Un nouveau défi emballant!
DE PASSAGE SUR LE PLATEAU DE STAR ACADÉMIE, MARJO A PROUVÉ QU’À 67 ANS, ELLE AVAIT ENCORE ET TOUJOURS DE L’ÉNERGIE À REVENDRE. NOUS L’AVONS RENCONTRÉE DANS SA LOGE APRÈS SA PRESTATION POUR PRENDRE DE SES NOUVELLES.
Le magazine culturel Sucré salé se renouvelle! S’il conserve sa formule habituelle, propice aux instants originaux et uniques, de nouveaux chroniqueurs entrent en scène à compter du 23 mai, parmi lesquels on retrouve la chanteuse Guylaine Tanguay. Celle-ci est fébrile à l’approche de ce grand défi! «C’est toute une surprise dans ma vie, confie la chanteuse country. J’ai touché à l’animation dans mon émission Tout simplement country, et j’ai réalisé que ça me plaisait beaucoup. J’avais récemment dit à mon gérant, qui est aussi mon mari, que j’aimerais avoir une chronique à cette émission. Sucré salé, c’est à la fois vivant, drôle, éclaté et touchant. J’ai autant de plaisir à la regarder qu’à y participer en tant qu’invitée!»
Des auditions se préparaient pour la prochaine saison… Et son mari, Carl Bazinet, a sauté sur l’occasion! «Je me suis préparée et j’ai passé l’audition comme tout le monde, sans passe-droit. Je l’ai fait à ma façon: spontanée, naturelle, mais organisée et hyper bien préparée.» Et son naturel a plu, à son grand bonheur. «Je suis vraiment fière. Je vais avoir une chronique à Sucré salé! Quand vous avez des rêves, vous devez avoir de l’audace. C’est ce que j’ai fait, et ça a payé! J’étais stressée en tabarnouche d’aller faire l’audition, je dois l’avouer. Je chante depuis que j’ai sept ans, mais faire ça, c’est autre chose. Je voulais le faire sans me “trafiquer”, sans devenir quelqu’un d’autre, et ça a valu le coup! »
Patrice Bélanger et son équipe présenteront une émission spéciale le dimanche 23 mai, à 19 h 30, à TVA, pour célébrer le 20e anniversaire de Sucré salé. Les rendez-vous hebdomadaires débuteront le lendemain, le lundi 24 mai, à 18 h 30. Et Guylaine Tanguay s’apprête à sauter à pieds joints dans cette nouvelle aventure, qui l’emballe complètement. «Je rencontre l’équipe virtuellement très bientôt, je suis prête!»
Jointe au téléphone, Mara Tremblay a du soleil dans la voix. «J’ai l’impression que je vis l’amour pour la première fois dans sa pureté. Je suis dans une relation extraordinaire. J’ai l’impression que j’ai 16 ans! Je vais avoir 52 ans et j’ai été trois ans toute seule. La vie a mis sur mon chemin un homme magnifique, un contrebassiste classique. Ça a immédiatement cliqué entre nous deux. Je me sens extrêmement bien avec lui. Je ne m’attendais pas à cela, s’exclame-t-elle. On s’est rencontrés grâce à nos deux enfants, mon fils Édouard et sa fille Éléonore, qui sont amis. Ils ont joué dans les vidéoclips de mon dernier album, Uniquement pour toi.» À l’heure actuelle, elle vit dans une «bulle» avec son amoureux, Jacques Beaudoin. «Comme il a 71 ans, on fait extrêmement attention, précise-t-elle. Ma maison était rendue beaucoup trop grande pour moi, alors j’ai déménagé avec mon chum. En plus, j’ai acheté un condo pour un de mes fils à Montréal. Ça a fait beaucoup de déménagements!»
