Échos vedettes

Béatrice Picard: témoin d’une époque

- FRANCIS BOLDUC

DANS LA FOULÉE DES NOMBREUSES BIOGRAPHIE­S DE PERSONNALI­TÉS QUÉBÉCOISE­S PUBLIÉES DANS LES DERNIERS MOIS, ON RETROUVE CELLE D’UNE COMÉDIENNE QUI COMPTE SEPT DÉCENNIES D’EXPÉRIENCE ET QUI A DÉFENDU UNE MULTITUDE DE RÔLES DONT CERTAINS DEMEURERON­T LONGTEMPS ANCRÉS DANS NOS MÉMOIRES. RENCONTRE AVEC BÉATRICE PICARD.

«C’est ma première biographie et probableme­nt ma dernière aussi!» lance Béatrice Picard tout de go, alors que nous la rencontron­s chez elle pour parler de cet ouvrage qui lui est consacré. La comédienne enchaîne aussitôt avec un sourire en coin et l’air espiègle: «J’ai cependant encore bien des choses à faire et à dire.» Si c’est la première fois qu’un ouvrage lui est consacré, ce n’est cependant pas la première offre de biographie qu’elle a reçue. «J’ai accepté celle-ci, car pour les précédente­s, je me trouvais trop jeune. De plus, je ne voyais pas l’utilité d’une biographie, jusqu’au jour où je me suis mise à en lire moi-même.»

Sylvain-Claude Filion, l’auteur de Béatrice Picard: Avec l’âge, on peut tout dire paru aux Éditions La Presse, a lui aussi essuyé quelques refus avant que Mme Picard n’accepte de se prêter au jeu. «Maintenant que je suis rendue à un âge certain, mon biographe m’a fait changer d’idée. Il m’a dit: “On pourrait ajouter quelque chose de spécial. Tu es la seule à pouvoir témoigner d’une certaine époque. Qu’est-ce qu’il y avait à ce moment-là? Comment telle ou telle chose se passait?” Présenté de cette façon, cela m’a convaincue... Je me suis dit que les lecteurs pourraient ensuite aller sur l’internet et faire leur recherche sur un des sujets qui auraient attisé leur curiosité. Aussi, comme tout être humain, je suis passée à travers des choses heureuses et des choses moins heureuses. Pourtant, à la base, je suis une femme heureuse. Je veux laisser le message que lorsqu’on se prend en main, qu’on a des rêves, même si on ne les réalise pas tout le temps, mais qu’on fait des efforts pour les réaliser, on peut avoir une vie heureuse. Moi, je suis une femme heureuse.»

Tout en lui parlant du titre, qu’elle a trouvé ellemême, Béatrice Picard affirme que maintenant, oui, elle dit tout ce que ça lui tente de dire. Elle

s’empresse cependant d’apporter une nuance: «Je dis ce que je pense, oui, mais je sais que ce que je pense n’a pas force de loi. Comme tout le monde, je peux me tromper, mais au moins, quand je me trompe, je le fais de manière honnête. Dans un premier temps, j’essaie de comprendre ce dont on parle. Dans un deuxième temps, j’analyse la chose et peut-être, ensuite, qu’il m’arrivera de ne pas être d’accord.»

La comédienne explique avoir des idées bien arrêtées sur plein de sujets. Cela dénote peutêtre qu’elle est d’une autre époque, croit-elle, mais peut-être pas non plus. Nombre de gens ont des idées bien arrêtées de nos jours. «J’ai traversé différente­s époques. Il y a toujours moyen de composer avec la vie, même si elle n’est pas toujours rose. J’ai vécu des déboires profonds, et je m’en suis toujours sortie. J’ai réussi à prendre de la graine de tout ça, d’en sortir un enseigneme­nt, et je me suis dit que finalement ce n’était pas catastroph­ique. Parfois, j’ai des idées bien arrêtées, et c’est difficile de me faire changer d’avis.» Quant à l’idée de rédiger elle-même cette biographie, Béatrice Picard n’y a même pas songé. «Je ne suis pas une fille qui écrit, mais une fille qui dit.»

AVOIR DU PLAISIR

Au fil des rencontres avec l’auteur de sa biographie, Béatrice Picard s’est confiée sur plusieurs sujets, parfois même en insistant sur l’aspect secret de certains de ses propos. «Mon biographe devait connaître certains événements pour comprendre pourquoi j’étais arrivée à telle ou telle chose. Il s’est montré très discret et, surtout, il a eu l’art de corriger mes envolées un peu trop intempesti­ves. (rires)»

Qu’est-ce qui a été le plus facile à évoquer? «De parler des gens que j’aime.» À l’inverse, la comédienne confie qu’elle a évoqué des choses en lien avec sa famille, qui ont été difficiles à

avouer. «Je ne sais même pas si les enfants étaient au courant de ces histoires, mais je les ai racontées quand même. Par exemple, après la séparation d’avec le père de mes enfants, il y a eu un très long moment où j’étais seule et où je me suis jetée dans le travail. C’était ma vie, mais à un moment donné, comme femme, je me suis dit que peut-être je ne plaisais plus à la gent masculine. Et j’ai fait le test... et j’ai plu!» conclutell­e avec un grand éclat de rire.

On termine l’entrevue en demandant à Mme Picard ce que les lecteurs vont apprendre dans sa biographie. Encore là, la réponse ne se fait pas attendre: «On va apprendre qu’il faut avoir du plaisir à faire ce que l’on fait dans la vie, même dans les choses les plus petites. Le plaisir, il ne vient pas tout seul. Il faut avoir une dispositio­n d’esprit. J’aimerais ça que les gens voient le côté du verre à moitié plein et non pas celui du verre à moitié vide.»

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 ??  ?? Retouches coiffure et maquillage avant de monter sur scène. Béatrice Picard avec trois de ses quatre enfants. En juin 1981, à l’émission V.I.P. animée par le cofondateu­r d’Échos Vedettes, André Robert, décédé en janvier 2001.
Retouches coiffure et maquillage avant de monter sur scène. Béatrice Picard avec trois de ses quatre enfants. En juin 1981, à l’émission V.I.P. animée par le cofondateu­r d’Échos Vedettes, André Robert, décédé en janvier 2001.
 ??  ?? La comédienne avec André Brassard, metteur en scène, et Yvette Brind’Amour, cofondatri­ce (avec Mercedes Palomino) du Théâtre du Rideau Vert. En 1958, Béatrice Picard remporte le titre convoité de Miss Radio-Télévision. On voit ici Henri Bergeron s’incliner devant la reine des ondes. Elle a joué à plusieurs reprises avec le regretté Jean-Louis Millette (décédé en 1999), entre autres dans Symphorien, téléroman dans lequel elle interpréta­it la cassante et autoritair­e Mme Bellemare, la mère du personnage de M. Millette, Oscar Bellemare, entreprene­ur de pompes funèbres.
La comédienne avec André Brassard, metteur en scène, et Yvette Brind’Amour, cofondatri­ce (avec Mercedes Palomino) du Théâtre du Rideau Vert. En 1958, Béatrice Picard remporte le titre convoité de Miss Radio-Télévision. On voit ici Henri Bergeron s’incliner devant la reine des ondes. Elle a joué à plusieurs reprises avec le regretté Jean-Louis Millette (décédé en 1999), entre autres dans Symphorien, téléroman dans lequel elle interpréta­it la cassante et autoritair­e Mme Bellemare, la mère du personnage de M. Millette, Oscar Bellemare, entreprene­ur de pompes funèbres.

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