Céline Dion: les coulisses de notre rencontre avec la star
«Je ne vis plus physiquement avec René, mais il m’habite. Il est toujours présent d’une façon ou d’une autre. Il faut comprendre que je n’ai pas seulement perdu mon mari, j’ai aussi perdu mon manager et le père de mes enfants.»
RENCONTRER CÉLINE DION N’EST JAMAIS UN ÉVÉNEMENT BANAL. ON NE SAIT JAMAIS DANS QUEL ÉTAT D’ESPRIT SERA LA STAR, MAIS ON SAIT QU’ELLE SERA GÉNÉREUSE, ET PEUT-ÊTRE ENCORE PLUS AVEC LES MÉDIAS QUÉBÉCOIS. DANS LE PLUS GRAND SECRET, NOTRE JOURNALISTE A ÉTÉ INVITÉ À PARTICIPER À UNE TABLE RONDE AVEC QUELQUES AUTRES MÉDIAS DANS UN HÔTEL DU CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL. IL NOUS RACONTE LES DESSOUS DE CETTE RENCONTRE EXCEPTIONNELLE.
Après avoir passé l’été au Québec avec ses enfants, Céline Dion a repris le travail afin de préparer sa tournée Courage et de terminer son prochain album en anglais, qui doit sortir quelque part en octobre. Début septembre, Sony a invité quelques médias triés sur le volet pour leur faire écouter en primeur une sélection de chansons — qui pourraient se retrouver sur le disque —, avant de leur donner l’occasion de s’entretenir avec la chanteuse. L’ensemble de cet événement devait rester confidentiel; le disque de la Québécoise la plus célèbre de Las Vegas n’est pas encore terminé, mais comme la première mondiale de la tournée approchait, la maison de disques voulait donner un aperçu de ses nouvelles chansons.
Le rendez-vous est donc fixé un mercredi soir dans un grand hôtel de luxe du centre-ville de Montréal inauguré récemment. L’entrée est discrète et le lobby est situé au troisième étage. Tous les accès sont contrôlés, et on apprendra plus tard que le personnel de l’hôtel n’était même pas au courant que la star était dans ses murs, question de sécurité.
Une employée de Sony vient ensuite nous chercher pour nous amener dans le saint des saints, une suite située au 10e étage dans laquelle on s’installe pour écouter les chansons qui pourraient figurer sur l’album, dont le titre est le même que celui de la tournée, Courage.
Après avoir signé une entente de confidentialité impliquant un embargo jusqu’au 18 septembre, on peut enfin entendre les premières notes de ce nouvel album tant attendu, puisque sa genèse remonte à plusieurs années. On s’aperçoit rapidement que Céline a voulu explorer de nouvelles avenues musicales, tout en restant dans un registre de grandes ballades up-tempo qui a fait son succès. Courage est la chanson-titre qui donne le ton. Suivront Imperfections, produite par DallasK, et Lying Down, signée par Sia et David Guetta, qui avait été dévoilée en mai dans le segment «Carpool karaoké» du The Late Late Show à CBS; une chanson faite pour danser. On reconnaît également Flying on My Own, sortie en juin, lors des derniers concerts de la diva à Las Vegas.
EN ATTENTE
Après plusieurs écoutes des titres sélectionnés, les médias sont invités à prendre un verre et une bouchée au bar de l’hôtel, en attendant de pouvoir rencontrer la star qui, pendant ce temps, donne déjà des entrevues pour les stations de télévision et certains médias anglophones, dans une autre suite du même étage, où se promènent plusieurs gardes du corps à la mine patibulaire. Notre rencontre, au cours d’une table ronde réunissant des médias écrits et radios, est prévue pour 21 h. On patiente agréablement; le bar de l’hôtel est incroyablement fréquenté pour un milieu de semaine, et un groupe de musique met une certaine ambiance, qui donne même le goût à plusieurs clients de danser.
De décalages en retards, il est rendu 23 h 15 lorsqu’un responsable de Sony nous annonce que l’heure de notre rencontre est enfin arrivée. Si la fatigue commence à se faire sentir, la perspective de parler enfin à la star fouette les troupes, et on est tous crinqués comme des clowns dans une boîte, prêts à sortir nos questions nécessairement pertinentes sur la vie et l’oeuvre de la chanteuse.
EN TOUTE SIMPLICITÉ
Alors qu’on entre dans la suite — la même où on a pu écouter les chansons —, Céline nous accueille chaleureusement. Vêtue sobrement d’un joli chemisier orné de licornes et d’un pantalon marine, elle arbore un large sourire en s’excusant de l’attente qu’elle nous a imposée et du retard dans son horaire. Devant autant de simplicité et de chaleur humaine, elle est bien vite pardonnée. Tout à fait à l’aise, malgré la présence d’une demi-douzaine de membres de son équipe, dont le fameux Pepe Muñoz qui s’occupe notamment de ses looks, elle nous invite à nous asseoir autour de la table. Tout en nous montrant son (nombreux) entourage, elle plaisante: «Comme vous voyez, je voyage très léger quand je me déplace.» L’ambiance est détendue et conviviale. En face de nous, ce n’est plus une star internationale qui a vendu près de 230 millions de disques à travers le monde, mais une artiste et une femme qui a envie de se livrer avec sincérité et générosité.