Comblée en amour, Mara a également une belle relation avec ses enfants. «Mon fils Victor va jouer avec moi le 8 mai pour un spectacle que je donne de façon virtuelle au Théâtre Plaza. Il fait officiellement partie de mon groupe depuis qu’il a 18 ans et qu’il peut entrer dans les bars. Ça fait déjà sept ans qu’il joue avec moi. Il fait aussi partie de deux groupes musicaux, un de hip-hop rap, Dope.gng, et un de rock, Valery Vaughn. Il va enregistrer avec mon autre fils, Édouard.» Édouard, qui a 18 ans, a joué dans Les beaux malaises 2.0, où il a incarné le fils de Martin et Julie. «J’ai trouvé ça très drôle, parce que le sketch où Martin Matte lui apprend à conduire, je le vis présentement avec lui, a dévoilé la fière maman en rigolant. Ça fait un an que je n’ai pas pris mes enfants dans mes bras. Je trouve ça extrêmement difficile, parce que je n’habite ni avec l’un ni avec l’autre.» Heureusement, l’amour est là!
«Pas de chien, pas de chat, pas de char, pas de chum... la paix!»
Le temps ne semble pas avoir de prise sur Marjo. Au top de sa forme, elle était aussi très heureuse de retrouver son métier et de partager la scène avec les jeunes Académiciens, dont elle a suivi le parcours à la télévision. Depuis plus d’un mois, elle a aussi recommencé à faire des spectacles, dans les endroits où cela est possible. «Je chante encore beaucoup. Dans la dernière année, j’ai fait des shows virtuels, mais ce n’est pas évident. Il y a trois caméramans devant toi, pas d’applaudissements entre les chansons, pas de mains tendues, alors que c’est ça, habituellement, notre nourriture… On est dans le vide total. Mais il faut le faire puisqu’on est rendus là aujourd’hui. J’ai aussi fait des spectacles de “bal masqué”, avec des gens qui portaient un masque. Je suis heureuse de le faire, parce qu’il y a quand même un échange avec les gens.»
SA MÈRE AVANT TOUT
Même si elle aimerait bien le faire, la chanteuse n’a pas vraiment le temps de se concentrer sur la création de nouvelles chansons. «C’est maman qui prend toute la place dans ma vie: elle est ma priorité actuellement. Elle était en résidence privée mais, parce qu’elle est une personne à mobilité réduite, on l’a placée dans un CHSLD, qui est très loin de chez moi. J’habite à SaintSauveur et je n’ai pas de voiture. Il faut que je fasse le long chemin aller-retour en transport en commun pour aller la voir. Mais je l’aime tellement que ça ne compte pas.»
À 94 ans, Lorraine, la mère de Marjo, est en pleine forme. «L’établissement où elle est maintenant est très bien. Pour tout dire, la nourriture est même meilleure qu’à sa résidence précédente. Elle est bien traitée, elle mange bien et elle a même repris des forces. Elle est mon modèle, je veux me rendre à cet âge-là! Elle est tellement forte qu’elle va se rendre à 100 ans!»
Le seul point négatif est le temps de transport que la chanteuse doit endurer pour se rendre à son chevet. «Je vais la voir une fois par semaine. Je vis dans la montagne, et heureusement, je suis une grande marcheuse. Je descends au village, il me faut 45 minutes pour rejoindre l’arrêt d’autobus. Ensuite, je prends le bus jusqu’à la gare de Saint-Jérôme, puis le train jusqu’au métro et enfin un autre autobus pour aller jusqu’à la résidence de ma mère. Je reste deux ou trois heures avec elle, puis je fais le trajet inverse. Ça me prend environ 10 heures, mais je suis contente, car je l’ai rendue heureuse. Je l’ai visitée et elle est moins seule. Nos aînés ont besoin d’être accompagnés.»
UNE VIE ACTIVE
Quand elle ne chante pas, Marjo ne manque pas d’occupations dans sa campagne. Elle se lève tôt, et elle est actuellement impatiente de jouer dans son jardin. Surtout, elle ne craint pas la solitude. «Je suis bien dans ma campagne. Pas de chien, pas de chat, pas de char, pas de chum... la paix! Je suis contente parce qu’il commence à faire beau; je suis une fille qui travaille dehors. Je marche aussi beaucoup.»
Avec 45 ans de métier à son actif, Marjo est aussi sa propre productrice et gérante, c’est donc elle qui veille à l’administration de sa carrière. «Je m’occupe de mes affaires; ça aussi, ça me prend beaucoup de temps. J’aimerais bien consacrer plus de temps à l’écriture de nouvelles chansons. J’ai des musiques en stock, mais je n’ai pas encore de textes ni de mélodies. Pour être dans la création, il faut que je ne fasse que ça.»
