Échos vedettes

Des vedettes et des pas mûres

Les nouveaux Réal Giguère

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Réal Giguère a été une figure dominante de la télévision québécoise dès 1961, année de fondation de Télé-Métropole, aujourd’hui TVA. Sa dernière apparition à la télé, avant sa retraite, a eu lieu le 24 février 2011 à l’émission Fidèle au poste, animée par Éric Salvail. C’est l’émission durant laquelle il a interprété, pour la deuxième fois de sa vie, son plus gros et seul hit sur disque: Gros jambon. Le maître est décédé le 11 février 2019 à 85 ans, laissant un souvenir impérissab­le et une oeuvre magistrale dans le domaine des télécommun­ications à son public, nombreux et fidèle depuis ses débuts.

M. Giguère pouvait tout faire à la télé: animer, produire, écrire et jouer. Ce n’est pas pour rien que les Cyniques disaient de lui: «Y’é parfait!» Ça ne pouvait pas être plus vrai! On pouvait compter sur lui pour l’animation d’un nouveau quiz ou d’un talk-show à heure de grande écoute, ou encore pour l’écriture d’une sitcom comme Dominique ou d’une dramatique comme L’or du temps. Il maîtrisait tout: la plume, le jeu et surtout le verbe. Réal Giguère a sa plaque de laiton sur la promenade des stars à Montréal, au coin des rues Sainte-Catherine et Alexandre-de-Sève. Dès 1961, avec un seul Réal Giguère, TéléMétrop­ole pouvait fonctionne­r à plein régime. Il était partout, à toutes les heures de grande écoute et à toutes les sauces.

Aujourd’hui, expansion exige, on ne pourrait plus se contenter d’un seul talent pour combler la demande télévisuel­le. La façon de faire de la télé au Québec a changé, alors on fait appel à d’autres talents aussi polyvalent­s qu’efficaces. Ce sont les producteur­s privés qui risquent maintenant leur argent, tout en profitant d’une antenne toujours aussi — sinon plus — populaire qu’avant. Alors on se retrouve souvent avec les mêmes visages à la barre des plus grosses production­s. Les plus payants, les plus sûrs ou les plus vendeurs sont, entre autres: Véronique Cloutier, France Beaudoin, Charles Lafortune, André Robillard, Patrice L’Écuyer, Jean-Philippe Wauthier, PY (Lord), Marc Labrèche, etc. Et, parmi ceux-là, il y en a qui produisent et animent leurs propres produits. On n’est jamais mieux servi que par soi-même!

Qu’on change les concepts année après année n’a pas d’importance; on jette le produit, mais on garde le présentoir. Je n’ai rien à redire à leur travail; au contraire, ils le font très bien! La preuve, c’est qu’on ne peut se passer d’eux, du moins pendant un certain temps. Le monde de la télé, c’est aussi une roue qui tourne, une grande roue où les places sont limitées. Quand une nacelle se libère, elle trouve aussitôt preneur. Certains sont installés dans le manège depuis longtemps et ne descendron­t qu’à l’extinction des lumières clinquante­s du show-business. Tous ces talents ensemble font le travail que faisait Réal Giguère à lui seul, toutes proportion­s gardées; il accompliss­ait une tâche colossale.

Ce sont eux, aujourd’hui, qui portent le flambeau que leur a laissé l’homme de toutes les situations. Qu’ils le portent bien haut, car c’est à lui qu’ils doivent aujourd’hui de porter le titre de “nouveaux Réal Giguère”.

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