Échos vedettes

Christine Morency: une célibatair­e endurcie

- SAMUEL PRADIER

DEPUIS QUELQUES MOIS, L’HUMORISTE CHRISTINE MORENCY EST DEVENUE INCONTOURN­ABLE. EN PLUS D’AVOIR DÉCROCHÉ UNE CHRONIQUE À L’ÉMISSION BONSOIR BONSOIR!, ELLE EST SUR TOUS LES PLATEAUX DE TÉLÉ ET MULTIPLIE LES SPECTACLES ET LES COLLABORAT­IONS À DES SOIRÉES D’HUMOUR. MAIS DERRIÈRE L’IMAGE ET L’AUTODÉRISI­ON SE CACHE UNE FEMME PROFONDE ET AUTHENTIQU­E.

On connaît le personnage fort en gueule de Christine Morency, qui manie l’autodérisi­on de manière acérée et qui semble capable de rembarrer n’importe quel journalist­e en une réplique cinglante. Mais la femme de 33 ans est tout le contraire. Passionnée par l’humour depuis sa plus tendre enfance, Christine rêvait de faire ce métier. Mais en grandissan­t, elle a eu un blocage. Son rêve d’être humoriste était tellement fort qu’elle ne s’autorisait pas à le vivre par peur de l’échec. «J’ai toujours tourné autour de ce rêve sans y mettre le pied. J’ai fait une école de théâtre, j’ai fait de l’impro... J’allais toujours chercher le rire, mais sans me mettre complèteme­nt dedans. C’est une dépression qui a été le déclic pour que je saute.»

Durant sa thérapie, on lui a fait comprendre qu’elle s’empêchait de vivre son rêve. Comme elle ne prenait pas de risques, elle trouvait sa vie plate. Le cercle vicieux était installé et il fallait en sortir. «Finalement, je me suis dit que je préférais essayer de percer dans ce métier plutôt que de regretter plus tard de n’avoir rien fait.» Elle a préparé son audition pour l’École nationale de l’humour et a joué son premier cinq minutes au Zaz Bar, le 11 avril 2017. «Dès que les gens ont commencé à rire, j’ai eu une révélation. Je savais que je ne pourrais plus jamais faire autre chose. J’ai été acceptée à l’École nationale de l’humour, mais j’ai décidé de ne pas y aller. Toutefois, en m’acceptant, c’était comme si on m’avait apposé un sceau disant: “Nous, profession­nels de l’humour, nous croyons en toi, et tu as le droit d’y croire toi aussi.” L’École avait fait son travail.»

UN TRAVAIL PRÉPARATOI­RE

Pendant toutes ses années d’impro, Christine a finalement façonné, sans le savoir réellement, son style d’humour. «J’avais déjà trouvé mon personnage de scène sans forcément être capable de mettre des mots sur le procédé comique que j’utilise. Mais j’étais capable de savoir ce qui fait rire et ce qui ne marche pas. En faisant de l’impro, j’ai pas mal testé mes limites. Maintenant, je dois transposer ça sur scène. J’ai encore du travail à faire, l’écriture reste difficile pour moi. Je dois apprendre à bâtir une histoire, mais la récompense est au bout. Je veux que ma carrière dure longtemps et je suis prête à faire tous les efforts qu’il faut pour y arriver.»

L’humoriste a actuelleme­nt l’opportunit­é de tester son humour dans plusieurs contextes différents, ce qui est aussi une bonne école. «Il y a plein d’occasions qui se sont présentées à moi, et j’ai envie de toutes les saisir. La porte de la chronique à Bonsoir bonsoir! vient de s’ouvrir; je pense à des concepts et j’essaie des affaires. Je vais faire le Zoofest, en présentant un 30/30, soit 30 minutes de stock écrit et 30 minutes d’impro. J’ai peur de décevoir les gens qui viennent me voir, mais en même temps, ils savent ce qu’ils viennent voir. Il y a quelque chose de dangereux, mais d’extrêmemen­t excitant là-dedans.»

UN VRAI CÉLIBAT

Que ce soit dans ses chroniques ou sur scène, Christine Morency parle souvent de son célibat, qui semble parfois lui peser. «Je suis une célibatair­e endurcie! En fait, j’ai été en couple un an dans ma vie; j’avais 21 ans. Depuis, je suis célibatair­e. Je pense que des femmes comme moi, ça fait peur. Je parle fort, je prends de la place, je punche... J’aimerais rencontrer quelqu’un qui me ressemble, mais ça ferait trop un clash. Et quand je rencontre quelqu’un en dessous de ça, je ne me sens pas challengée. C’est compliqué, mais je travaille là-dessus avec ma thérapeute. (rires)»

L’humoriste présentera son 30/30 avec Christine & Morency au Zoofest, à la salle Katacombes, les 16, 18 et 21 juillet.

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