Échos vedettes

Denis Bernard: «Michel était un homme très secret»

- − Denis Bernard SAMUEL PRADIER

ILS SE SONT FRÉQUENTÉS PENDANT PRÈS DE 40 ANS DANS CE MÉTIER, JUSQU’À DEVENIR DES AMIS PROCHES. MICHEL DUMONT ET DENIS BERNARD SONT AUSSI DES HOMMES TRÈS DISCRETS DANS LEURS RELATIONS, UN DE LEURS NOMBREUX POINTS EN COMMUN.

Denis, quels souvenirs gardez-vous de Michel Dumont?

Il y a des centaines de souvenirs que je vais conserver, mais Michel, c’était d’abord et avant tout une présence rassurante, vivifiante et touchante. Ça va nous manquer terribleme­nt. Peu importe le moment, sa qualité de présence le rendait terribleme­nt attachant. On l’aimait profondéme­nt.

Avez-vous souvent partagé la scène avec lui? On a souvent joué ensemble, mais je me souviens de deux production­s importante­s: La mort d’un commis voyageur et L’habilleur, qui ont été pour nous deux grands moments de théâtre. Il y a eu plusieurs autres spectacles, et on a aussi joué ensemble à la télé, dans la série Yamaska et dans la quotidienn­e Marilyn.

Vous étiez aussi deux directeurs de théâtres importants à Montréal. Aviezvous une complicité sur ce plan?

On gérait deux compagnies, La Licorne et Duceppe, qui poursuivai­ent le même objectif de rassembler et de s’adresser au plus large spectre possible. On partageait aussi un intérêt pour la dramaturgi­e moderne et contempora­ine. Quand on travaillai­t sur des projets communs, on avait beaucoup d’échanges là-dessus. À La Licorne, on jouait plus des pièces d’auteurs britanniqu­es, alors que Duceppe faisait plus jouer des pièces d’auteurs américains, quand ce n’était pas Québécois. Il faut dire que Michel Dumont a fait énormément pour la dramaturgi­e québécoise. Il a proposé des saisons entièremen­t québécoise­s chez Duceppe; c’était un geste d’affirmatio­n extrêmemen­t important.

Étiez-vous aussi en contact en dehors du travail?

Michel était un homme très secret et discret dans ses relations. Il n’avait pas d’enfant. Sa famille était celle formée par les acteurs et les membres de la compagnie Duceppe quand il travaillai­t. Le reste du temps, il était à la maison avec sa femme, Manon. Il passait aussi beaucoup de temps avec son beaufrère, Jean-Guy, qui était aussi son meilleur ami. Il avait ce clan très près de lui.

Avez-vous pu échanger avec lui dernièreme­nt?

On s’est écrit ce printemps. On a échangé des courriels. Il m’avait dit qu’il préférait qu’on s’écrive, car il n’avait pas une très bonne voix. Il se fatiguait vite à cause de sa voix chancelant­e. On s’est aussi croisés, il y a environ un an, et on a pu se serrer dans nos bras. C’est ça le plus important.

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