Échos vedettes

Les parfaits

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Au Québec, contrairem­ent au reste du Canada, il y a un monde du showbiz bien à nous. Impossible de retrouver l’équivalent ailleurs dans le pays, surtout que la culture musicale du ROC est majoritair­ement inspirée de celle des Américains. Un artiste canadien qui veut réussir doit passer par les États-Unis, alors qu’ici, au Québec, nous sommes autosuffis­ants. Même si la France et les autres pays francophon­es sont en jeu, y passer n’est pas une nécessité absolue.

La culture québécoise est si riche qu’elle suffit à elle seule à combler les plus gourmands. On a un monde du showbiz qui nous appartient. C’est pareil en France, au Royaume-Uni et aux ÉtatsUnis. Là-bas, les Michael Bublé, Shania Twain, Bryan Adams passent pour des Américains, tellement le Canada anglais est faible culturelle­ment. Il y a cependant l’exception Céline Dion: tout le monde sait qu’elle vient de Charlemagn­e, mais pour certains Américains, c’est une petite ville du nord-est de l’Amérique. Ils sont tellement forts en géographie... Mais Céline reste une Québécoise, et une vraie!

Parlant de vrais Québécois, ceux qu’on voit chaque jour et qui font partie de notre vie, les Pierre Bruneau, Céline Galipeau, Sophie Thibault, Anne-Marie Dussault, et même Gino Chouinard, les parfaits, ces gens sans fautes ni défauts, du moins à l’écran, sont une raison d’être fiers. Ils sont ce que nous sommes censés être. C’est aussi ça, la culture québécoise.

J’ai toujours été très impression­né par ces profession­nels à qui on ne peut rien reprocher. Pour un gars comme moi, un peu marginal, c’est difficile à comprendre qu’on ne puisse leur trouver ne serait-ce qu’un cheveu mal placé. Mais comment font-ils? Sans doute qu’ils sont tout simplement comme ils sont; ça reste tout de même difficile pour moi de comprendre cette attitude qui n’est pas la mienne. Ils sont parfaits! Moi qui ai toujours cru que la perfection se trouvait dans l’imperfecti­on, j’en prends pour mon rhume. Mais je demeure convaincu que si vous en parlez à certains d’entre eux, la plupart s’esclaffero­nt en vous disant que vous avez tort de les croire si parfaits.

Bien sûr, tout le monde peut avoir de petits ou moyens secrets, et ces personnali­tés ne font pas exception. Reste qu’il est rassurant de les avoir avec nous chaque jour à la télévision ou à la radio. Pensez à Paul Arcand et au regretté Jean Lapierre, que plusieurs considèren­t comme des modèles de clarté. Reste que pour moi qui pratique le métier de communicat­eur depuis longtemps, il est remarquabl­e que des gens comme eux arrivent à garder une fiche parfaite aussi longtemps; c’est comme se retenir de tousser devant la reine! Oh, loin de moi l’idée de leur souhaiter du malheur! Bien au contraire, je les admire, et même que je les jalouse. En vérité, je les envie; ils sont ce que j’aurais voulu être: parfaits.

Mais la réalité, c’est autre chose. Chacun doit s’accepter comme il est et chercher à s’améliorer au quotidien. C’est ce que j’essaie de faire, et je suis bien dans ma peau avec mes qualités et mes défauts. Je me dis que même ces gens parfaits à l’écran ont eux aussi, en privé, quelques petits défauts qui ne me regardent pas. Vaut mieux garder en tête une image rassurante que de chercher à la détruire.

Car les parfaits sont bons pour le moral, mais aussi pour la culture québécoise, et nous les retrouvons chaque jour à la télé qui nous renvoient une image parfaite. Savoir qu’ils sont là pour longtemps, même s’ils doivent de temps en temps changer de visage, ça nous donne le goût de devenir un jour aussi parfaits qu’eux!

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