APRÈS UNE DERNIÈRE ANNÉE AGITÉE ENTRE LA PANDÉMIE, LES DÉNONCIATIONS D’ABUS SEXUELS ET L’ANNONCE D’UNE PAUSE PROFESSIONNELLE, MÉLANIE ET STÉPHANIE BOULAY REVIENNENT AVEC
ANTIGONE, UNE PREMIÈRE CHANSON EMPREINTE DE RÉSILIENCE. UN NOUVEL ALBUM DEVRAIT VOIR LE JOUR PROCHAINEMENT.
Invitées à la demi-finale de Star Académie, Mélanie et Stéphanie Boulay ont révélé être de grandes fans de l’émission, ne ratant aucun Variété ni les quotidiennes. «J’aime l’émission depuis ses débuts, mais particulièrement cette année parce qu’on connaît Rosalie depuis qu’elle a 13 ans, a expliqué Mélanie. Elle a fait nos premières parties quand elle avait 15-16 ans avec ses compositions. On est très fières d’elle, et je suis contente de la voir déployer ses ailes.»
L’élève aurait même dépassé ses mentores, selon Stéphanie. «Quand on l’invitait à faire notre tournée, elle était dans notre univers, comme chez nous. On a essayé de lui passer le plus de lumière possible. Aujourd’hui, c’est comme l’inverse. C’est elle qui nous disait quelle caméra regarder. Elle a assurément plus d’expérience que nous en télévision.»
UN ARRÊT SALUTAIRE
Après une pause professionnelle de quelques mois, Les soeurs Boulay renouent avec la création en sortant un nouveau titre, Antigone. «C’est comme une chanson de renouveau pour nous, a précisé Stéphanie. Il est arrivé plein de choses dans nos carrières et dans nos vies. Il y a eu la pandémie, mais aussi la vague de dénonciations, l’été passé, qui nous a éclaboussées parce que notre maison de disques a été au coeur d’une tempête. On s’est même posé la question à savoir si on avait encore le goût et le courage de continuer.»
Cet arrêt a été salutaire pour faire le point, et finalement, l’envie de recommencer à écrire est rapidement revenue. «C’est donc une chanson de pardon, de guérison et de résilience, a renchéri Mélanie. Elle explique notre démarche. Il s’est passé plein de choses, mais on choisit de regarder vers l’avant, de reconnaître le passé, mais surtout d’attendre ce que le futur a de beau à nous offrir. C’est la main tendue vers la création, vers des relations humaines saines, vers un milieu de travail plus sain, en faisant ce métier pour les bonnes raisons.»
UN ALBUM À VENIR
Les soeurs Boulay confient d’ailleurs être «en feu» sur le plan créatif pour l’écriture de leur nouveau matériel. «On a beaucoup d’inspiration, avance Mélanie. J’attends un bébé qui va arriver à la fin de l’été. C’est sûr qu’il n’y aura pas d’album d’ici là, mais il y a quelque chose qui se met en branle tranquillement.»
Ce n’est pas forcément la grossesse et la perspective d’accueillir son second enfant qui provoque cette énergie créative, mais ça doit aider. «J’ai eu cette même énergie-là après avoir eu mon fils. J’avais de nouvelles choses à raconter que je n’aurais pas nécessairement eu à dire si je n’avais pas eu mon enfant. L’inspiration vient vraiment quand on se donne du temps parce que dans cette grande roue qui est de faire un disque et ensuite de partir en tournée, c’est difficile d’être dans l’introspection. Ça prend du calme et de la tranquillité pour écrire.»
Pour faciliter le travail en commun, Mélanie et Stéphanie ont décidé de former une bulle familiale. «Je suis parfois comme une baby-sitter, avoue Stéphanie. On a décidé de faire une bulle avec nos deux familles parce qu’on passe presque la moitié de notre temps ensemble à cause de tout ça. C’est beaucoup plus simple de cette façon.»
