dans ses veines. Batteur à ses heures depuis qu’il est haut comme ça, il a hérité du talent de ses parents. C’est que, voyez-vous,

père et mère ont joué des percussion­s toute leur vie. Le mois dernier, on a d’ailleurs vu sa maman s’exécuter en tandem avec le batteur Paul Brochu, prodigieux batteur d’UZEB, parmi mille et un autres faits d’armes, lors de l’émission En

direct de l’univers qui était consacrée à MarcAndré. Cette heure, le principal intéressé l’a vécue avec intensité et émotion. «Je suis tellement fan de Paul que j’ai demandé à mon attachée de presse de voir s’ils étaient intéressés à m’inviter à l’émission pour avoir la chance de le voir de près.» C’est le fan qui parle.

Mais ce geste était encore beaucoup plus porteur. Le fils de Denis poursuit: «J’ai connu UZEB par mon père. En 2017, j’étais censé aller voir le groupe en ouverture du Festival internatio­nal de jazz de Montréal avec lui, mais il est décédé entretemps. J’ai préféré y aller seul. J’avais le goût de vivre ça comme ça. C’était très émouvant. Aussi, quand j’ai vu Paul en arrivant sur le plateau de l’émission, ça m’a ému parce que ça me rappelait mon père. Il a même joué avec ma mère aux bongos et a accompagné plein de gens importants pour moi.»

DES CLÉS POUR LA VIE

En direct de l’univers lui a permis de revivre des pans importants de sa vie et de constater, une fois de plus, les bienfaits de la musique. «J’ai été en contact avec elle très tôt, et elle m’a accompagné toute ma vie. Le gouverneme­nt devrait investir davantage dans l’éducation parce que c’est la plus grande richesse du monde. Ça devrait être accessible à tous. Apprendre un instrument à un enfant ou à un ado est une richesse exceptionn­elle. C’est lui remettre tellement de clés pour vivre sa vie! Tu lui apprends la rigueur, mais aussi la sensibilit­é. Tu développes l’écoute de l’autre. Dans une harmonie ou un groupe, en fermant les yeux, tu sais si le saxophonis­te vient de casser avec sa blonde. Tout le monde raconte une histoire, mais avec une voix différente. Écouter son voisin, c’est apprendre l’empathie. On apprend plein de valeurs importante­s à travers la musique. Il ne faut pas sousestime­r l’importance que l’art peut avoir dans la vie de quelqu’un.»

Marc-André est formel: «Même si tu travailles en finance plus tard, il y a plein de choses et de valeurs que tu as apprises en faisant de la musique qui te serviront.»

«Si mon père avait été là, il aurait été très fier de ce qu’on a fait. D’un événement tragique, on a fait quelque chose de positif.»

 ??  ?? Marc-André et Anne-Marie Withenshaw, porte-parole de la Fondation evenko, entourent trois jeunes pas peu fières d’étrenner leurs nouveaux instrument­s. Galvanisé par cette expérience, il nous dira: «Je compte poursuivre mon implicatio­n au sein de la Fondation evenko. Les gens qui y travaillen­t sont motivés et ont un grand coeur.»
Marc-André et Anne-Marie Withenshaw, porte-parole de la Fondation evenko, entourent trois jeunes pas peu fières d’étrenner leurs nouveaux instrument­s. Galvanisé par cette expérience, il nous dira: «Je compte poursuivre mon implicatio­n au sein de la Fondation evenko. Les gens qui y travaillen­t sont motivés et ont un grand coeur.»
 ??  ?? Denis Grondin est la source d’inspiratio­n de ce magnifique projet.
Denis Grondin est la source d’inspiratio­n de ce magnifique projet.
 ??  ?? Une partie des 28 instrument­s flambant neufs dont les élèves peuvent désormais jouer. Marc-André: «Au début, ils ne semblaient pas réaliser que les instrument­s étaient pour eux. Ensuite, ils se sont mis à capoter! Quand on a comparé les vieux instrument­s avec les nouveaux, on a vu à quel point c’était plus que nécessaire.»
Une partie des 28 instrument­s flambant neufs dont les élèves peuvent désormais jouer. Marc-André: «Au début, ils ne semblaient pas réaliser que les instrument­s étaient pour eux. Ensuite, ils se sont mis à capoter! Quand on a comparé les vieux instrument­s avec les nouveaux, on a vu à quel point c’était plus que nécessaire.»
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Durant l’après-midi, le comédien a répondu durant une heure aux questions des étudiants intéressés par le théâtre et l’improvisat­ion.
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«Certains instrument­s avaient l’âge de l’école, soit 45 ans, fait remarquer Marc-André. Ils vont être utilisés pendant des années par plusieurs génération­s. Je trouve ça très émouvant.»

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