Échos vedettes

Une étoile est née!

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Et 2019 qui commence sans elle. Pourtant, rien ne nous indiquait qu’elle partirait comme ça, sans prévenir... Sacré novembre! Il porte bien sa réputation; le mois des morts est venu chercher Mariette, ma belle-mère préférée, comme j’aimais l’appeler. Quand ça arrive, tout le monde est d’abord surpris; puis, c’est le constat et enfin la résilience. Et comme on dit souvent dans ces moments-là, elle est morte heureuse! C’est un peu dans le but de nous réconforte­r nous-mêmes bien sûr, car pour la personne décédée, tout ça n’a plus aucune importance. Où est-elle, que faitelle à présent? Je pense qu’on se pose trop de questions. La preuve qu’on a de la difficulté à se détacher d’elle, on aime croire qu’elle est bien. Personne ne souhaite de mal à une personne qui n’a fait que du bien toute sa vie. Le pire, c’est le vide créé par son absence... Ces petites habitudes qu’on avait, du temps où elle était avec nous, vivante et joyeuse.

Comme dans un scénario déjà écrit, c’est Jacinthe, sa fille, qui l’a trouvée chez elle, après deux jours sans réponse à ses appels téléphoniq­ues quotidiens. À son arrivée au condo de sa mère, Jacinthe l’a trouvée étendue sur son lit, son chat blotti à ses côtés. Le choc, la surprise, la panique, le désarroi et la peur, tout ça en cinq petites minutes. Après, c’est la vie, la nôtre, qui reprend le dessus; alors il faut se réorganise­r sans elle. C’est là qu’on se rend compte de toute la place qu’elle prenait dans nos vies. Mais au décès de quelqu’un, il y a toujours une réponse, une raison d’être, un baume. On se dit plein de choses positives pour se rassurer. On imagine la mort comme une délivrance, un voyage, un retour aux sources. Sans vraiment en être certain, on s’imagine que le défunt sera toujours là, avec nous, dans nos pensées, nos coeurs, nos vies.

Perdre un être cher est certaineme­nt une épreuve très bouleversa­nte. Ça prend des années pour s’y habituer et, parfois, on ne s’y habitue jamais. Ce n’est pas un handicap, c’est une demande du coeur qui refuse de nous laisser seuls. J’aime à penser que Mariette est au ciel, comme me l’a enseigné ma religion catholique. J’aime croire que ce sont les anges qui l’ont emmenée dans les étoiles et qu’elle est devenue l’une d’elles. Comme ça, chaque fois que je lèverai les yeux au ciel, je pourrai l’apercevoir parmi les autres. Ils sont nombreux, ceux qui illuminent les cieux depuis que je m’invente une vie après la mort. Mes parents et quelques-uns de mes amis y sont déjà. Vous me trouvez sans doute audacieux de commencer l’année 2019 avec une première chronique sur la mort... Mais, pourquoi pas? Après tout, ne vient-on pas d’enterrer une autre année et ne sommes-nous pas en pleine métamorpho­se, comme la chenille qui devient papillon? Ne souhaitons-nous pas ne nous souvenir que des bons moments de 2018 et d’envisager l’année 2019 comme un nouveau départ?

Le dernier mot prononcé par Jacinthe à sa mère est curieuseme­nt le même que son premier, soit «maman», comme quoi la vie et la mort ne sont qu’une seule et même réalité. Quand on veut marquer un moment qui passe, on pose une étoile dans l’immensité, comme on marque d’une pierre son propre chemin. C’est pourquoi, aujourd’hui, je peux affirmer «qu’une étoile est née» et qu’elle s’appelle Mariette Blier. Bonne année 2019!

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