Échos vedettes

Lindsay-De Larochelli­ère: conciliati­on vie privée, vie publique

- JEAN-FRANÇOIS BRASSARD

AUJOURD’HUI, CE N’EST PAS DANS UN LIEU PUBLIC

QU’ON S’ENTRETIENT AVEC ANDREA LINDSAY ET LUC DE LAROCHELLI­ÈRE, MAIS À LA MAISON. ET PAS N’IMPORTE

LAQUELLE: LA LEUR! UNE INVITATION D’AUTANT PLUS SURPRENANT­E QUE, DEPUIS QU’ON LES CONNAÎT, LA DISCRÉTION EST UN TRAIT DE PERSONNALI­TÉ QUI CARACTÉRIS­E AUTANT L’UN QUE L’AUTRE. décennies, notre On connaît paysage tandis le en grand 2006 qu’Andrea Luc avec depuis La est belle arrivée trois étoile, bonnes dans un délicieux premier disque. Leurs routes parallèles allaient éventuelle­ment se croiser et, en 2012, les Lindsay-De Larochelli­ère nous offraient un premier album à la hauteur de leur immense talent d’auteurs-compositeu­rs, C’est d’l’amour ou c’est comme. À la fin de l’année dernière, ils remettaien­t ça avec S’il n’y avait que nous. On sonne aujourd’hui à leur porte pour parler de leur tournée et deviser sur la vie publique d’un couple privé. large Driiiiing! sourire, Le alors chanteur que le ouvre journalist­e la porte passe avec à un un cheveu de piquer une fouille sitôt qu’il met le pied sur le paillasson. L’équilibre retrouvé nous permet d’apprécier les lieux. C’est doux, c’est sobre, c’est de bon goût, c’est à l’image des propriétai­res. Ce qui ne gâte rien, le café est exquis et l’éclairage, tamisé. La table est mise pour une bonne jasette. Seul absent: Louis, trois ans et demi, pas mal trop occupé à régler des dossiers importants à la garderie pour venir rendre visite à ses parents.

LES QUATRE MAINS SUR LA POIGNÉE

C’est drôlement calme et feutré, ici. Apaisant. Au sous-sol, une pièce a été aménagée pour gosser des chansons, mais au rez-de-chaussée, aucune trace de la trentaine d’années de carrière de Monsieur ou de la quinzaine de Madame. Sur un mur de la salle à manger, une peinture, fort belle, qui rappelle que l’auteur-compositeu­rinterprèt­e a étudié les arts plastiques Vieux-Montréal. au Cégep du Le journalist­e suit la carrière de Madame et Monsieur depuis leurs débuts. Quelques pochetées d’entrevues et de spectacles plus tard, il partage son étonnement de se trouver dans l’intimité de ces deux artistes relativeme­nt secrets. Une première entrevue avec Andrea en 2008. Elle se souvient: «Mon équipe m’avait suggéré de ne pas dire que j’étais avec quelqu’un et de ne pas révéler mon âge. Je venais d’avoir 30 ans. J’étais mal à l’idée de cacher quelque chose. Je trouvais ça difficile. Parfois, les gens veulent imaginer que tu es célibatair­e et croire que tu es accessible. Ce n’est pas sain d’être obligé de mentir tout le temps.» Ainsi parle cette femme qui, sous l’oeil du public, mène une partie de sa carrière main dans la main avec son chum, qui est le père de son enfant. Un monde semble s’être écoulé entre hier et aujourd’hui.

par Les souci temps de changent. transparen­ce Alors, que on par s’adapte. nécessité. Tant Luc fait remarquer: «Je suis plus ouvert sur certaines affaires. J’assume qui je suis. Si je suis bien avec ça, pourquoi ne pas le montrer? Aujourd’hui, on est en charge de plus de choses pour se faire exister. Il y a la création de musique, la chanson... Il faut amener ces chansons-là aux gens, tandis qu’il y a des canaux de diffusion qui n’existent plus. Il faut réussir à passer tout en se respectant. De mon côté, il y a des lignes qui ont changé de place. Quand j’étais jeune, j’étais plus réfractair­e.»

Aussi, à l’ère du Web et constatant l’état des lieux, les Lindsay-De Larochelli­ère entrouvren­t la porte, mais gardent les mains sur la poignée. Luc reprend: «On a décidé qu’on allait jouer avec ça. On a une maison et un téléphone. Alors, oui, on ouvre les portes parce que ça part de là. Notre maison devient en quelque sorte un lieu de diffusion. Ça n’était pas le cas avant. Mais, bon! On n’ira pas trop loin dans la vie privée, mais on va plus loin qu’avant.»

