CATHERINE TRUDEAU
Un appel à la compassion
Elle était là, le 31 juillet, au ciné-parc de Boucherville, quand un bébé de quatre mois a été heurté à mort par une voiture qui reculait. Catherine Trudeau assistait à la projection du film Menteur avec sa famille, dans le véhicule garé juste à côté de celui des gens dont la petite fille a été tuée.
Le 5 août, la comédienne a publié un texte touchant sur son blogue Note à moi-même. Dans un billet intitulé La vie est un film triste, l’artiste a désiré faire comprendre aux gens qu’il est facile de juger lorsqu’on ne sait rien des circonstances d’un drame et que les acteurs de la tragédie ne sont aucunement fautifs... quoi qu’on en pense! «J’amorçais mon départ exactement au même instant, a-t-elle écrit. Je me souviens très clairement m’être dit, derrière le volant: “Comment je me sors d’ici sans heurts, astheure, dans ces chemins mal définis, cahoteux, parmi ces gens qui déambulent librement, au hasard, dans cette noirceur?” Bien sûr, on peut penser qu’il s’agit d’un accident évitable. Bien sûr, tout le monde a son conseil, son “moi je”. Bien sûr. J’ai le mien aussi: MOI JE pense à eux. Aux parents, qui doivent maintenant lutter pour trouver, hors de l’oeil de cette tempête, une bouffée d’air, une bouffée de paix.» Elle songeait aussi au conducteur qui a reculé sur l’enfant. «C’est quoi les chances que tes roues s’alignent sur cet endroit précisément? C’est quoi les chances que tu te sortes de ça? Que tu poursuives ta route en paix pour ta suite des choses en pensant à celle de ces gens, brisés à jamais?»
L’actrice a lancé un appel à la compassion dans cette affaire, mais aussi de façon plus générale. «Soyons plus que jamais emplis de compassion pour tout un chacun qui vit avec le poids de ses gestes, y compris ceux qu’on ne connaît pas. Il y a un fil des événements, des distractions inconnues de nous, des secondes échappées qui ne pourront jamais être rattrapées, mais surtout une sorte d’idée que nous vivons dans un monde où ce genre de tragédies n’arrive pas. Pas à nous, pas à eux. Pourtant, nul n’est à l’abri. [...] La vérité est que notre avis ne changera rien à l’affaire, que la culpabilité et la douleur sont là, de part et d’autre du drame. Nul besoin d’en rajouter.»