Échos vedettes

Arlette Cousture: plus d’un million de livres vendus

- HÉLÈNE FLEURY

ARLETTE COUSTURE NOUS A DONNÉ LES FILLES DE

CALEB EN 1985. LES DEUX TOMES ONT ÉTÉ ADAPTÉS À LA TÉLÉVISION ET NOUS ONT PERMIS DE DÉCOUVRIR UNE MARINA ORSINI TOUCHANTE EN ÉMILIE BORDELEAU, ET UNE PASCALE BUSSIÈRES ÉMOUVANTE EN BLANCHE PRONOVOST. LA MAISON D’ÉDITION LIBRE EXPRESSION SOULIGNE QUE L’AUTEURE A VENDU PLUSIEURS MILLIONS D’EXEMPLAIRE­S DANS LA FRANCOPHON­IE. DÉCOUVRONS SON PLUS RÉCENT ROMAN, EN PLEIN CHOEUR.

Arlette Cousture, que ses amis surnomment Miss Catastroph­e, car il y a toujours quelque chose de bizarre qui se produit lorsqu’elle est présente à un endroit, a commencé à écrire en 1982. Maintenant âgée de 70 ans, elle nous présente En plein choeur, un roman choral, c’est-à-dire une oeuvre romanesque qui aborde un même thème selon différents points de vue. Cela permet à l’auteure de varier les niveaux de langage en plongeant dans l’univers de divers personnage­s et de sortir des sentiers battus au gré des chapitres.

FIÈREMENT ATHÉE

Arlette Cousture a décidé de prendre la religion comme thème central et de dresser un état des lieux de la Belle Province. «Je voulais replonger dans le Québec du XXe siècle. J’ai cherché un dénominate­ur commun à tout ce siècle. Il faut être aveugle pour ne pas se rendre compte que ce qui a été dominant à l’époque, c’est la religion, de son emprise jusqu’à son abandon.»

En 11 historiett­es présentant chacune un personnage, on passe de 1896 à 1996. «Mes personnage­s ne sont pas des rongeurs de balustre», dit-elle pour signifier que ceux-ci ne sont pas des catholique­s très fervents. On revit en même temps qu’eux plusieurs moments charnières de l’histoire du Québec. Les protagonis­tes se retrouvent tous à l’église pour s’adresser directemen­t à Dieu et lui raconter ce qui les touche, ce qui les amène à se questionne­r ou ce qui les met carrément en beau fusil. Il n’y a que dans le dernier chapitre qu’il n’y a pas d’église. Mérélise — que l’on a appris à connaître en 1896 — fête ses 100 ans dans une église dorénavant transformé­e en restaurant, faute de fidèles.» Soulignant qu’elle aime bien le prénom de son personnage, l’auteure raconte qu’elle trouve souvent des prénoms dans les chroniques nécrologiq­ues. «Après l’avoir vu, j’ai songé que le prénom Mérélise convenait très bien pour une vieille dame.»

La romancière affirme fièrement qu’elle est athée. Elle a même participé à un ouvrage collectif à ce sujet: Heureux sans Dieu. «Je suis une athée finie, mais je ne porte pas de jugement. Je suis capable de comprendre et d’accepter que de très nombreuses personnes se tournent vers la religion et aient la foi. Ce n’est pas parce qu’on n’adhère pas à Dieu qu’on ne peut pas en parler.» Par contre, elle enchaîne: «Si leur Dieu existe, de mon point de vue, il faudrait qu’il finisse la job, que le monde soit meilleur. Dans la dernière histoire, où Mérélise parle avec le serveur du restaurant, je voulais montrer que les francophon­es ont été ostracisés au Québec. On a rarement parlé de ça. C’était extrêmemen­t douloureux pour les Québécois d’être mis de côté par les Anglais.»

Une des histoires d’En plein choeur, inspirée de faits réels, se déroule en 1944. Un jeune soldat canadienfr­ançais retrouve le livre des accords secrets signés au Château Frontenac entre Roosevelt et Churchill.

Qu’en fera-t-il? Que lui arrivera-t-il? «Dominique Michel a connu cet ancien sergent, et moi j’ai connu sa veuve», précise l’auteure.

2 COMME ELLE SUR 1000

Concernant les millions de livres qu’elle a vendus, elle explique: «Je n’arrive pas à visualiser ce que c’est. Un jour, j’ai vu une photo illustrant 100 000 personnes qui manifestai­ent à Washington. J’ai imaginé chacune d’elles tenant un de mes livres... C’était déjà incroyable! Alors des millions, je ne sais pas ce que ça représente!»

Avant de terminer l’entretien, on lui demande des nouvelles de sa santé puisque, comme plusieurs le savent, Arlette Cousture est atteinte de sclérose en plaques. «Dans la famille de mon père, ou on meurt avant 80 ans, ou on n’arrête pas de vivre! (rires) Mon neurologue m’a dit que, sur 1000 patients atteints de sclérose en plaques, il n’y en a que deux comme moi.»

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