Francis Ducharme: un artiste protéiforme
LE PRINTEMPS DERNIER, IL A BRILLÉ SUR LES PLANCHES DU TNM DANS LE RÔLE DE BRITANNICUS, ET IL FERA SOUS PEU UNE ARRIVÉE INTRIGANTE DANS UNE AUTRE HISTOIRE, À RADIO-CANADA. FRANCIS DUCHARME EST AUSSI TRÈS ACTIF DANS LE MILIEU DE LA DANSE. DEPUIS PRÈS D’UN AN, IL TRAVAILLE AVEC RILEY SIMS SUR UNE NOUVELLE CRÉATION CHORÉGRAPHIQUE QU’ILS PRÉSENTERONT PROCHAINEMENT.
La proposition était unique, et c’est une des raisons pour lesquelles Francis Ducharme a accepté d’embarquer dans le projet de Danse mutante. Il s’agit en fait d’un relais chorégraphique entre différentes sensibilités et contextes. Mélanie Demers a d’abord créé une pièce originale à Montréal, avant de la transmettre à Ann Liv Young (New York), qui avait carte blanche pour transformer l’original en fonction de sa sensibilité. Elle a ensuite transmis sa création à Kettly Noël, une chorégraphe haïtienne qui travaille à Bamako (Mali), qui a ensuite envoyé son oeuvre à Ann Van den Broek, basée à Anvers (Belgique) et à Rotterdam (Hollande).
«Habituellement, quand on travaille pour un metteur en scène ou un chorégraphe, il y a un désir de sa part et c’est lui qui nous choisit, explique Francis Ducharme. Cette fois-ci, Mélanie Demers a choisi les chorégraphes avec lesquelles on allait travailler. Mais ces dernières ne nous ont pas choisis, et vice-versa. On devait donc rencontrer quelqu’un qu’on ne connaît pas et, en trois semaines, arriver à créer une pièce ensemble. On devait rapidement trouver un langage commun, comprendre ce que chacune voulait faire et démarrer la création.»
Depuis plus d’un an et demi, le danseur et comédien a parcouru le monde avec son acolyte Riley Sims pour aller à la rencontre de chorégraphes d’horizons très différents. «Le langage de la danse va où les mots ne peuvent pas aller. En travaillant avec une New-Yorkaise, ensuite avec une Haïtienne qui vit à Bamako, puis avec une Flamande de Rotterdam, l’anglais reste la langue de communication, mais le travail chorégraphique va ailleurs. Comme elles avaient la possibilité de modifier et de revisiter les pièces des autres, on a exploré des avenues très différentes.»
L’apogée de ce travail de longue haleine se concrétisera par la présentation des quatre versions mutantes de la pièce. «C’est comme un marathon, puisque ça durera près de trois heures, sans arrêt. Ça sera très exigeant pour le corps, mais ça sera un beau défi.»
DES CHOIX ORGANIQUES
Francis Ducharme le reconnaît, ce travail a accaparé beaucoup de son temps dans les derniers mois. «Quand je suis à Montréal, je peux faire un tournage, une répétition de théâtre et d’autres choses dans la même journée. Mais pour ce spectacle, je suis parti longtemps à l’extérieur. Ce sont des choix. Après Britannicus, je savais que j’allais faire davantage de danse cette année. Mais je vais revenir au théâtre à l’automne 2020.»
L’interprète de 38 ans affirme choisir les projets avec son coeur, tout en multipliant les disciplines. «Les projets de théâtre ont une vie plus courte. On les joue une trentaine de fois et c’est terminé. Les projets de danse sont plus longs. On les joue cinq fois à Montréal, mais par la suite on a souvent des représentations en Europe ou ailleurs.»
En oeuvrant tant au cinéma qu’au théâtre, à la télé et en danse, Francis Ducharme a créé sa propre voie. «Je travaille beaucoup, parce que c’est avant tout une passion. J’avais envie de créer mon propre chemin. Je n’ai pas beaucoup de modèles qui font la même chose, à part Marc Béland, qui a aussi beaucoup dansé. J’ai plusieurs cordes à mon arc et je peux varier les projets. Je me trouve très chanceux que les différentes sphères artistiques fonctionnent pour moi.»
NOUVEAU PERSONNAGE
Francis Ducharme sera présent à la télévision cet automne avec un nouveau personnage dans la série Une autre histoire. «Je vais incarner un super beau personnage très ambigu. C’est un gars qui a l’air gentil, mais qui est mystérieux. Il ne fait pas partie de la famille, mais il va se rapprocher du personnage de Benoît McGinnis pour déranger un peu ce qui est en place. C’est le fun à jouer en tant qu’acteur, parce qu’il faut moduler ses intentions. J’aime beaucoup ça.»
Danse mutante sera présenté du 17 au 21 septembre à l’Agora de la danse, à Montréal, et du 26 au 29 novembre dans le cadre de Parcours Danse.