«ON EST QUAND MÊME BIEN ÉPAULÉS»
− Stéphan Côté
Quand les premiers gros effets de la pandémie ont commencé à se faire sentir, Mario Pelchat, qui exploite un vignoble à Saint-Joseph-du-Lac avec son épouse, Claire Lemaître-Auger, a traversé une période de questionnement. «Comme tout le monde, j’ai halluciné un peu. C’était du jamais vu. Ensuite, je me suis mis à craindre pour l’économie, pas juste pour ma réalité, mais pour tout. Il y a plein de commerces qui sont en danger ou qui ferment carrément. Je suis extrêmement inquiet pour les artistes que je côtoie, mais pas juste pour eux. Je le suis aussi pour tous ceux qui ont des entreprises.»
Lui-même en affaires, Mario décrit sa situation avec clarté, mais précise à plus d’une reprise que, pour lui, les choses se sont bien passées jusqu’à maintenant. «Ç’a été stressant au début parce qu’on se demandait si on aurait nos travailleurs étrangers, par exemple. J’ai réussi à accueillir les deux qui étaient prévus, mais il y a des exploitations agricoles qui ont plus de 100 employés étrangers qui y travaillent et certaines d’entre elles n’ont pas réussi à avoir leurs ouvriers. Pour ces gens-là, ç’a été vraiment catastrophique.» Pour sa part, les deux travailleurs étrangers qu’il a engagés sont arrivés avec seulement un peu de retard. «Mais ils sont arrivés, j’ai donc été chanceux! Ils ont été en quarantaine 14 jours. Pendant cette période, je devais remplir un registre sur leur état de santé, prendre leur température quotidiennement et m’assurer qu’ils allaient bien. Au bout de deux semaines, ils ont été en mesure de commencer à travailler.»
DES SOLUTIONS ADAPTÉES
Là où la pandémie a eu le plus de répercussions sur l’entreprise vinicole de Mario et Claire, c’est dans leurs projets de construction. «C’est que cette année, on construit notre boutique pour pouvoir accueillir les gens chez nous. Ça a pris énormément de retard et on vient à peine de commencer le chantier, au début du mois de juillet. On n’est donc pas très avancés dans ce projet, ce qui fait que la boutique n’ouvrira pas cette année.» Le couple a su trouver une solution: il a pris la décision d’accueillir quand même les visiteurs, mais seulement les samedis du mois de juillet. «La raison est simple: il fallait absolument se départir du stock de vin qu’on gardait pour l’ouverture officielle de la boutique.
Comme on avait un embouteillage prévu au début du mois d’août, on aurait manqué d’espace pour entreposer le vin.»
Mario réitère que, malgré les inconvénients causés par la pandémie, les choses se sont relativement bien passées pour eux. «Un samedi, en juillet, il y avait une file d’environ 250 pieds de long! C’est certain qu’en gardant deux mètres de distance entre chaque personne, ça ne prend pas de temps qu’on atteint 250 pieds, mais ça a roulé sans arrêt de l’ouverture jusqu’à la fermeture!»
Le vignoble de Mario et de sa conjointe n’est pas ouvert en août, afin de leur permettre de prendre un peu de repos, mais ils accueilleront de nouveau les gens au mois de septembre, les samedis.
POSITIF MALGRÉ TOUT
Interrogé à savoir si des craintes le tenaillaient quant à la possibilité d’une deuxième vague de covid, Mario choisit de rester calme face à cette possibilité. Il fait même un pas de plus. «Je préfère croire qu’il n’y aura pas de deuxième vague, que ça va s’estomper et se terminer. J’aime mieux rester positif et me dire que ça va passer.» Aussi directeur de label pour les entreprises MP3 Disques et MP3 Spectacles, il avoue trouver difficile de donner des conseils aux autres entrepreneurs, lui qui a choisi d’évoluer dans deux domaines plutôt précaires, le vin et la musique. «Quand j’ai commencé à lorgner autre chose que le show-business, j’ai décidé de planter de la vigne. Ma comptable m’a dit: “Toi, vraiment, tu aimes le risque. L’immobilier, ça ne te tente pas?” Oui, c’est certain que l’immobilier est plus sûr, mais ce n’est pas vivant. J’aime la vigne parce que c’est vivant. J’adore le show-business parce qu’il y a des émotions et que ça reste toujours vivant. J’ai besoin de quelque chose qui m’allume, qui vient me chercher et qui me fait vibrer. Si j’ai un seul conseil à donner à des artistes, c’est de trouver en eux ce qui pourrait les allumer si le secteur artistique continue de fonctionner au ralenti, de diversifier leurs affaires. Quand j’entends dire des artistes que c’est tout ce qu’ils savent faire, je n’y crois pas. Je pense que ce n’est pas tout à fait vrai, parce qu’on a tous plusieurs champs d’intérêt et plusieurs choses qui nous passionnent. Je crois que penser à un plan B n’est pas bête. C’est même essentiel.»
Domaine Pelchat Lemaître-Auger
«JE ME SUIS MIS À CRAINDRE POUR L’ÉCONOMIE»
− Mario Pelchat
Stéphan Côté est copropriétaire des jeux d’évasion Immersia, qu’on trouve à Laval et à Boisbriand. «On a rouvert au début du mois de juillet, et les gens sont au rendez-vous», raconte le comédien qui, avec son équipe, a joué de malchance quand les autorités ont décrété le confinement. «On avait prévu pour le 14 mars l’ouverture d’un nouveau scénario, mais deux heures avant le coup d’envoi, on a été obligés de tout annuler parce que le premier ministre a décrété l’état d’urgence sanitaire.» Évidemment, cette annulation de toute dernière minute a occasionné des frais à l’équipe d’Immersia. «Il a fallu mettre ce nouveau scénario sur la glace. Ça coûte environ 40 000 $ pour en développer un. Donc, pour le moment, c’est de l’argent qui dort.»
Malgré les difficultés, Stéphan tient toutefois à dire que ses associés et lui ne veulent surtout pas se plaindre, parce qu’ils sont conscients que tout le monde était dans le même bateau qu’eux. «On est chanceux. De mon côté, ma conjointe, Roxane Filion, qui est aussi chanteuse à l’émission En direct de l’univers, est une comptable aussi efficace que sévère. (rires) Grâce à elle, on a réussi à tenir le cap et on est allés chercher tous les programmes d’aide que les gouvernements ont mis en place. Roxane, et toute l’équipe d’Immersia, ont été formidables dans tout ça!»
MISES À PIED TEMPORAIRES
Comme beaucoup d’entreprises, Immersia, qui compte une trentaine d’employés, s’est vue dans l’obligation de procéder à des coupures quand le confinement a débuté, ce qui n’a pas été facile pour le comédien et ses associés. «C’était vraiment triste. On aime nos employés. Ils sont jeunes et ils ont besoin de leur salaire.» Heureusement, la plupart ont maintenant retrouvé leur emploi, assure Stéphan.
Pour faire face à la tempête, Immersia n’a pas hésité à demander de l’aide. C’est d’ailleurs le conseil qu’il donne aux entrepreneurs qui se trouvent dans la même situation que lui. «Allez chercher l’aide gouvernementale offerte. On est chanceux d’être établis ici, parce qu’il y a bien des pays où les gens sont pas mal plus dans le pétrin que nous. Ici, on est quand même bien épaulés.»