Jean-François Brassard: la musique en héritage
PENDANT DES SEMAINES, JEAN-FRANÇOIS BRASSARD A EXPLORÉ LES ARCHIVES D’ÉCHOS VEDETTES À LA RECHERCHE DE L’ANECDOTE OU DE LA PHOTO IDOINE POUR RACONTER L’ÉPOQUE DES BOÎTES À CHANSONS DES ANNÉES 1960 DANS LE MAGAZINE ÉCHOS VEDETTES SOUVENIRS. CETTE PASSION POUR LA PRÉSERVATION ET LA CONSERVATION DU PATRIMOINE MUSICAL SEMBLE ÊTRE INSCRITE DANS SES GÈNES.
Jean-François Brassard ne pouvait rêver d’avoir un meilleur initiateur pour son éveil à la musique que son grand-père, François Brassard, un ethnomusicologue et compositeur qui a poursuivi d’importants travaux de recherche sur la chanson folklorique canadienne d’expression française. «Je me souviens qu’il avait une immense bibliothèque vitrée avec des portes coulissantes. J’étais enfant, je grimpais sur l’escabeau, je faisais coulisser une porte et je prenais des livres. Il y avait aussi beaucoup de disques dans le salon; je passais du temps à en écouter avec lui. Mon côté collectionneur et archiviste de musique vient certainement de là.»
Si la musique est vécue comme un héritage familial, Jean-François Brassard a aussi eu la chance de faire ses propres découvertes et son propre chemin, vers l’âge de neuf ans, en intégrant la Maîtrise des Petits Chanteurs du Mont-Royal.
«Je me souviens quand le père Dupuis m’a fait passer une audition dans le gymnase de l’école.
J’étais hyper gêné et timide. Il m’a fait chanter
Frère Jacques, et j’ai été accepté. J’imagine qu’il voyait le potentiel en moi. Ça s’est révélé être une école extraordinaire.» En plus de faire des spectacles, de participer à des enregistrements de disques et d’assurer la messe hebdomadairement à l’oratoire Saint-Joseph, les jeunes chanteurs devaient aussi suivre des cours de solfège et de piano, en parallèle au cursus scolaire normal.
UNE CULTURE POPULAIRE
À la maison, son père écoutait du jazz, alors que sa mère était une admiratrice de Nana Mouskouri et de Claude Léveillée. «N’ayant pas de frère et soeur, je me suis fait ma propre culture populaire en regardant la télévision. En même temps, avec Les Petits Chanteurs, on enregistrait aussi avec les vedettes de l’époque. Je me souviens avoir chanté sur la chanson Les enfants de l’été, de Renée Claude. On aimait ça, car ça nous changeait des morceaux classiques habituels.»
Vers l’âge de 14 ans, après avoir quitté la maîtrise, Jean-François Brassard s’est initié, avec ses amis de pensionnat du Collège Notre-Dame, à de nouveaux styles musicaux. «Je me suis acheté une guitare basse. J’écoutais le groupe Kiss, mais je voulais en fait être Paul McCartney, parce que je suis gaucher comme lui. C’était l’époque du disco, que je haïssais alors profondément, mais nous, on écoutait de la musique québécoise comme Octobre, Harmonium, Beau Dommage, les Séguin et du rock progressif. On découvrait aussi, à ce moment-là, les Beatles, des années après tout le monde.» Toute cette culture musicale laissera de profonds stigmates dans la mémoire du journaliste en devenir.
UNE PASSION, UN MÉTIER
Quelques années plus tard, on le retrouve sans surprise au poste de rédacteur en chef d’Entracte, la revue officielle de la Guilde des musiciens. «J’étais tout nouveau dans le métier, mais j’étais parfaitement à l’aise. C’était seulement quatre publications par année. Je remercierai toujours Claude Desjardins de m’avoir donné ma chance. C’était très rigoureux comme travail, et une très bonne école pour moi. Ça m’a aussi permis de me familiariser avec les institutions de la musique.»
Il sera ensuite attaché de presse pour Broue et pour le grand retour sur scène d’Yvon Deschamps. Il fera aussi un court séjour en tant que recherchiste pour l’émission Ad Lib, avant de finalement se déposer à Échos Vedettes, où il enrichit ses rencontres avec les artistes québécois depuis plusieurs décennies.
Sans l’avoir prémédité, Jean-François Brassard poursuit finalement la même quête que son grandpère: conserver et faire connaître le patrimoine musical québécois au plus grand nombre, ainsi qu’aux jeunes générations.