Denis Bernard: «Michel était un homme très secret»
ILS SE SONT FRÉQUENTÉS PENDANT PRÈS DE 40 ANS DANS CE MÉTIER, JUSQU’À DEVENIR DES AMIS PROCHES. MICHEL DUMONT ET DENIS BERNARD SONT AUSSI DES HOMMES TRÈS DISCRETS DANS LEURS RELATIONS, UN DE LEURS NOMBREUX POINTS EN COMMUN.
Denis, quels souvenirs gardez-vous de Michel Dumont?
Il y a des centaines de souvenirs que je vais conserver, mais Michel, c’était d’abord et avant tout une présence rassurante, vivifiante et touchante. Ça va nous manquer terriblement. Peu importe le moment, sa qualité de présence le rendait terriblement attachant. On l’aimait profondément.
Avez-vous souvent partagé la scène avec lui? On a souvent joué ensemble, mais je me souviens de deux productions importantes: La mort d’un commis voyageur et L’habilleur, qui ont été pour nous deux grands moments de théâtre. Il y a eu plusieurs autres spectacles, et on a aussi joué ensemble à la télé, dans la série Yamaska et dans la quotidienne Marilyn.
Vous étiez aussi deux directeurs de théâtres importants à Montréal. Aviezvous une complicité sur ce plan?
On gérait deux compagnies, La Licorne et Duceppe, qui poursuivaient le même objectif de rassembler et de s’adresser au plus large spectre possible. On partageait aussi un intérêt pour la dramaturgie moderne et contemporaine. Quand on travaillait sur des projets communs, on avait beaucoup d’échanges là-dessus. À La Licorne, on jouait plus des pièces d’auteurs britanniques, alors que Duceppe faisait plus jouer des pièces d’auteurs américains, quand ce n’était pas Québécois. Il faut dire que Michel Dumont a fait énormément pour la dramaturgie québécoise. Il a proposé des saisons entièrement québécoises chez Duceppe; c’était un geste d’affirmation extrêmement important.
Étiez-vous aussi en contact en dehors du travail?
Michel était un homme très secret et discret dans ses relations. Il n’avait pas d’enfant. Sa famille était celle formée par les acteurs et les membres de la compagnie Duceppe quand il travaillait. Le reste du temps, il était à la maison avec sa femme, Manon. Il passait aussi beaucoup de temps avec son beaufrère, Jean-Guy, qui était aussi son meilleur ami. Il avait ce clan très près de lui.
Avez-vous pu échanger avec lui dernièrement?
On s’est écrit ce printemps. On a échangé des courriels. Il m’avait dit qu’il préférait qu’on s’écrive, car il n’avait pas une très bonne voix. Il se fatiguait vite à cause de sa voix chancelante. On s’est aussi croisés, il y a environ un an, et on a pu se serrer dans nos bras. C’est ça le plus important.