Pression: 5 choses à savoir
PRESSION,
SIX ATHLÈTES OLYMPIQUES RACONTENT, DANS LE DOCUMENTAIRE
LE REVERS DE LA MÉDAILLE DE CE QU’ILS ONT VÉCU POUR ASPIRER À ATTEINDRE LE PODIUM. MARIE-CHRISTINE NOËL ET NINON PEDNAULT, RÉALISATRICES AU BUREAU D’ENQUÊTE DE QUÉBECOR, SONT DERRIÈRE CE GRAND REPORTAGE ET NOUS DÉVOILENT CERTAINS DÉTAILS.
Voyant toute la vague de dénonciations de violences psychologiques dans différentes disciplines sportives, Marie-Christine Noël et Ninon Pednault ont décidé de s’épancher sur le patinage artistique pour voir ce qu’il en était de ce sport. En novembre dernier, Marie-Christine a donc appelé des patineurs olympiques afin d’obtenir leur témoignage sur ce qu’ils ont vécu durant leur carrière. «Je croyais que ça allait être difficile de parler aux athlètes olympiques, mais au contraire, ils se sont ouverts et se sont sentis libérés. Le plus difficile a été de trouver un membre de l’équipe canadienne qui accepte de témoigner car, généralement, les patineurs qui sont encore dans l’organisation ne veulent pas parler contre celle-ci. Finalement, on a eu l’occasion de discuter avec Camille Ruest, et on la remercie», raconte la réalisatrice. Quant aux six athlètes olympiques du reportage, il s’agit de Joannie Rochette, Cynthia Phaneuf, Jessica Dubé, Shawn Sawyer (notre photo), Charlie Bilodeau et Julianne Séguin.
Aucune scène n’a été tournée dans un aréna; les réalisatrices ont opté pour des patinoires extérieures, d’abord pour une question d’esthétisme. «On voulait sortir de l’image classique qu’on a des patineurs artistiques en les amenant dehors et en rendant le tout visuellement intéressant», explique Ninon. On voulait aussi veiller au bien-être des patineurs. «Certains athlètes ont du mal à retourner dans un aréna à cause de l’écoeurement et de certains traumatismes qu’ils y ont vécus.» Les réalisatrices ont fait appel au caméraman Guillaume Shea Blais, qui est aussi habile sur ses patins qu’à la caméra pour suivre les patineurs dans leurs prouesses sur la glace.
Pression s’adresse autant aux ferrés de patinage artistique qu’aux néophytes. Outre les athlètes, les réalisatrices ont aussi rencontré Joëlle Carpentier (consultante en psychologie de performance à l’UQAM), Marie-France Dubreuil (ancienne patineuse devenue entraîneuse) et Sylvain Croteau (directeur général de Sport’Aide). «C’était important pour nous de parler du silence autour du patinage artistique, des problématiques, de ce que les athlètes olympiques ont vécu, de ce qui est beau et moins beau... Il fallait toutefois amener des solutions pour faire bouger les choses. On voulait aussi parler des autres sports, parce qu’il n’y a pas juste le patinage où il peut y avoir de l’abus et des blessures, et où il faut souffrir pour avoir une médaille», mentionne Marie-Christine.
Le documentaire touche aux exigences de performance, à l’obsession du corps idéal, aux troubles alimentaires et aux blessures. On voit jusqu’où certains patineurs étaient prêts à aller pour réussir, notamment en patinant dans des états de boulimie ou d’anorexie, ou en retournant sur la glace après avoir subi une grave blessure sans suivre un protocole de retour au sport.
Parmi les athlètes olympiques du documentaire, certains sont encore dans le milieu du patinage, dont Jessica Dubé et Shawn Sawyer, qui sont entraîneurs. Ce dernier est aussi un des artistes dans Crystal, une production du Cirque du Soleil. Quant à Camille Ruest, elle combine le patinage aux études. Joannie Rochette est médecin, et Charlie Bilodeau et Cynthia Phaneuf sont retraités du patinage. Pour Julianne Séguin, 24 ans, c’est moins reluisant. «Après trois commotions cérébrales, elle ne sort plus de chez elle et a encore de graves séquelles», relate Marie-Christine.