Échos vedettes

Elisabeth Moss: sa longue ascension

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ENFANT DE LA BALLE, ELISABETH MOSS BRILLE DEPUIS TROIS SAISONS DANS THE HANDMAID’S TALE: LA SERVANTE ÉCARLATE. À 37 ANS, L’ACTRICE ORIGINAIRE DE CALIFORNIE EST AU SOMMET DE SON ART. RÉCEMMENT, ELLE A RENCONTRÉ NOTRE JOURNALIST­E POUR PARLER DE LA POPULAIRE SÉRIE, MAIS AUSSI DE SON DERNIER FILM, LES REINES DE HELL’S KITCHEN, EN SALLE DEPUIS QUELQUES SEMAINES AU QUÉBEC.

Elisabeth, vous n’êtes pas seulement la tête d’affiche de la série The Handmaid’s Tale: La servante écarlate, vous en êtes aussi la productric­e. Que vous ont appris ces multiples fonctions?

À savoir dire non! Lorsque j’ai commencé à avoir plus de responsabi­lités et de contrôle, c’était difficile, car je pensais que tout le monde allait me détester. Mais à la longue, on se rend compte que, lorsque c’est fait avec respect, gentilless­e et équité, on peut dire non à ses collègues. C’est un véritable apprentiss­age, mais également une belle leçon et une manière d’atteindre davantage de maturité.

Qu’avez-vous appris sur la hiérarchie hollywoodi­enne au fil du temps?

J’ai réalisé que ceux qui ont le plus de succès et qui sont en haut de l’échelle sont souvent les plus gentils et les plus généreux. Les artistes qui maîtrisent leur métier sont généraleme­nt plus accessible­s, et travailler avec eux est évidemment plus plaisant. Continuer à évoluer en restant agréable avec son entourage et sa famille est très important. Plus on met de temps à atteindre un certain succès, plus on a de recul et plus on l’apprécie.

Pensez-vous que le mouvement #MeToo, amorcé depuis quelque temps à Hollywood, a ouvert plus de portes aux femmes?

Je pense que ce sont les chiffres qui parlent. Ce sont les décideurs, ceux qui tirent les ficelles, qui doivent continuer à ouvrir leurs yeux et comprendre que les films produits ou réalisés par des femmes peuvent aussi générer beaucoup d’argent. Le potentiel des femmes n’est pas simplement artistique, il est aussi financier. Je pense que c’est enfin palpable, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire. Pour Handmaid’s Tale: La servante écarlate, plus de 70 % des CV que nous recevons sont ceux de réalisatri­ces. Malheureus­ement, nous n’avons pas assez d’épisodes à réaliser pour toutes les engager! Vous jouez Claire dans un film de gangsters, Les reines de Hell’s Kitchen. Est-ce une étape profession­nelle importante pour vous?

En fait, non, pas vraiment. Je n’ai jamais rêvé de jouer une femme gangster, même si l’une de mes séries préférées est Les Soprano. J’ai choisi de faire partie d’un trio féminin hors du commun, car je pense que ces personnage­s ont des facettes aussi différente­s qu’intéressan­tes. Ce sont des femmes gangsters, certes, mais avec leurs faiblesses. Et puis, je ne m’attache jamais à un genre de films en particulie­r. D’ailleurs, je tourne en ce moment un film d’horreur (NDLR: L’homme invisible), simplement parce que le scénario est vraiment de qualité!

Claire est un personnage violent, mais aussi une victime. Est-elle l’antihéroïn­e parfaite? Je suis particuliè­rement attirée par le parcours des antihéroïn­es. Il y a une complexité dans ces personnage­s qui, forcément, est intéressan­te à jouer. En choisissan­t et en suivant un personnage dont on trouve que les réactions et le

parcours sont sérieuseme­nt critiquabl­es, on s’impose une gymnastiqu­e cérébrale un peu différente de celle à laquelle on se livre habituelle­ment. L’exemple le plus flagrant est le personnage de Bryan Cranston, Walter White, dans Breaking Bad: on a de la compassion pour lui et on le comprend, malgré le fait que ses actions soient répréhensi­bles.

Avez-vous suivi un entraîneme­nt particulie­r pour vous servir d’une arme?

Non, car Andrea (Berloff, la réalisatri­ce) souhaitait justement que nous soyons un peu gauches, pour montrer tout l’impact de cette violence nouvelle pour nos personnage­s, qui est plus un acte de défense qu’autre chose. La seule fois que je me suis entraînée avec des armes, c’était pour mon rôle de détective dans la série Top of the Lake.

Votre personnage subit de la violence conjugale. Trouviez-vous important de dénoncer ce grave problème?

C’est quelque chose de très difficile à vivre, impossible même. À un certain moment, mon personnage reçoit des coups de poing dans l’estomac. C’est une scène qui fait beaucoup réagir le public... La violence conjugale, qu’elle soit physique ou mentale, est malheureus­ement beaucoup plus courante qu’on le croit. Et il est souvent très difficile pour ces femmes de trouver un soutien moral, car elles ont la peur au ventre. Je suis fière de jouer ce personnage et de, peut-être, contribuer à faire passer un message pour que cela puisse aider certaines femmes à réagir, à se défendre et à s’entourer pour se sortir de cette situation.

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