Renée Claude: déferlante d’amour pour ses 80 ans

UNE IMMENSE VAGUE D’AMOUR. EN PENSÉES ET EN PAROLES. PAR LE BIAIS DE GESTES CONCRETS, AUSSI. EN FÉVRIER DERNIER, ÉCHOS VEDETTES RÉVÉLAIT QUE RENÉE CLAUDE ÉTAIT ATTEINTE DE LA MALADIE D’ALZHEIMER À UN STADE AVANCÉ. DEPUIS, ELLE A INSPIRÉ DE BIEN BELLES CHOSES. TANDIS QU’EST CÉLÉBRÉ CES JOURS-CI SON 80e ANNIVERSAIRE DE NAISSANCE ET QUE 2019 MARQUE SES 60 ANS DE CARRIÈRE, NOUS PRENONS LE TEMPS DE PARLER D’ELLE. DE LA FEMME ET DE L’ARTISTE. ET QUI DE MIEUX PLACÉ QUE SON AMOUREUX, ROBERT LANGEVIN, POUR NOUS SERVIR DE GUIDE?

«Dans les circonstances, Renée va bien», assure Robert, qui se rend à sa résidence chaque jour. «Les gens de son CHSLD prennent bien soin d’elle. Non seulement font-ils superbement leur travail, mais je sens aussi qu’ils le font avec amour. Ils ont des gestes amoureux et affectueux. Ils ont des attentions et s’occupent des petits détails.» Il tient à remercier le personnel de

l’établissement ainsi que ses très attentionnées et aimantes dames de compagnie que sont Anne, Jamila, Alexane, Lucie et Patricia!

Il n’y a pas de petites ou de grandes preuves d’amour; il n’y a que des élans du coeur. Comme cette dame qui, à la mi-juin, déposait à l’entrée de la maison un généreux bouquet de fleurs. Robert relate: «Elle m’a remis une lettre extraordinaire à l’attention de Renée. Je pense que c’est représentatif du sentiment que partage toute la population. De mémoire, elle lui a écrit: “Par quelle magie avez-vous pu nous faire ressentir les émotions avec une si grande force et une voix aussi exceptionnelle?”» L’une de ces surprises qui le touchent droit au coeur, et qu’il s’empresse de partager avec celle qui est son amoureuse depuis plus de 30 ans.

«Tout découle de l’article d’Échos Vedettes, s’empresse-t-il de reconnaître. Les autres médias, et même les bulletins de nouvelles, ont repris l’information. Il en a découlé plein de belles choses pour Renée.» Et ces manifestations sont nombreuses!

Un tout petit mois après la parution de notre article sortait une nouvelle version d’un des classiques de Renée Claude, Tu trouveras la paix, interprété par 11 de nos plus grandes voix. Diane Dufresne, Isabelle Boulay, Ginette Reno, Luce Dufault et Céline Dion comptaient parmi ces chanteuses qui ne faisaient qu’une. Et la chanson de paraître le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

Cette réalisation, on la doit au producteur Nicolas Lemieux, de GSI Musique. Robert explique la genèse du projet: «Il n’était pas du tout au courant de l’état de santé de Renée.

C’est en regardant la télé qu’il l’a appris. Ça l’a touché droit au coeur parce qu’il a commencé sa carrière en produisant le spectacle Les divas du Québec, auquel participait Renée. Il avait été marqué par sa gentillesse et sa bonté. Il pleurait en m’en parlant.» C’est avec ce précieux souvenir en tête et dans le coeur qu’il a voulu l’honorer. «Il a pensé tout de suite à la chanson Tu trouveras la paix et a contacté Monique Giroux. Toutes les artistes ont accepté spontanément. Personne n’a refusé. Il a monté ça en trois ou quatre jours. Quand Monique m’a appelé, tout était pratiquement terminé.» Elles ont prêté leur talent bénévolement. «J’étais en studio et j’avais les larmes aux yeux.»

UN PETIT MIRACLE

Quelques jours après la parution de Tu trouveras la paix, Monique, Nicolas et Robert se rendaient au CHSLD où réside Renée depuis novembre 2017 pour la lui faire écouter. «La chanson était sur DVD, et Nicolas avait enregistré sur son téléphone des témoignages d’interprètes qui s’adressaient directement à Renée.»

Avant de s’y rendre, Robert les avait prévenus qu’elle dort environ 16 heures par jour et qu’il était possible qu’elle n’ait pas conscience de leur visite. «Effectivement, elle dormait, et on a jasé pendant une heure à trois. Puis, j’ai suggéré d’écouter le DVD entre nous.» Robert a pesé sur Play et, à ce moment précis, un petit miracle s’est produit. «Dès la seconde où Luce Dufault chante la première note, Renée s’est réveillée! Ça l’a allumée. Et elle s’est mise à chantonner. C’était un moment magique. On s’est tous mis à pleurer. Nicolas lui tenait la main en lui disant: “C’est pour toi qu’on fait ça, Renée. On t’aime.” Ensuite, il lui a fait entendre les témoignages des chanteuses et, quand elle a entendu Louise Forestier, elle s’est mise à toucher l’écran. C’était un beau moment.»

Robert chérit cette version de ce petit bijou signé Stéphane Venne. «L’intention derrière ce projet de Nicolas est tellement belle et le message d’amour que les chanteuses offrent à Renée est si beau que ça me touche profondément.»

