Échos vedettes

Quand la névrose paye

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Tout le monde vous le dira: la façon la plus efficace d’attirer l’attention, c’est de faire une entrée remarquée. Ma professeur­e de théâtre, l’inoubliabl­e Gina Bausson, me le disait continuell­ement. «Mario, pour que votre prestation soit réussie, il ne faut surtout pas rater votre entrée en scène, et c’est la même chose pour vos sorties.» C’est bien connu, en particulie­r dans le monde du spectacle et au théâtre. Sans une entrée remarquée, il sera plus difficile de tenir une audience captive. L’appréciati­on ou la désapproba­tion du public se fera sentir à la fin de l’exercice. C’est dans tous ces détails que les artistes, tout en subtilité, dévoilent leur expérience et leur savoir-faire lorsqu’ils jouent une oeuvre en la sacralisan­t devant vous, sans que vous n’ayez la moindre idée des détails techniques utilisés pour obtenir un tel résultat.

C’est le devoir des acteurs de rendre à sa juste valeur une oeuvre souvent créée par un autre esprit que le leur. Cela donne parfois d’étonnants résultats. Je prends l’exemple de Sandrine Bisson. Avouez qu’avant de la voir dans les films de Ricardo Trogi 1981, 1987 et 1991, dans lesquels elle joue une mère névrosée — comme le dit son fils dans le film —, vous ne la connaissie­z pas ou vous la connaissie­z peu. Et puis, voilà que depuis la sortie de ces films en 2009, 2014 et 2018, elle est devenue une actrice incontourn­able du petit et même du grand écran. C’est fou comme ça peut aller vite! La preuve qu’un succès — ou une carrière dans ce cas-ci — se dessine sur la façon dont l’artiste est apparu au grand jour. Avant 2009, Sandrine Bisson existait, bien sûr, mais l’aviez-vous remarquée autant dans les films Hochelaga, en 2000, Petits meurtres d’Amérique, en 2002, ou bien Gaz Bar Blues, en 2003?

Et ça continue comme ça jusqu’à ce qu’elle se fasse remarquer dans le premier film de Trogi. Elle a tout donné, et ça a fonctionné. Sans renier ce qu’elle a fait auparavant dans sa carrière, on peut dire que ce personnage de Claudette Trogi lui a servi de carte de visite. C’était ce qu’on appelle une entrée remarquée! Voilà ce dont je vous parlais. Depuis, on la voit presque partout à la télé québécoise, et au cinéma également.

Je dois dire que j’avais déjà remarqué Sandrine Bisson dans un rôle secondaire dans Les beaux malaises, en 2014, alors qu’elle jouait la voisine de Marcel. Un passage court, mais efficace. Moi, j’aime beaucoup cette actrice. Elle aura tout de même mis 14 ans avant d’être reconnue par ses pairs et par le grand public. Quelle résilience! Venue de Québec, arrivée dans la métropole en catimini, elle est récompensé­e pour son travail en 2010 avec le Jutra de la meilleure actrice pour un second rôle dans le film 1981.

Je ne suis pas fou! Elle a fait toute une entrée dans le monde du spectacle, et c’est loin d’être terminé pour elle. Elle enchaîne les rôles à la télé comme une actrice établie. Après Le bonheur, on la retrouvera dans Le temps des framboises, dès ce soir sur Club illico. C’est quand même signé Philippe Falardeau. Elle est sur un nuage qui flotte à des hauteurs vertigineu­ses. Voilà l’exemple d’une entrée réussie. Maintenant, apprécions son immense talent, car pour ce qui est de sa sortie, ce n’est pas pour tout de suite, je vous le garantis!

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