Ça ne se demande pas: des gens différents répondent à toutes les questions
QUI NE S’EST JAMAIS POSÉ DES QUESTIONS À PROPOS DES PERSONNES HANDICAPÉES? COMMENT FONT-ELLES DANS TELLE OU TELLE SITUATION? SONT-ELLES APTES À FAIRE CECI OU CELA? CES QUESTIONS ET D'AUTRES BEAUCOUP PLUS AUDACIEUSES ONT ÉTÉ SOUMISES À DES PERSONNES AYANT UN HANDICAP, ET CELLES-CI ONT DONNÉ DES RÉPONSES. UN CONCEPT VENU D’AILLEURS, ADAPTÉ ICI ET DIFFUSÉ SUR AMI-TÉLÉ.
C’est en Australie qu’a été créée l’émission Ça ne se demande pas (You Can’t Ask That), qui en est là-bas à sa quatrième saison. La France, l’Espagne, l’Italie, Israël, le Danemark, la Hollande et le Québec ont fait l’acquisition du concept, qui est à la fois simple et audacieux. On réunit devant une caméra des personnes ayant un handicap et on leur soumet des questions anonymes venant du public, questions qui sont parfois très étonnantes. «Les questions en ellesmêmes sont des genres de préjugés. Les personnes qui participent à l’émission nous disent ce qu’elles pensent de ces questions. Le but de l’émission est de démonter les préjugés pour qu’on arrête de voir les personnes handicapées comme vivant un peu à l’extérieur de la société, comme ayant une vie différente de la nôtre», résume Sylvie-Anne Martel, productrice déléguée pour Ça ne se demande pas.
La série, qui est composée de huit épisodes, propose les thèmes suivants: les personnes de petite taille, les personnes paralysées, les personnes amputées, les personnes vivant avec un handicap visuel, les personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme, les personnes ayant un handicap auditif, les personnes en fauteuil roulant et celles qui sont trisomiques. Quant aux questions, elles vont de «Aimeriez-vous être plus grand?» à «Est-ce que vous faite pitié?» en passant par «Pouvez-vous avoir une vie sexuelle?», «Peut-on sacrer en langue des signes?», «Pouvez-vous vous laver seul?» ou
«Pourquoi êtes-vous tout le temps heureux?»
DES APPRÉHENSIONS VITE DISSIPÉES
À propos de l’adaptation pour le Québec d’une émission venue d’Australie, la réalisatrice, Estelle Bouchard, explique qu’en dehors d’un petit défi technique lié à la vidéodescription, la vraie difficulté se situait dans la mise en confiance des participants.
«Et ça s’est fait facilement; au-delà de ce qu’on pensait.»
Sylvie-Anne Martel confie, pour sa part, qu’elle s’est posé certaines questions sur... certaines questions. «Je me demandais si on allait arriver au même résultat. Par exemple, la question sur le lancer du nain, est-ce qu’on la pose? Est-ce que ça se demande ici? On est dans une période de rectitude politique, et nous, on arrive avec des questions comme: «Pouvezvous faire l’amour avec une personne de taille standard?» On avait de petites appréhensions, mais dès le premier enregistrement, on était certains que ça fonctionner.» allait
ÉDUQUER ET ÉLIMINER LES BARRIÈRES
Quant à la réaction du public face à cette émission, Sylvie-Anne Martel fait savoir: «On en a parlé au producteur en Australie, qui est aussi l’idéateur, et la réaction du public là-bas est la même qu’ici. Cette émission traverse les frontières. Elle éduque et élimine les barrières entre les différences.» Elle fait ensuite savoir qu’elle a remarqué, du moins avec les gens de la production, qu’à la fin de chaque épisode, on ne voyait plus les personnes avec leur handicap. «Ça change notre perception», conclut Estelle Bouchard.
Une émission à voir les lundis à 20 h, à AMItélé, dont la dernière sera diffusée le 11 mars. À noter que la version anglophone de Ça ne se demande pas est aussi produite par Pixcom et sera diffusée sur les ondes de CBC et d’AMI-télé dans quelques semaines, partout au Canada.