Il est d’autant plus sensible à ces manifestations qu’elles lui permettent d’effacer une crainte qu’il nous avait déjà exprimée, soit celle que son

«Aujourd’hui, je suis heureux. Je suis léger. On a dit clairement à Renée, de son vivant, combien on l’aime.» − Robert, son conjoint

amoureuse parte sans qu’on ait pensé à elle. «Aujourd’hui, je suis heureux. Je suis léger. On a dit clairement à Renée, de son vivant, combien on l’aime. C’est fait! Merci à Échos Vedettes, à Nicolas Lemieux, à Monique Giroux, aux chanteuses... J’espère seulement qu’elle le ressent, ne seraitce qu’un petit peu. On ne le sait pas, mais elle a l’air tellement heureuse et sereine à travers sa maladie que je me dis qu’elle doit le percevoir.»

SUR SCÈNE ET EN LIBRAIRIE

De cette initiative en a découlé une autre tout aussi louable et réjouissante. Le 15 novembre à la Maison symphonique aura lieu le concert Renée Claude, la mémoire du coeur. Isabelle Boulay, Clémence DesRochers, Luce Dufault, Louise Forestier, Kathleen Fortin, Laurence Jalbert, Catherine Major, Ariane Moffatt, Marie Denise Pelletier et Marie-Élaine Thibert partageront la scène et elles seront accompagnées par l’Orchestre symphonique de Montréal, dirigé par Adam Johnson. Antoine Gratton signe les arrangements. Nicolas Lemieux agit comme directeur artistique, et Monique Giroux assure la mise en place. «Ce sera un spectacle sobre», assure Robert. À l’image de sa bien-aimée, pourrionsnous ajouter.

Tant pour la chanson que pour le concert, les profits des ventes seront versés au Fonds de la recherche sur la maladie d’Alzheimer du Centre de recherche du CHUM.

Et ce n’est pas tout! Le journaliste Mario Girard était présent à l’enregistrement de Tu trouveras la paix. «Il faisait un reportage pour La Presse. Une semaine plus tard, il appelait André Ducharme, un confrère journaliste très proche de Renée, pour manifester son désir d’écrire sa biographie. Il avait ce projet depuis longtemps, mais n’osait faire les démarches parce qu’il estimait que ça revenait à André. Or, André estime qu’il est trop près de Renée et qu’il manque de distance. Il a tout de suite donné sa bénédiction à Mario.» Le biographe a commencé à réaliser les entrevues en vue de l’écriture de ce bouquin, qui paraîtra au printemps 2020.

C’EST NOTRE FÊTE AUJOURD’HUI

Autant de projets, autant de raisons de célébrer, d’autant plus que le 3 juillet marquait le 80e anniversaire de naissance de Renée. C’est à la maison, au coeur du jardin qu’ils chérissent tant, qu’a eu lieu une fête intime. La famille de Renée était présente, de même que quelques proches, dont Normand Paquette, son producteur de disques des 25 dernières années. «Il fait un travail incroyable. Il a tenu Renée vivante auprès des gens avec ses disques. C’est quelqu’un qui

est extrêmement important dans sa carrière», précise Robert. Le pianiste Philippe Noireaut avait apporté un clavier et le frère de Renée, son accordéon. C’est notre fête aujourd’hui, ont-ils peut-être tous chanté en son honneur et en faisant référence à cette autre immortelle que Stéphane Venne lui avait offerte il y a 50 ans aujourd’hui. Une journée sous le signe de la sérénité. Une journée à l’image de Renée.

Tous ses proches se reconnaissent en elle, et la lumière qu’elle dégage illumine tous ceux qui s’y baignent. «Elle a quelque chose de profondément touchant qui ne peut laisser personne indifférent. Elle n’est pas quelqu’un d’extraverti, mais elle a une bonté, une humanité et une recherche de la beauté dans tout ce qu’elle fait. Ça émane d’elle. Elle est intègre et honnête, aussi. C’est ce qu’elle m’a toujours inspiré. Je ne connais personne qui lui soit indifférent. Elle ne dégage que du bon et du positif. C’est probablement la raison pour laquelle les gens ne l’oublient pas.»

En 2010, Renée Claude nous recevait dans son luxuriant jardin, dont elle a toujours pris un soin jaloux. C’est dans ce cadre enchanteur que Robert a reçu ses proches pour fêter ses 80 ans.

En septembre 2014, elle assistait au vernissage de l’exposition Voix d’ici Boudreault. de l’artiste Louis Ici devant l’oeuvre qui la représente. Une de ses dernières apparitions publiques. Au bras de Robert, Renée n’aurait manqué pour rien au monde la première du spectacle Plamondon, présenté au théâtre Le Qube, au Casino de Montréal, en 2015.

En studio avec le jeune parolier Luc Plamondon en 1973. Ensemble, ils ont collaboré à près d’une trentaine de chansons. Tôt dans leur relation, ils sont devenus de très grands amis.

Au milieu des années 1960, elle coanimait avec Hubert Loiselle Pour ceux qui s’aiment sur les ondes radio. En 1972 avec Stéphane Venne, qui a écrit pour elle plusieurs de ses chansons les plus populaires.

En 1970 avec Jean-Pierre Ferland. Dès le début des années 1960, elle interprétait deux de ses compositions qui allaient devenir des classiques: Ton visage et Feuilles de gui. Moi c’est Clémence que j’aime le mieux!, chantait-elle en 1981. Beauté intemporelle.