Bonheur Mobile dans les ruelles d’Hochelaga
DEPUIS LE DÉBUT DU MOIS D’AVRIL, UNE ÉTRANGE PARADE ARPENTE LES RUES DU QUARTIER HOCHELAGA, À MONTRÉAL. IL S’AGIT D’UN COLLECTIF D’ARTISTES DE CIRQUE, ISSUS DE PLUSIEURS COMPAGNIES, QUI PROFITENT DE LEUR CONFINEMENT POUR TENTER DE METTRE DES SOURIRES SUR LE VISAGE DES HABITANTS DE CE QUARTIER DÉFAVORISÉ. UNE INITIATIVE QUI POURRAIT CONNAÎTRE UN DÉVELOPPEMENT À LA GRANDEUR DE LA VILLE.
Avant la pandémie, rien ne laissait présager la une manière de revenir à la source. On se souvient création de Bonheur Mobile, un projet de parade que Gilles Ste-Croix marchait sur ses dans les ruelles d’Hochelaga. «Nous étions tous échasses dans la rue à la création du Cirque du en tournée à travers le monde, avec nos différentes Soleil.» La première parade a eu lieu au début compagnies, a raconté Antoine Carabinier du mois d’avril et, depuis, elles se poursuivent à Lépine du Cirque Alfonse. On a tous dû annuler raison d’une par semaine. nos tournées respectives et revenir au Québec. Comme on n’avait plus rien à l’agenda, au moins pour les six prochains mois, on s’est demandé ce qu’on pourrait faire pour continuer à pratiquer notre art, tout en respectant les mesures de distanciation physique.»
Les six artistes de cirque ont alors eu l’idée de faire une parade dans les ruelles. «On habite tous dans Hochelaga, un quartier qui nous tient à coeur. Parader dans les ruelles était, selon nous, la meilleure façon, car les gens se retrouvent souvent sur leur balcon. Et puis, c’est
CRÉATION ET DÉBROUILLARDISE
Tout en gardant plusieurs mètres de distance entre eux, les membres de Bonheur Mobile arrivent à créer des univers complètement festifs à chacune de leurs sorties. «Il y a différentes thématiques en fonction des parades; ça nous allume d’explorer différentes choses. Une fois, il neigeait le matin de la parade et quelqu’un a proposé de faire une thématique de Noël. Récemment, un de nous a construit une marionnette géante avec des cannettes. Ça touche et ça rejoint les gens.»
Habitués de travailler avec des contraintes, ils en deviennent d’autant plus créatifs. «Dans les parades, ce n’est pas forcément évident de faire du cirque comme on le fait habituellement. Il faut que ça avance, il n’y a pas forcément de hauteur à cause des arbres. On essaie de trouver des thèmes ou des façons de faire différents. Notre but est juste de mettre un sourire dans le visage du monde, qui est confiné depuis plusieurs semaines. C’est incroyable de voir les gens sur leur balcon, tellement heureux de nous voir passer dans leur ruelle.»
EN DÉVELOPPEMENT
Devant l’engouement suscité par leur initiative, Antoine Carabinier Lépine et ses amis ont décidé de créer un OBNL (organisme à but non lucratif), qui leur permettrait d’exporter leur parade dans d’autres quartiers de Montréal et de pouvoir gagner un peu d’argent avec leur projet. «Il y a déjà quelques arrondissements qui nous ont contactés. Mais c’est assez complexe, car même eux ne savent pas trop comment leur budget fonctionne en rapport avec la culture. Il y a aussi le fait qu’on ne doit pas prévenir les gens à l’avance de notre passage, car on ne veut pas provoquer de rassemblements. Nos parades ne sont jamais annoncées.» L’idée fonctionne, la volonté est présente et l’engouement du public est réel. Il ne reste plus qu’à attacher les dernières ficelles pour que ce projet connaisse son plein potentiel.
UN CIRQUE EN PAUSE
Concernant particulièrement le Cirque Alfonse — à qui l’on doit les spectacles Timber!, Barbu et plus récemment Tabarnak —, tous les projets sont sur la glace pour le moment. Il devait normalement ouvrir le Festival Montréal Complètement Cirque avec sa nouvelle création, Animal, histoire de ferme, mais le festival a été annulé pour cette année. «Si ça se déconfine un peu plus, on devrait travailler durant l’été sur notre nouvelle création pour présenter le spectacle à l’automne, mais rien n’est confirmé pour le moment. On se pose plein de questions sur notre création, sur la manière dont on veut repartir après. C’est encore difficile de savoir comment tout va changer.»