Échos vedettes

Marc Levy: la définition du père

LA DÉFINITION DU PÈRE SELON MARC LEVY GHOST IN LOVE... UN ROMAN, «J’ai toujours refusé de ne pas croire à quelque chose, même à la vie après la mort.»

- SAMUEL PRADIER

DANS SON NOUVEAU LIVRE, MARC LEVY MET EN SCÈNE UN PIANISTE DE RENOM QUI VOIT APPARAÎTRE LE FANTÔME DE SON PÈRE, MORT CINQ ANS AUPARAVANT. CE DERNIER L’ENTRAÎNERA DANS UN VOYAGE INITIATIQU­E JUSQU’À LOS ANGELES. DE PASSAGE À MONTRÉAL, L’AUTEUR NOUS A PARLÉ DE CE LIVRE, MAIS AUSSI DE SES DOUTES ET DE SES CROYANCES EN TANT QUE PÈRE ET EN TANT QU’HOMME.

Même si le roman est dédié à son véritable père, Marc Levy reconnaît qu’il s’adresse d’abord et avant tout à ses propres enfants à travers l’histoire qu’il raconte dans Ghost in love... un roman. «D’abord, je tiens à préciser que ce n’est absolument pas mon père dans le roman. Son fantôme ne m’est jamais apparu et, aux dernières nouvelles, il n’a eu qu’une seule histoire d’amour dans sa vie et c’est avec ma mère. En tout cas, c’est ce que j’en sais. J’avoue que je ne me suis pas rendu compte en l’écrivant à quel point je n’écrivais pas à mon père, mais davantage à mes enfants. C’est pour eux que je réponds à la question: qu’est-ce que c’est être père?» Si on lui demande de synthétise­r sa réponse, qu’il a écrite tout au long des 375 pages du livre, l’auteur rétorque qu’être père, «c’est aimer de toutes ses forces, sans la moindre retenue, sans préjugés, avec énormément d’humilité. C’est aussi aimer pour que vos enfants fassent leur vie et pas la vôtre.»

Cette question le hante depuis de nombreuses années, puisqu’il se la posait déjà lorsqu’il était enfant en regardant agir son père. «Depuis que je le suis devenu à mon tour, je n’ai pas cessé de me le demander. Je pense qu’on vit tous cette étape de transition dans la vie: on est les enfants de nos parents et on devient les parents de nos enfants. À un moment donné, certains vont aussi devenir les parents de leurs parents. C’était une magnifique prémisse de roman.»

Il confirme ne pas avoir eu la même attitude et les mêmes défis avec ses trois enfants: Louis, 28 ans, né d’une première relation, puis Georges, 9 ans, et Cléa, 3 ans, qu’il a eus avec sa femme, Pauline. «Pour Louis, j’étais un papa seul. On s’est séparés très tôt, sa mère et moi, et on avait la garde en alternance, 15 jours chez

l’un et deux semaines chez l’autre. J’étais à la fois un papa et une maman quand il était avec moi, et il était aussi un enfant seul. Je pense d’ailleurs qu’on n’est pas les mêmes parents avec un enfant seul qu’avec une fratrie, parce que les enfants se créent entre eux un monde duquel on est forcément exclus. Avec Louis, on était juste tous les deux. Aujourd’hui, même si ma femme part en vacances, il y a deux enfants qui restent avec moi, et ils ont leur monde à eux. Ensuite, on est toujours moins inquiets avec les suivants qu’avec le premier. On relativise beaucoup plus de choses.»

PUDEUR MASCULINE

Dans son roman, Marc Levy aborde la communicat­ion difficile entre un père et son fils, concept qu’il a lui-même expériment­é avec son propre père. «J’avais beaucoup de pudeur avec mon père, et c’est plus subtil et plus complexe que juste se dire je t’aime. Il faut réussir à briser la glace de la conversati­on. Il y a aussi des sujets qui restent plus difficiles. Par exemple, mon fils aîné ne veut jamais parler de sa vie sentimenta­le avec moi. Beaucoup de garçons partagent leurs inquiétude­s sentimenta­les avec leur mère, ou en tout cas plus facilement avec une femme. Je faisais la même chose. Je parlais de mes histoires de coeur avec ma mère, et moins avec mon père. Mais j’adorais quand mon père me racontait ses déboires sentimenta­ux. Je trouvais ça hyper rassurant, alors qu’étrangemen­t, je n’avais pas du tout envie que ma mère me raconte son passé amoureux. (rires)»

Il y a aussi des âges qui sont plus difficiles pour la communicat­ion entre parents et enfants. «Quand mon fils de neuf ans rentre de l’école, c’est un travail au marteau-piqueur de lui faire raconter sa journée. Je lui demande si ça s’est bien passé à l’école et il répond oui, sans plus de détails. Sortir de la routine du quotidien est parfois difficile avec les ados. Je pense que cette pudeur existe encore avec les enfants, mais il faut aller les chercher et les faire parler.»

ÉVOLUTION SCIENTIFIQ­UE

Avec la venue du fantôme du père de Thomas, le héros de cette aventure, son nouveau roman aborde d’une certaine manière la vie après la mort. Marc Levy confie être ouvert à toutes les croyances et à toutes les possibilit­és. «Quand j’étais plus jeune, je voulais croire à tout prix aux fantômes. Je suis même parti avec des copains dans des châteaux en Écosse pour aller à la chasse aux fantômes, et je rêvais réellement d’en voir, mais je n’en ai jamais vu. J’ai toujours voulu croire à tout.» Il ne veut surtout pas nier leur existence éventuelle. «Aujourd’hui, tout le monde, même la communauté scientifiq­ue, s’entend pour dire que la probabilit­é qu’on soit seuls est à peu près nulle et qu’il y a forcément d’autres civilisati­ons dans l’univers. Ce qu’on ne dit pas, c’est que, quand j’avais 20 ans, si vous disiez ça, on vous prenait pour un illuminé. Il y a encore 20 ans, tout le milieu scientifiq­ue le niait. C’est la même chose au sujet des fantômes. J’ai toujours refusé de ne pas croire à quelque chose, même à la vie après la mort.»

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