LA PRÉSENCE DE RENÉ
Après avoir souvent répété en entrevue qu’elle était désormais le boss depuis le départ de son mari, René Angélil, elle tient néanmoins à nuancer ses propos. «Je suis un boss avec plein d’autres boss. L’équipe autour de moi est restée la même. Ces gens-là travaillent depuis au moins 20 ans avec nous. Ils ont porté attention à chaque parole et au jugement de René; ils ont beaucoup appris de lui, moi la première. On est toujours en train de se demander ce que dirait
René, ce qu’il penserait. René fait toujours partie des discussions, des choix de chansons, des décisions... Il a été tellement fort qu’il est encore ici!»
Si elle s’est toujours impliquée du temps de René, elle confirme qu’elle s’implique encore davantage dans les décisions et les choix stratégiques. «C’est ça le gros changement! Je suis toujours aux meetings et je dis ce que je pense. Si, parfois, quelque chose de farfelu me passe par la tête, je n’ai rien à perdre à dire mes idées folles. La pensée est libre. Mais parfois, il y a de bonnes choses dans les idées folles. Ce n’est pas la nouvelle Céline, c’est sa continuité.»
Elle reviendra sur René Angélil, dont la présence se fait toujours sentir. «Je ne vis plus physiquement avec lui, mais il m’habite. Je ne peux plus jamais m’ennuyer de sa présence; il est toujours présent d’une façon ou d’une autre. Il faut comprendre que je n’ai pas seulement perdu mon mari, j’ai aussi perdu mon manager et le père de mes enfants. Depuis que j’ai 12 ans, René m’a toujours dit que j’étais sa chanteuse préférée et qu’il s’occupait de tout. Avant, je ne m’occupais jamais de rien. Il voulait juste que j’aie du plaisir et que je réalise mon rêve.»
VOLUBILE ET ASSUMÉE
On n’a pas besoin de poser de nombreuses questions à Céline pour meubler la conversation, elle est très volubile. Elle se confie aisément, même quand on aborde des sujets plus délicats, comme toutes les critiques auxquelles elle a dû faire face dans les dernières années, que ce soit à propos de ses vêtements, de son poids ou de certains membres de son entourage. «On va s’entendre sur une chose, lance-t-elle immédiatement. Si on n’est pas prêt à se faire critiquer, positivement ou négativement, on est dans le mauvais bateau. Si ça devait m’affecter, je ne pourrais plus chanter. Mais ça ne me donne rien de savoir ce que pense untel ou untel. Je n’ai pas de temps à perdre à lire tout ce qui s’écrit sur moi.»
Au Québec, pour lancer sa nouvelle tournée mondiale Courage, la star n’a néanmoins pas voulu donner trop de détails sur ce qui attend les spectateurs. «Je n’ai jamais fait un nouveau show en présentant tout un album. On prend généralement trois ou quatre nouvelles chansons pour donner un avant-goût de l’album à découvrir. Je m’apprête à faire une tournée parce que j’en ai envie. Je sors un album parce que j’ai reçu des chansons extraordinaires et que j’ai encore envie de chanter. Je vais aussi donner aux gens ce qu’ils veulent entendre, c’est-à-dire les chansons incontournables comme Because You Loved Me, The Power of Love ou encore My Heart Will Go On. Je vais aussi avoir une nouvelle scène et de nouveaux costumes.»
MÈRE, FEMME ET CHANTEUSE
Céline Dion est une femme forte, entière, remplie de convictions. Mais quand il est question de ses enfants, un grand sourire illumine son visage et ses yeux deviennent brillants. «Je vois mes enfants être heureux, surtout quand on est au Québec. Quand il pleut, ils sortent avec des chaudières pour récolter de l’eau parce que ça n’arrive jamais à Vegas. Les voir courir au jardin pour aller chercher une tomate, c’est tellement le fun! Je regarde ça, je vois mon enfance, je vois mes frères et soeurs, je vois notre jardin, et je me dis que cette vie-là n’a pas de prix.»
Par contre, les enfants ne suivront pas leur mère durant sa prochaine tournée mondiale; ils resteront à la maison. «D’abord, mes trois enfants font l’école à la maison. Par exemple, pour les tournées précédentes, on était basés à Paris, et je faisais l’aller-retour dans les environs. Cette fois-ci, on bouge beaucoup plus fréquemment, on se déplace plus rapidement et, souvent, la logistique est très problématique. Les enfants vont donc rester à la maison. Mais j’ai fait un test: je suis récemment partie huit, dix jours à Paris pour la Fashion Week. Je pensais qu’ils allaient s’ennuyer de moi, mais finalement, ils n’avaient même pas le temps de me parler sur Skype. J’étais contente qu’ils ne s’ennuient pas de moi; ils sont occupés toute la journée.»
En terminant, Céline avait quand même un mot à dire sur son plaisir de redécouvrir son pays d’origine. «C’est un besoin de revenir au Québec. Je ne le fais pas assez régulièrement pour différentes raisons, notamment parce que je travaille beaucoup. Commencer la tournée ici me donne la possibilité d’être à la maison, de voir ma famille et d’être avec mes enfants.»
L’entourage de Céline est très présent tout au long de la rencontre avec les médias, n’hésitant pas à donner des précisions sur une date ou une information si elle le demande. Toujours généreuse de son temps (ce qui explique sans doute pourquoi notre entrevue a commencé aussi tard), la star a ensuite pris le temps de prendre une photo avec chacun des journalistes. Si la générosité devait être incarnée, elle ressemblerait à Céline.