André Ménard: le fondateur du FIJM prend sa retraite
AVEC SON COMPLICE ALAIN SIMARD, IL A FONDÉ LE FESTIVAL INTERNATIONAL DE JAZZ DE MONTRÉAL (FIJM) À LA FIN DES ANNÉES 1970. APRÈS 40 ANS DE RENCONTRES INCROYABLES ET DE CONCERTS MÉMORABLES, ANDRÉ MÉNARD A DÉCIDÉ DE TIRER SA RÉVÉRENCE, SANS TAMBOUR NI TROMPE
La création d’un festival de jazz était un peu une suite logique de leurs activités professionnelles pour André Ménard et Alain Simard, puisqu’ils produisaient déjà pas mal de concerts d’artistes de jazz à la fin des années 1970, comme Tom Waits ou B.B. King. «C’était notre champ d’expertise. L’idée d’un festival est devenue formelle en 1978 quand on a déposé le nom. Et on a fait une première tentative en 1979, qu’on n’a finalement pas pu livrer, parce qu’on s’est vite aperçus qu’on ne pouvait pas financer un vrai festival.» Il faut préciser qu’André Ménard a une définition bien précise et «exigeante» de ce que devrait être un festival. «Pour moi, un festival invite dans sa ville des artistes qui ne viendraient pas autrement.» Pour financer ce genre de projet, la vente de billets ne suffit pas, d’où l’échec de leur première tentative. Grâce à un contrat de captation de spectacles pour TéléQuébec, l’année suivante, le festival a bien eu lieu avec huit concerts — un embryon modeste, mais prometteur. Deux ans plus tard, le Festival de jazz de Montréal investissait la rue Saint-Denis, et sa popularité n’a cessé de croître jusqu’au festival qu’on connaît aujourd’hui.
UN MODÈLE ORIGINAL
Sans préméditation, les deux fondateurs ont aussi créé un modèle d’affaires original. «Le festival à la
montréalaise, durant lequel on propose des concerts en salle et des spectacles gratuits à l’extérieur sur des scènes voisines des salles de concert, c’est un peu ici que ça s’est inventé. Et le modèle a été repris par pas mal de festivals. Il paraît que l’imitation est la forme la plus haute de la flatterie... On est donc très flattés! (rires) Mais ce serait prétentieux de dire qu’on avait un plan d’affaires établi d’avance; ça s’est un peu improvisé tout ça.»
Au départ, les deux amis avaient une certaine ambition pour leur festival, mais ils n’auraient jamais pu imaginer qu’il deviendrait aussi gros. «Le Festival de jazz est à la base une série de concerts organisés par des fans de musique pour des fans de musique. C’est resté comme ça tout au long de mon parcours, et ç’a été la même chose pour Alain. On a beau avoir Internet, les réseaux sociaux et tout ça, on ne peut pas remplacer la communication qui se passe durant un concert. Rien ne remplacera la magie de la scène.»
UNE RETRAITE SEREINE
Ce n’est pas parce qu’il a décidé de prendre du recul face à ses fonctions administratives qu’André Ménard va disparaître de la circulation pour autant. «Je suis avant tout un spectateur. Pour moi, la magie a toujours été d’être dans une salle de spectacle, même si j’avais aussi la chance de savoir ce qui se passait en coulisses. Je vais continuer à fréquenter la vie culturelle un peu partout dans le monde, comme je le fais depuis des années. Mais plutôt que de partir quatre ou cinq jours pour un festival ou une convention, je vais rester plus longtemps et en profiter pour visiter d’autres choses. C’est comme ça que je vois la retraite.»
Il souhaite aussi en profiter pour prendre du temps pour lui, avouant au passage qu’il n’a pas lu plus de 20 livres en 40 ans par manque de temps. «On peut tirer sa révérence sans baisser le rideau. Il peut y avoir des activités durant la retraite. Je n’exclus rien. J’ai même déjà reçu quelques appels de gens qui s’informaient de ce que j’avais envie de faire.»
À bientôt 66 ans, André Ménard a raison de vouloir profiter de la vie sans penser au travail, mais ceux qui le connaissent savent que sa passion est toujours intacte et bien vivante.