Échos vedettes

À LA VIE, À LA MORT

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Votre énergie semble inépuisabl­e. Prenez-vous soin de vous?

Pas trop. En Guadeloupe, depuis Noël, j’ai bu ben du rhum et du rosé. Début mars, une semaine avant la tournée en Europe, je vais mettre tout ce qui est le fun de côté. Je vais me remettre en forme en faisant de la natation tout en prenant une petite bière de temps en temps. Sinon, c’est impossible. En tournée, il faut y aller mollo avec l’alcool. Les gars de mon band boivent après un show, une affaire épouvantab­le! L’autobus de tournée a un bar rempli jusqu’au plafond. Ça boit, là-dedans! Il y a de méchants party animals dans cette gang-là!

Il y a quelques années, vous aviez dit avoir complèteme­nt arrêté de boire. Ç’a duré combien de temps?

Peut-être un an. Mais je trouvais les autres plates quand je ne buvais pas. Je ne me trouvais pas drôle non plus, mais les autres étaient encore plus plates. (rires) Ça fait que j’ai recommencé à boire, mais je me contrôle mieux qu’avant.

Quand vous regardez les jeunes tout autour, vous reconnaiss­ez-vous à leur âge?

Ben oui! Et quand je leur demande s’ils sont aussi bons sur scène le lendemain d’une brosse, les gars me répondent non. Faire un party, c’est une chose. Faire un bon show, c’en est une autre. Il faut choisir entre les deux. L’alcool est un dépresseur. Quand tu arrêtes, tu as un regain d’énergie.

À près de 75 ans, craignez-vous une baisse d’énergie?

C’est sûr. Ça peut arriver du jour au lendemain. Je n’ai pas grand-chose en commun avec Ginette Reno, mais, quand elle dit qu’on fait le plus beau métier du monde, c’est vrai. C’est pour ça que je ne veux pas arrêter. Quand on est un artiste, les gens nous paient et, en plus, ils nous donnent de l’amour, de l’estime, de l’admiration et du respect. Pourquoi est-ce que je voudrais arrêter ça? J’ai la chance d’aimer ce que je fais. Ce n’est pas donné à tout le monde. En plus, j’ai la santé, l’amour et l’argent. Qu’est-ce que je pourrais avoir de plus? Si j’arrêtais, je vieillirai­s de 10 ans, comme tous ceux qui quittent une passion.

Avez-vous peur de la mort?

(Longue pause) J’ai peur de m’ennuyer de moi. (rires) L’usure de la machine me fait peur. La maladie, qu’elle soit psychique ou physique, me fait peur. Je regarde ce qui arrive à Renée Claude… Eh! Câlisse… C’est ce qui me fait le plus peur. La médecine peut soigner le cancer et le sida, mais il n’y a rien qui se passe avec la maladie d’Alzheimer. En l’espace de trois ans, un génie peut passer de savant à légume. Je pense que les personnes qui en sont atteintes ne s’en rendent même pas compte. C’est comme mourir deux fois. Tu meurs pour toi, puis pour les gens qui t’aiment et que tu ne reconnais plus. J’ai des amis qui vivent ça. J’en ai vu jusqu’à la mort, et leur état dégénère vite. Ça me fait très peur.

Que pensez-vous de l’aide médicale à mourir? Je suis tout à fait d’accord. Il y a 41 ans, je l’ai fait pour ma mère. Elle n’avait que 56 ans, mais avait un cancer en phase terminale. On a fait un conseil de famille et j’en ai parlé au médecin. Je lui avais dit qu’elle souffrait et qu’elle voulait s’en aller en laissant un beau souvenir. Il m’a dit qu’il pourrait arranger ça. Mais il fallait garder ça entre nous, évidemment. Ma mère me suppliait, en larmes… J’en ai pris la responsabi­lité. J’en ai fait une chanson, Le droit de s’en aller. Si tu penses que Safia Nolin fait des chansons déprimante­s… (rires)

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