Échos vedettes

Scandales dans les festivals

Controvers­es à Venise, Deauville et Toronto

- SABIN DESMEULES

Venise a clôturé sa Mostra samedi dernier avec un malaise. Alors que le Lion d’or a été décerné au film Joker, le Grand prix du jury, lui, a été remis à Roman Polanski et à son long métrage J’accuse... ce qui a fait sourciller! Des groupes féministes avaient décrié publiqueme­nt cette sélection avant même la tenue du festival, rappelant les poursuites contre le cinéaste aux ÉtatsUnis pour le viol d’une mineure en 1977. Est-ce pour éviter d’agiter la salle que c’est la blonde de Polanski, l’actrice Emmanuelle Seigner, qui est allée chercher son trophée à sa place?

Mais les cinéphiles n’ont pas trop eu le temps de crier au scandale, puisque la 45e édition du Festival du cinéma américain de Deauville s’est ouverte le vendredi 6 septembre avec un vent de controvers­e: on y a présenté le dernier Woody Allen, Un jour de pluie à New York (sans le principal intéressé), un film boycotté par les salles américaine­s à cause des accusation­s d’abus sexuels auxquelles fait face le réalisateu­r à l’encontre de sa fille adoptive. La toile s’est enflammée et Scarlett Johansson s’en est mêlée dans les pages de Hollywood Reporter, prenant la défense de l’homme de 83 ans et assurant qu’elle retravaill­erait avec lui n’importe quand. «J’ai été très directe avec lui, et il est très direct avec moi. Il maintient son innocence et je le crois», a-t-elle déclaré. La présumée victime de Woody Allen, Dylan Farrow, a réagi avec ironie sur Twitter: «S’il y a bien une chose que nous avons apprise ces deux dernières années, c’est qu’il faut absolument croire les prédateurs masculins qui maintienne­nt qu’ils sont innocents sans les questionne­r, a-t-elle écrit. Scarlett a encore beaucoup de chemin à faire afin de comprendre le sujet qu’elle entend défendre.»

Pendant ce temps-là, le Festival internatio­nal du film de Toronto (TIFF), qui se déroule jusqu’au 15 septembre, a aussi eu droit à son moment controvers­é. L’actrice Susan Sarandon a déversé son fiel sur les Oscars alors qu’elle se trouvait samedi dans la Ville Reine pour présenter son dernier film, Blackbird, de Roger Michell. On lui a rappelé qu’il n’était pas rare de voir des oeuvres montrées en primeur au TIFF se retrouver aux Oscars. Elle en a profité pour dénoncer l’influence du lobbying dans les choix de l’Académie. «Il est impossible de rivaliser avec certains des films défendus par les Harvey Weinstein de ce monde», a été l’une de ses déclaratio­ns qui ont fait réagir dans les médias et sur la Toile. «On n’avait pas besoin de dépenser d’argent lorsque j’ai été sélectionn­ée à cinq reprises et j’ai gagné une fois», a-t-elle lancé en faisant allusion à son Oscar et à ses nomination­s pour sa performanc­e dans La dernière marche, en 1996. «Ça n’arriverait plus aujourd’hui.» L’Académie prendra-t-elle des notes? Que de scandales dans les festivals!

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Susan Sarandon Emmanuelle Seigner

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