UNE NOUVELLE ÉQUIPE
Les soeurs Boulay ont choisi une nouvelle équipe pour les accompagner dans leur nouvelle aventure. «Je pense qu’on avait besoin de reprendre le contrôle sur nos affaires, d’être vraiment présentes dans le processus, du début à la fin», a détaillé Stéphanie. Leur prochain album, actuellement en création, sera évidemment marqué par ce renouveau. «Laisser en arrière les colères et les frustrations, aller vers la lumière, c’est une direction centrale de ce qu’on a à dire. Le dernier album était quand même sombre. Après toute cette période de noirceur, notamment avec la pandémie, on a besoin d’espoir. Je pense qu’on va avoir un album d’espoir, un album lumineux qui tentera de faire de la beauté avec ce qui s’est passé.»
DEPUIS QUELQUES ANNÉES, YAN ENGLAND SE RETROUVE PLUS SOUVENT DERRIÈRE QUE DEVANT LA CAMÉRA. RÉCEMMENT, IL A TERMINÉ LE TOURNAGE DE SON DEUXIÈME LONG MÉTRAGE, EN PLUS DE RÉALISER LES DEUX DERNIÈRES SAISONS DE LA SÉRIE LES PAYS D’EN
HAUT. IL EST ACTUELLEMENT MEMBRE DU JURY DU GALA PRENDS ÇA COURT!, DÉDIÉ AUX COURTS MÉTRAGES QUÉBÉCOIS.
Dans les dernières semaines, Yan England a visionné plus d’une quarantaine de courts métrages québécois en vue de la 17e édition du Gala Prends ça court!, qui sera diffusé sur la page Facebook de l’organisme, le 7 mai. «Les réalisatrices et les réalisateurs nous emmènent dans des mondes complètement différents, que ce soit de la fiction, du documentaire ou de l’animation. Ce sont des gars et des filles qui se lancent dans cette passion qu’ils ont de raconter des histoires. C’est vraiment fascinant parce que, raconter une histoire en 5 ou 15 minutes, ce n’est jamais facile. Mais ce que j’aime beaucoup des courts métrages, c’est de voir des univers totalement différents en peu de temps.»
UN DEUXIÈME LONG MÉTRAGE
On se souvient que l’an dernier le tournage de Sam, le deuxième long métrage de Yan England, a été arrêté en raison de la pandémie au moment où il ne restait que quelques jours avant de le terminer. «On a finalement pu
terminer tout le tournage. Je suis actuellement en postproduction. Le film n’est pas tout à fait fini, mais ça s’en vient vite. Je suis très content d’avoir eu la chance de faire un deuxième long métrage. Par contre, la date de sortie est encore inconnue, mais j’ai hâte d’avoir l’occasion de le présenter.»
Qu’il réalise un film ou qu’il joue un personnage, c’est un peu la même chose, selon Yan England. «Ce qui me passionne, c’est le jeu, l’animation, l’écriture, la réalisation… J’aime surtout raconter des histoires, et je le fais de façon différente pour chacun des médiums. Ce qui est fascinant à la réalisation, c’est que j’ai la chance de travailler avec des gens très talentueux dans chacun des départements. Je dois orchestrer tous leurs talents pour pouvoir raconter une histoire; c’est ma véritable passion, ça me fascine.»
ACTIF EN TOUT TEMPS
Yan England est chanceux, car il avait plusieurs gros projets dans lesquels il était impliqué; il n’a donc pas vraiment subi les contrecoups de la pandémie. «Avant le confinement, j’étais en plein tournage pour mon film. Deux jours après l’arrêt mondial, en mars 2020, j’essayais déjà de planifier comment on pourrait reprendre le tournage. Je me suis tout de suite mis en mode
solution, parce que je voulais le terminer. Et plus tard, quand on a pu reprendre le tournage, je préparais en même temps la sixième saison des Pays d’en haut. J’ai été chanceux d’avoir beaucoup de travail.»
Même les quelques semaines qu’il a dû vivre en confinement ont été mises à profit. «On a rapidement tenté de trouver des solutions pour adapter les tournages aux nouvelles réalités. J’ai essayé de voir aussi ce qui se faisait ailleurs. En France, ils ont recommencé avant nous. J’ai appelé des réalisateurs et des producteurs français pour savoir comment ils faisaient. J’ai essayé d’anticiper le plus possible notre reprise afin d’être prêt au moment voulu et de faire en sorte que la distanciation se voie le moins possible à l’écran.»
