Échos vedettes

Eve Landry: elle joue... à la radio

EN 2020, EVE LANDRY DEVAIT FAIRE SON GRAND RETOUR SUR LES PLANCHES. LES CIRCONSTAN­CES ONT PLUTÔT FAIT EN SORTE QU’ELLE PARTAGE LA VEDETTE DANS LE RADIOTHÉÂT­RE J’ACCUSE ET QU’ELLE PUISSE ENFIN S’OFFRIR DES VACANCES EN FAMILLE.

- JEAN-FRANÇOIS BRASSARD

Oui, le moral est bon, même si Eve Landry a vécu des périodes d’insécurité depuis mars dernier. En avril et mai, elle devait jouer dans Fun Home – Album de famille chez Duceppe, avant de reprendre la pièce durant tout le mois de juillet à Saint-Jérôme. Puis, ç’aurait été au tour du TNM de l’accueillir dans une pièce qui, finalement, a été reportée à l’an prochain.

«J’ai vécu la crise sanitaire en famille, et ça s’est quand même bien passé, commence-t-elle par dire. Sur le plan profession­nel, tout le monde est passé par les mêmes déceptions. Après les projets annulés, j’ai dû vivre cette période en m’adaptant au fait d’être redevenue maman à temps plein et en attendant que les gouverneme­nts se prononcent face au sort des artistes. On a compris bien assez vite qu’on n’était pas un service essentiel! Ça a donné un bon coup de désespoir...»

Après s’être un court moment remise en question, la maman de Frédérique, trois ans, et de Louis, deux ans, a engrangé des souvenirs. «Je retiens surtout de magnifique­s moments en famille. On s’est gâtés. Je n’avais jamais eu deux mois de vacances depuis sept ans, alors on les a pris et on en a profité.» D’abord en ville, puis auprès de sa famille, dans sa région natale de Kamouraska, durant tout le mois de juillet, avec chum et enfants.

UNE PIÈCE RENTRE-DEDANS

Si on ne peut la voir sur les planches, on peut tout de même l’entendre jouer! Depuis le 6 août, ICI Première diffuse le balado J’accuse. Outre Eve, cette pièce d’Annick Lefebvre met en vedette Catherine Trudeau, Alice Pascual, Debbie Lynch-White et Léane Labrèche-Dor, dans une mise en scène de Sylvain Bélanger. Le même générique que lors de sa création au Théâtre d’Aujourd’hui en 2015.

J’accuse, ce sont cinq monologues livrés par des femmes qui ragent. Une pièce on ne peut plus actuelle et pertinente. «C’est une pièce rentre-dedans, commente la comédienne. C’est très direct et très chargé. En sortant du théâtre, le monde était tout autant en colère qu’ému.» Quand, à l’époque, on lui a proposé ce texte, il lui était clair qu’elle allait être de l’aventure après avoir lu seulement deux lignes de son monologue. «J’avais trop envie de dire ces mots-là.»

Cinq années se sont écoulées depuis la création de J’accuse. Depuis, il y a eu le mouvement #MeToo et, plus près de nous encore, ce tsunami de dénonciati­ons d’abus de toutes sortes sur les réseaux sociaux. «De par le titre de la pièce, on s’attend à ce que ces femmes revendique­nt et accusent, mais on se rend compte, à mesure que les monologues avancent, qu’elles souffrent beaucoup. Aujourd’hui, j’en fais une lecture différente d’il y a cinq ans. Avec tout l’abus de pouvoir qui ressort en ce moment sur les réseaux sociaux, la pièce prend une autre couleur. Avant, mon personnage jugeait les femmes dont elle parlait. Maintenant, elle les comprend.»

RÉTABLIR LES FAITS

Pendant ce temps, Eve comprend la volonté de certaines femmes de dénoncer sur les réseaux sociaux les abus dont elles disent avoir été victimes. Laissons-lui toute la place... «Je suis abasourdie par le nombre de dénonciati­ons. Ça me rentre dedans. Le fait de passer par les réseaux sociaux, c’est incontourn­able. On n’a pas le choix. On ne scrappe pas des réputation­s, on rétablit des faits. Ces femmes-là ont besoin d’une place où elles peuvent s’exprimer. J’entends plusieurs témoignage­s qui ne me donneraien­t pas le goût d’aller porter plainte et qui détruisent la personne qui se lance dans ce genre de poursuites. Tant mieux si les dénonciati­ons permettent aux prochaines de ne pas se faire avoir.»

La femme de 35 ans dit n’avoir jamais été victime d’abus. Elle ajoute même que, malgré tout, elle conserve une certaine innocence. «Je tiens à garder une part de naïveté. Sinon, je vais me mettre à avoir peur pour mes enfants et je ne serai pas une bonne mère.»

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