Daniel Lavoie: beaucoup de succès en Asie et un livre pour l’enfant en nous
UN ARTISTE RECONNU
Il est 9 h à Montréal et 21 h à Taipei lorsque Daniel Lavoie nous rejoint par Skype afin de discuter de la musique qu’il a créée pour le livre Le vieillard et l’enfant. L’artiste étant confiné dans une chambre d’hôtel pour une durée de 14 jours, avec l’interdiction formelle d’en sortir, la discussion dévie rapidement sur son séjour en Asie, en pleine pandémie. «Ici, plus personne ne porte de masque, et tous les commerces et les salles sont ouverts. Je dois, par contre, faire mes deux semaines de quarantaine dans un hôtel. On m’a donné un téléphone et un petit thermomètre. Deux fois par jour, les autorités m’appellent pour me demander ma température. Après cette quarantaine, je vais pouvoir sortir, faire ce que je veux et aller manger sur des terrasses. Ces mesures très strictes font en sorte que les gens ici peuvent vivre sans trop se préoccuper de ce maudit virus», souligne l’interprète de Je voudrais voir New York.
UNE ANNÉE DE GLOBE-TROTTEUR
Daniel Lavoie reconnaît qu’il a bourlingué dans différents pays depuis le début de la pandémie. «Je suis revenu au Québec en mars 2020, lors du premier confinement, après avoir donné plusieurs spectacles en Chine. Je suis resté six mois à la maison, avant de repartir pour la France, où je travaille sur un projet. Au début de cette année, alors que les mesures commençaient à se resserrer dans l’Hexagone, je me suis envolé vers l’Italie. J’ai alors pu en profiter pour découvrir ce beau pays pendant trois mois, et même commencer à apprendre l’italien. Je me suis beaucoup promené, mais mes déplacements m’ont coûté six semaines de quarantaine.»
Après avoir été applaudi aux quatre coins de la Chine à l’automne 2019, dans le cadre de la tournée de Notre-Dame de Paris, Daniel Lavoie ne s’explique pas l’engouement du public asiatique pour cette comédie musicale créée à la fin des années 1990, par Luc Plamondon et Richard Cocciante. «Si je pouvais expliquer ce succès en Asie, je serais riche! Les gens ont découvert Notre-Dame de Paris il y a plusieurs années grâce à une vidéo tournée en 1998, dans laquelle on voit les membres de la distribution originale, dont moi, Garou, Luck Mervil et Bruno Pelletier. C’est cette troupe originale qui est connue en Asie. Pour le public là-bas, le fait que je sois le Frollo de la première distribution intéresse beaucoup les gens. Il y a même des fans qui m’interpellent par mon prénom à la sortie des théâtres. Pour l’instant, le succès asiatique de Notre-Dame de Paris n’est pas à la veille de s’estomper. À Pékin, on a fait un mois avec des salles pleines, alors qu’à Shanghai, c’était le déluge; on aurait pu y rester des mois complets à guichets fermés. Là-bas, le public chante Le temps des cathédrales avec encore plus de volume qu’à Montréal. C’est bouleversant d’entendre un public chinois chanter ainsi en français.»
Daniel Lavoie précise d’ailleurs qu’il n’aurait pas accepté de reprendre son rôle de Frollo après 20 ans si le spectacle n’avait pas été présenté dans la langue de Molière. «J’ai déjà fait NotreDame de Paris en anglais, au début des années 2000, mais je n’avais pas aimé mon expérience. Je trouve que dans cette version, les chansons n’ont aucun sens. La réception pour la version française est, heureusement, beaucoup plus chaleureuse ailleurs dans le monde, et je m’en réjouis. J’ai ainsi l’impression d’être un missionnaire du français à l’étranger.»
UN RETOUR À CERTAINES CONDITIONS
L’artiste ne cache toutefois pas qu’il a hésité avant de se lancer à nouveau dans cette aventure. «J’ai 72 ans, et je considère que j’ai fait une bonne carrière! Lorsque le producteur de NotreDame m’a appelé en 2018 pour me faire sa proposition, j’ai réfléchi un peu. À ce moment-là, je
deuxième album en anglais. Je souligne au passage que le disque sur lequel nous travaillerons ensemble sera composé de nouvelles chansons que j’ai créées durant la pandémie. Il est encore trop tôt pour dire quand ce projet sortira.»
D’ici là, Daniel Lavoie lancera cette année un autre album, créé en collaboration avec le compositeur Laurent Guardo, qui s’intitulera La rivière de Cassis et qui reprendra en chanson des poèmes de Rimbaud. «Ça devrait sortir bientôt», lance-t-il en terminant.