UN POTAGER DÉCEVANT
Avec le temps libre qui lui restait, Yan England a fait beaucoup de sport et il s’est aussi essayé à la culture d’un potager. «C’était le moment d’essayer de nouvelles choses que je n’avais jamais faites avant. Je peux dire qu’il y a des choses qui ont poussé, mais beaucoup d’autres, pas du tout. Pendant le confinement, je me suis aussi lancé le défi de passer à travers toute la filmographie de Steven Spielberg, que j’aime beaucoup. Il a nourri mon imagination depuis que je suis gamin. Chaque soir, je regardais un de ses films, depuis le tout premier jusqu’au dernier. C’était fascinant.»
À TITRE DE MINORITÉ CULTURELLE, MEHDI BOUSAIDAN N’AURAIT JAMAIS CRU EN SES CHANCES DE DEVENIR HUMORISTE AU QUÉBEC... JUSQU’À CE QU’IL VOIE ANTHONY KAVANAGH ET RACHID BADOURI À L’ÉCRAN ET QU’IL SE RECONNAISSE EN EUX. DEVENU UN INCONTOURNABLE DE LA SCÈNE ARTISTIQUE, IL EST À SON TOUR UN VECTEUR D’INCLUSION ET D’ÉDUCATION POPULAIRE.
Med, Trop, M’entends-tu?, Bye Bye 2019 et 2020, Mon fils, Escouade 99, Rue King... Mehdi Bousaidan n’a cessé d’enchaîner les projets télévisuels ces dernières années. Il a même occupé la chaise du fou du roi à Tout le monde en parle, le 18 avril! Sur scène, il présente son premier one man show, Demain, à travers le Québec. «J’ai commencé à triper sur l’humour quand j’ai vu Rachid Badouri, Sugar Sammy et Anthony Kavanagh. C’est à ce moment que je me suis dit: “Ah, c’est possible! Si ces gars-là ont été capables de se rendre là, pourquoi pas moi?” Encore là, ce n’était pas facile quand j’ai débuté, nous étions peu nombreux; il y avait Mariana Mazza, Richardson Zéphir et Adib Alkhalidey, pour ne nommer qu’eux. Nous étions une poignée issue de la diversité; ç’a été difficile de se tailler une place dans ce milieu.»
Des humoristes lui ont ouvert la voie et, aujourd’hui, il devient à son tour un modèle pour les jeunes. «Des garçons et des filles, surtout de la communauté maghrébine, m’écrivent parce qu’ils aimeraient devenir acteurs ou humoristes. Ils me posent des questions. Où doit-on aller? Qu’est-ce qu’il faut faire? Ils sont souvent un peu perdus et ils n’ont pas de points de repère. Je reçois presque tous les jours des messages dans lesquels on me demande comment j’ai fait pour percer. Je trouve ça dommage car, à leurs yeux, ça a l’air beaucoup plus difficile pour eux que pour un jeune Caucasien né ici.»
LA RICHESSE DE LA DIFFÉRENCE
Mehdi a accepté, récemment, le rôle d’ambassadeur de Découvrons-nous, une campagne en faveur de la diversité culturelle, de l’équité et de l’inclusion sur nos écrans. Elle vise à sensibiliser et à éduquer le public et l’industrie audiovisuelle sur la richesse de la différence. Adib Alkhalidey, Mélissa Bédard, Mariana Mazza, Cynthia Wu-Maheux, Jemmy Echaquan Dubé et Khate Lessard sont également ambassadeurs. «Comme nous faisons à la fois partie de la minorité visible et du paysage culturel québécois, nous sommes un peu les porte-étendard de cette cause-là, constate Mehdi. Nous voulons voir plus de gens comme nous dans le milieu. Nous sommes une petite poignée à y oeuvrer, mais il y en a beaucoup d’autres qui n’ont pas cette chance-là, et le but est justement de leur ouvrir la porte.»
L’artiste affirme qu’il s’agit d’un cercle vicieux. «Si tu ne te vois pas à l’écran, tu te dis que ce n’est pas pour toi. C’est comme n’importe quoi, si tu n’as pas de repères ou de modèles qui te ressemblent à la télévision, tu ne seras pas porté vers ce domaine. Et si tu n’y vas pas, il n’y aura pas de comédiens issus de la diversité, et s’il n’y en a pas, les boîtes de production ne pourront pas en embaucher. Je me suis donc donné comme mandat d’être un de ces modèles-là pour les jeunes comme moi qui regardaient la télé et qui attendaient de voir quelqu’un qui leur ressemblerait pour les inspirer.»
