Angèle Dubeau: elle lance son 46e album
− Angèle Dubeau
LES MÉLOMANES ROMPUS À LA MUSIQUE CLASSIQUE PEUVENT ENRICHIR LEUR DISCOTHÈQUE AVEC LE TOUT NOUVEL ALBUM DE LA VIOLONISTE MONDIALEMENT CONNUE ANGÈLE DUBEAU. LA GRANDE ARTISTE PROPOSE UN OPUS EN HOMMAGE AUX 25 ANS DE LA PIETÀ. UN ALBUM QUI FAIT PLACE AUX FEMMES.
Elle est le 46e album de la violoniste Angèle Dubeau et il se veut un hommage à l’orchestre féminin qu’elle a créé il y a déjà un quart de siècle. «Je suis bien fière de mon idée de célébrer les 25 ans de La Pietà avec un disque fait, conçu, pensé, joué et composé par des femmes. Je trouve que c’est une belle façon de le faire», nous fait savoir d’entrée de jeu Angèle Dubeau.
Au-delà de la fierté, il y a chez la violoniste tout cet amour et cette passion pour ce qu’elle fait. Quelque chose de tout à fait intact. «Les chiffres qui m’entourent sont de plus en plus gros. Ça fait un peu peur, mais j’ai encore la passion et j’aime ce que je fais. Je peux le dire et je suis contente de pouvoir le dire. Il y a des gens qui disent que les années s’accumulent et qu’ils ne sont plus certains... Moi, non. J’ai encore la flamme et j’adore ce que je fais.»
ELLE
Cet album a d’abord été titré Elles, mais après réflexion, Angèle Dubeau a pris la décision de supprimer le «s». «Je l’ai enlevé parce que je me suis dit que chaque femme est unique et que Elle est chaque femme qui a travaillé sur ce projet. Je les interpelle une à une; c’est pour ça que je l’ai mis au singulier.»
Ce nouvel album est composé d’une quinzaine de pièces, toutes créées par des femmes. Des femmes avec qui la musicienne a échangé, sauf, évidemment, Hildegard Von Bingen, morte en 1179 puis canonisée et proclamée Docteure de l’Église par le pape Benoît XVI en 2012. «Il y a 12 compositrices sur cet album, et elles ont toutes des signatures différentes. Elles viennent de pays différents et sont issues de générations différentes. Quelque part, ça donne une grande diversité.» La violoniste explique ensuite que, pour ce projet, elle a sorti de ses archives différentes notes colligées au fil du temps sur des compositrices desquelles elle avait entendu une ou des oeuvres ou joué de leurs compositions. «J’ai trouvé ces papiers et je me suis lancée dans l’écoute.» Elle a écouté beaucoup de musique. «Des centaines d’heures», précise-telle. Et, par moment, au gré des écoutes et des découvertes, il y a eu des évidences. «Je carbure à la chair de poule. C’est simple. J’écoute quelque chose et si j’aime ça, si ça m’interpelle et si j’ai quelque chose à dire avec cette oeuvre, je la choisis.»
Ainsi, on retrouve des pièces comme Eliza Aria (Elena Kats-Chernin), Flight (Rachel Portman), The Wife (Jocelyn Pook), Winter (Rebecca Dale), Plan & Elevation: IV. The Orangery (Caroline Shaw), Transmutation (Julie Thériault) ou encore O Virtus Sapientiae (Hildegard Von Bingen). «Cette dernière est la première femme dont on a encore les écrits de ses oeuvres. Je me suis dit qu’il fallait que je joue cette musique de lumière qui a si bien traversé les siècles.»
VENISE ET PARIS
Dans les prochains jours, Angèle Dubeau et La Pietà se produiront en concert. Le programme rassemblera de nombreux extraits de l’album Elle et du précédent, Immersion. Ces deux disques formeront une trilogie avec un autre à paraître dans les prochains mois et dont la musicienne garde secret le contenu. «Je peux vous dire cependant que ce sera un portrait.» Des concerts sont prévus à Sherbrooke (20 février), à Toronto (25 février), à Montréal (26 avril) et à Québec (1er mai). En attendant, c’est dans les vieux pays qu’Angèle Dubeau et La Pietà iront faire entendre leurs talents. «J’amène La Pietà à La Pietà de Venise (5 et 6 mars). On va jouer là où l’orchestre de La Pietà de l’époque créait les oeuvres d’Antonio Vivaldi. Et tant qu’à être en Europe, le 8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes, on jouera à Paris.»
«J’ai encore la flamme et j’adore ce que je fais.»