Échos vedettes

«J’avais 32 ans quand j’ai commencé dans Les Simpson» − Bernard Fortin

-

Bernard Fortin a une voix familière à l’écran: on l’entend depuis 30 ans sous les traits du chef Wiggum, le policier maladroit des Simpson (The Simpsons). «Il y a deux qualités essentiell­es pour exercer le doublage: faire une très bonne première lecture et jouer juste rapidement. Nous devons lire une bande rythmo avec du texte qui se déplace de droite à gauche assez rapidement, tout en regardant ce que l’acteur donne comme émotion ou comme énergie. Et il faut rendre tout ça en le lisant! On regarde une petite boucle de 30 à 45 secondes, et après on se lance... On doit donc travailler rapidement. Les gens pensent souvent, à tort, qu’on travaille des mois sur une production, mais le doublage, ça va vite.» Bernard insiste sur cette difficulté. «À mon humble avis, pour tous les jeunes acteurs qui aimeraient faire du doublage, la première grande difficulté, c’est de suivre le tempo.»

Bernard Fortin a doublé plus d’une trentaine de personnage­s, mais deux l’ont particuliè­rement marqué. «J’ai aimé faire Anatole Bonbon, un alligator du bayou dans la série Cocotte Minute. Il était charmant, en avance sur son temps. Il y a aussi le chef de police Wiggum dans Les Simpson. Je le trouve complèteme­nt farfelu, drôle, et c’est une image des imbéciles de notre société. Les Simpson sont diffusés depuis 30 ans; c’est rare! J’avais 32 ans quand j’ai commencé, j’étais père de deux enfants; j’en ai maintenant trois et je suis grand-père!»

IL A AIMÉ DOUBLER TOM HANKS

Pendant des années, Bernard Fortin a aussi prêté sa voix aux personnage­s des acteurs Woody Harrelson et Tom Hanks. Mais, il y a cinq ans, la voix de Tom Hanks a été confiée à un autre acteur. «On double des comédiens pendant 20 ou 30 ans et, un beau jour, hop, c’est terminé! Ces décisions nous échappent. Pour moi, doubler Tom Hanks, c’était la Ligue nationale: c’est un grand acteur et il était complexe à faire. Chaque fois, il interpréta­it quelque chose de différent. Pour un doubleur, c’est un beau défi.»

Sur le plan de la préparatio­n, il y en a très peu, explique l’acteur. «Lorsqu’on a le premier rôle, on peut avoir l’occasion de visionner le film avant tout le monde. Il s’agira d’une copie du film de mauvaise qualité, puisque le montage n’est pas terminé, mais le dialogue est adéquat. Si on regarde le film au préalable, on a un très bon aperçu de la chronologi­e du personnage. Mais, normalemen­t, lorsqu’on fait deux ou trois heures de doublage sur un film ou une série, on nous explique sur place l’histoire et notre rôle. On travaille également souvent dans le désordre: on peut débuter par la fin, par exemple. C’est particulie­r, le doublage.»

DES RENCONTRES MÉMORABLES

Bernard Fortin dit avoir fait des rencontres mémorables. «J’ai rencontré des grands du doublage: Jean-Louis Millette — un grand acteur —, Luc Durand... des gens que je respecte. De grands directeurs de plateau aussi, du monde important dans ma vie, comme Marc Bellier, qui m’a appris plein d’affaires.»

On verra l’acteur cet automne dans L’heure bleue, où il campe Alain Aubert, et dans la pièce Laurel et Hardy. Bernard a également mis en scène la pièce Un souper d’adieu. «J’aime beaucoup travailler derrière la caméra ou sur le devant de la scène.» Et pour ce qui est du doublage, notre homme a toujours un projet en cours! «En général, Les Simpson reviennent au début de l’automne, alors ça approche. Je ne fais pas juste du doublage, je fais aussi de la traduction simultanée. Je travaille sur une série australien­ne qui s’appelle Le bloc. En doublage, c’est un projet à la fois, on ne sait jamais d’avance, mais tous les mois il y a des sorties de doublages.»

 ??  ??
 ??  ?? Le chef de police Wiggum.
Le chef de police Wiggum.

Newspapers in French

Newspapers from Canada