UN RÉEL ENGAGEMENT
Nos artistes souhaitent, par cette campagne, obtenir un réel engagement de la part du public et de l’industrie pour soutenir la diversité culturelle et la relève artistique. «Il faut faire en sorte que les producteurs laissent plus de place aux gens issus de la diversité, qu’on donne la chance à plus d’acteurs de jouer et qu’on offre du contenu plus réaliste, plus représentatif du Québec d’aujourd’hui. Nous avons l’impression de ne pas toujours être bien représentés, alors que nous sommes dans pas mal toutes les sphères: à l’école, au travail, dans les familles métissées. Bref, la diversité, nous la voyons partout, sauf à la télé, et je trouve ça un peu étrange.»
Toutefois, notre homme est optimiste. «La situation s’est améliorée depuis cinq ans, affirme le comédien. Quelques séries laissent plus de place à des gens des minorités visibles, et ç’a donné des résultats assez impressionnants. Comme M’entends-tu?, où il y a beaucoup de personnages issus des communautés minoritaires culturelles. Pour ma part, il y a eu Med, où j’ai vraiment tripé. Ça m’a marqué qu’on donne le premier rôle à un Arabe, et que ce ne soit pas un personnage d’Arabe. Je jouais un ado comme un autre; j’ai trouvé ça très cool! Il y a eu également le Bye Bye 2020. Ce n’est pas arrivé souvent qu’il y ait des ethnies dans le Bye Bye; il y a même eu une année où des Blancs se sont déguisés en Noirs... Nous sommes vraiment sur une belle lancée. Par contre, il ne faut pas se contenter de ça; chaque pas est important et il faut continuer d’avancer. Le travail doit venir d’un peu partout: des productions, des grandes chaînes, et du public aussi.»
SURMONTER LA DISCRIMINATION
Optimiste, l’humoriste et comédien n’hésite pas à faire de la limonade avec des citrons. «La discrimination, il y en a à tous les niveaux, que tu sois une fille, un Arabe, petit, gros... Il y en aura tout le temps... Après, ce qui compte, c’est ce qu’on en fait. Évidemment, j’ai vécu plusieurs épisodes de discrimination ou de racisme, mais je pense que c’est plus du racisme systémique que du racisme pour blesser. Se faire appeler “les races” ou “les bronzés” sur des plateaux de tournage, se faire traiter de terroriste à la blague, c’est arrivé assez souvent. Ou quand il y a deux Arabes sur le même plateau, les gens se trompent de nom, ils nous confondent... Ce sont des petites affaires comme ça, et nous passons à travers, mais à la longue, ça fait beaucoup de gouttes dans le vase...»
Mehdi Bousaidan assurera la narration des épisodes de l’adaptation québécoise de Love Island, L’île de l’amour, à l’automne. Il n’hésitera pas à adopter un ton irrévérencieux et à dire tout haut ce que pensent la plupart des téléspectateurs. «J’ai vraiment hâte! À la base, je ne suis pas un fan de téléréalités, mais celle-ci sera différente, parce qu’il y a un aspect humoristique intégré et que j’ai beaucoup de liberté là-dedans. Ça va être le fun d’avoir le point de vue de quelqu’un qui n’est pas nécessairement vendu aux téléréalités. Ça va donner un nouveau souffle à ce type d’émissions.»
Comme toujours, l’homme a le vent dans les voiles. «Je joue un rôle dans La face cachée du monde, une nouvelle émission qui devrait être annoncée sous peu. Sinon, j’ai plusieurs autres projets dont je n’ai pas le droit de parler pour l’instant, mais ce sont de beaux projets télé. Et je continue les représentations de mon show Demain et je travaille à l’écriture du deuxième. De plus, il commence à faire beau, alors pouvoir sortir un peu dans les parcs au lieu d’être enfermé chez soi, c’est très cool. J’espère qu’on pourra voyager bientôt, c’est la chose qui me manque le plus!»