DE L’ORPHELINAT AU VEDETTARIAT
NÉ AU SEIN D’UNE FAMILLE DYSFONCTIONNELLE, PAOLO NOËL PASSE SES JEUNES ANNÉES À L’ORPHELINAT. DÉJÀ PENDANT CETTE DURE PÉRIODE, SON TALENT INNÉ POUR LE CHANT NE DEMANDE QU’À ÉCLORE.
Paolo Noël voit le jour le 4 mars 1929 à Montréal. Hélas, son environnement est toxique. Le 22 juillet 2017, en entrevue au Journal de Montréal, et avec le franc-parler qui l’a toujours caractérisé, il résume en ces mots les premières années de sa vie: «Mon père était un bandit et ma mère une putain.»
Alors que Paolo n’est âgé que de six ans, son père est arrêté pour violence conjugale, tandis que sa mère lutte pour sa vie. Sa vie bascule à ce moment. Les autorités l’envoient, avec ses frère et soeur, à l’orphelinat. Une religieuse ayant de l’affection pour lui l’incite à chanter. Comme à une bouée, le jeune Paolo s’accroche à la musique, qui deviendra sa planche de salut.
Jusqu’à l’âge de 13 ans, il est confiné dans des orphelinats à Montréal et à St-Jean-d’Iberville. Toujours dans Le Journal de Montréal: «Je n’ai pas eu d’enfance, ç’a été difficile. Je me suis sauvé à plusieurs reprises, les policiers venaient me chercher chez ma tante et je mangeais une volée à mon retour. J’étais tellement habitué que ça ne me faisait plus mal».
Les perspectives d’avenir sont sombres pour le jeune homme. Il travaille en usine, mais possède un atout de taille: sa voix. Aussi, en 1948, remporte-t-il un concours d’imitation de son idole, Tino Rossi, à l’émission radiophonique En chantant dans le vivoir, sur les ondes de CKAC. À 19 ans, cette prestation lui ouvre les portes d’un nouveau monde. Dès lors, dans les différents cabarets, il se fait une spécialité de chanter des airs de Rossi et de Luis Mariano.
L’ÉPOQUE DES CABARETS
Au cours des années 1950, Paolo fait une rencontre déterminante, celle du directeur de tournée Jean Grimaldi, affectueusement surnommé «Le papa des artistes». Le 14 novembre 2012, il confie à Infodimanche.com: «C’est lui qui m’a mis au monde alors que je gagnais ma vie comme lithographe.»
Tout en interprétant les chansons des autres, Paolo développe un talent d’auteur-compositeur et, en 1951, il enregistre ses premières compositions. Sur étiquette Starr, il grave quatre titres, dont Belle étoile d’amour et Puisque je t’aime. Charismatique et d’une grande beauté, il pose dès lors les premières pierres d’une réputation de chanteur de charme qui le suivra durant la majeure partie de sa carrière.
Gagnant en notoriété, il se voit confier l’animation de Un coeur, une guitare, une chanson, dif
fusée sur les ondes de CKVL en 1953 et 1954.
C’est l’époque des cabarets, lesquels pullulent dans la métropole. On l’applaudit au Blue Sky, au Bacardi, au Casino français et à l’Hôtel Commodore avant que le Café Havana n’en fasse son maître de cérémonie à l’automne 1954. Dès l’année suivante, il fait ses débuts à la télévision dans le cadre de l’émission de variétés Music-Hall, à Radio-Canada.
En 1956, sa carrière atteint un nouveau palier en même temps qu’il commence à exploiter d’autres facettes de son talent. Au printemps, au sein de la troupe de Jean Grimaldi, il remplit un engagement de plusieurs mois au Théâtre Canadien. Puis, il est en vedette Chez Gérard, vitrine prestigieuse de la scène culturelle de Québec.
En signant avec l’étiquette RCA Victor, il connaît ses premiers succès sur disque. Ils ont pour titre: Vierge Marie, Valse des rues, Le plus beau tango du monde et Carré Saint-Louis. En 1958, sa popularité croît encore lorsqu’il devient maître de cérémonie du mythique La Casa Loma et que tous les cabarets à travers la province le réclament.
En plus d’entretenir son image romantique, Paolo Noël berce le public avec des chansons aux titres qui font rêver et qui témoignent de son amour de la mer et de la navigation. En 1958 sort un premier microsillon, L’amant de la mer, bientôt suivi de Noël en mer et Le bateau s’en va.
En 1959, il tente sa chance du côté de la France. À Paris, il chante au Théâtre Mogador et dans quelques boîtes, en plus de prestations à la radio et à la télé. Il se produit également en dehors de la capitale.
Durant les années 1960, au Québec, il cumule les succès avec Le bateau de Tahiti, La chanson du petit voilier, Un souvenir, La valse de nos 20 ans, Caterina et Le temps des guitares.
UN MILIEU DUR
Bien qu’il chante des airs romantiques, le milieu des cabarets n’est pas de tout repos. En entrevue au Lundi en octobre 2015, Diane, la femme de Paolo, se souvient de cette époque: «Un jour qu’il chantait dans une boîte, à