Dans cet esprit, le couple a mis en ligne un savoureux clip maison — littéralem­ent — pour la chanson On fait la moue. Il y en aura d’autres.

LA MATHÉMATIQ­UE DU COUPLE

À ce moment-ci, il convient de mettre à l’épreuve la transparen­ce d’Andrea. Allons-y subtilemen­t et avec tact: «Quel âge as-tu?» Elle hésite. Non pas par coquetteri­e, mais simplement parce qu’elle réfléchit tout le temps. Puis, dans un éclat: «43!» Une exclamatio­n qui rime avec Eureka! «Le temps passe vite. J’oublie mon âge...»

Si elle n’est pas douée pour les chiffres, elle peut compter sur son chum pour administre­r la

conciliati­on travail-famille. Elle explique: «Louis aura quatre ans en juillet et il est à la garderie. Éventuelle­ment, il ira à l’école, où il devra être du lundi au vendredi. Il faudra toujours que Luc ou moi soyons à la maison. Donc, c’est maintenant qu’il faut faire notre tournée.» Puis, en souriant: «C’est Luc qui a fait les maths.»

La beauté de la chose est que le gamin accompagne ses parents en tournée, nounou en sus. Maman reprend: «Avoir l’enfant autour, ça donne une énergie qui se sent dans le spectacle. Je suis contente qu’il ait accès à ça. Je trouve ça inspirant, aussi, d’aller sur la route et de lui faire visiter le Québec.»

Papa, qui est déjà père de Claudel, 24 ans, aborde cette étape de sa vie et de sa carrière avec grand enthousias­me: «Quand elle était en bas âge, elle ne me suivait pas en tournée, alors j’ai vécu des périodes d’ennui. Cette fois, j’avais envie qu’on vive cette période de travail avec Louis.»

N’empêche, un peu plus tard avec Claudel, Luc a été à même de constater à quel point ce mariage travail-famille peut donner des fruits extraordin­aires. «En 2011, année où j’avais été le Passeur du Festival en chanson de Petite-Vallée, elle m’avait accompagné en Gaspésie. Elle m’en parle encore! Ce sont des moments incroyable­s.»

La richesse du partage, le plaisir de faire naître l’étincelle dans l’oeil de l’autre et le bonheur décuplé font dire à Andrea: «La carrière fait vivre la famille et l’âme. On fait ce métier parce qu’on l’aime et qu’on a besoin de faire ça. Avant, je pouvais être plus égoïste dans ma réflexion. Si je vivais une vie de bohème ou si j’avais des années plus creuses, ça n’était pas grave. Un enfant doit avoir accès à toutes les opportunit­és. Maintenant, je pense à sa qualité de vie avant toute chose.»

QUAND LA FAMILLE DÉBARQUE

La tournée S’il n’y avait que nous est encore jeune de cinq représenta­tions, et Louis a accompagné ses parents à trois d’entre elles. «C’est l’fun! s’enthousias­me son père. On se sent comme une petite caravane qui arrive avec la gardienne. Ça change l’ambiance. Même pour les diffuseurs qui nous reçoivent, c’est comme une famille qui arrive.» Sa mère ajoute, amusée: «Il y a même une place où il y avait une baignoire en arrière. Louis a pris son bain pendant le show.»

Lindsay et De Larochelli­ère ont un sens de l’humour bien aiguisé. Deux pince-sansrire qui manient l’ironie avec maestria. Ça se manifeste dans leurs chansons, mais aussi dans leurs interventi­ons sur scène. Luc: «On veut faire du bien, en fait. L’humour crée un lien.»

Sur scène, ils sont accompagné­s de Marc Pérusse (guitare et basse), Claude Pineault (basse et claviers) et Justin Allard (batterie). Le programme est essentiell­ement constitué des pièces de leurs deux albums, C’est d’l’amour ou c’est comme, paru en 2012, et du tout récent S’il n’y avait que nous. De l’excellent matériel magnifié par quelques perles pigées dans leur répertoire solo. Sans vouloir gâcher l’effet de surprise, il n’est pas déraisonna­ble d’espérer, notamment, Les yeux de Marie de l’une et Si fragile de l’autre.

De son premier spectacle, le duo avait donné quelque 120 représenta­tions. Impression­nant. Qu’a-t-il retenu de cette aventure? «Qu’on voulait refaire ça!» lance spontanéme­nt Andrea en riant. «C’est déjà beaucoup.»

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C’est le calme dans la maison... avant que Louis ne revienne de la garderie!
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Le 8 octobre avait lieu le lancement de S’il n’y avait que nous à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Les 7 et 8 février, le duo y retournera pour présenter le spectacle qui en découle. Pour connaître les dates de la tournée: lucdelaroc­helliere.com.

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