Échos vedettes

Match du Vendredi saint QUAND LA RIVALITÉ VIRE À L’HORREUR

- J.-F.B.

S’il est une tache noire dans l’histoire de la rivalité entre les Canadiens et les Nordiques, voire celle de la LNH, c’est le tristement célèbre match du 20 avril 1984, disputé le Vendredi saint au Forum de Montréal. Une bagarre générale comme on n’en avait jamais vu et des gestes d’une violence inouïe ont laissé des séquelles chez plus d’un joueur. Pour illustrer ces lignes, nous aurions d’ailleurs pu choisir des photos autrement plus choquantes, mais nous avons préféré nous en abstenir.

Revenons d’abord en arrière. Dès l’arrivée des Nordiques dans la LNH, en 1979, une vive rivalité s’était installée entre les deux clubs québécois. Celle-ci était exacerbée par le caractère bouillant de Bergeron, que les partisans des Canadiens adoraient détester. Et malgré sa personnali­té plus discrète, l’entraîneur-chef du Tricolore, Jacques Lemaire, n’avait pas la langue dans sa poche. «La rivalité était épouvantab­le! Jacques Lemaire et moi, nous nous engueulion­s à répétition dans les journaux. Ça faisait le bonheur des journalist­es. Parfois, le jour du match, il y avait de 8 à 10 pages dans Le Journal de Montréal et Le Soleil. C’était carrément fou!»

Et vint le match du Vendredi saint. Trentehuit ans plus tard, la seule évocation de cette soirée d’horreur, que décrivait en direct René Lecavalier, à RadioCanad­a, à des téléspecta­teurs médusés, trouble l’ancien entraîneur­chef. «L’adversité entre les deux clubs était telle que c’est la goutte qui a fait déborder le vase. Malheureus­ement, il fallait en arriver à ça. Jean Hamel en a gardé des séquelles. Il avait été frappé solidement. Heureuseme­nt, les choses se sont calmées par la suite. Les joueurs en avaient assez.»

Michel Bergeron et Jacques

Lemaire se détestaien­t, et ce n’était pas pour le spectacle. C’était viscéral. Mais, quelque temps plus tard, une agence de publicité réussissai­t un coup de maître en réunissant les deux hommes dans une publicité de Coke Diète. Au départ, Bergeron et Lemaire ne voulaient pas en entendre parler, mais lorsqu’on leur a dit le montant du cachet qu’ils recevraien­t, ils ont vite changé d’idée. «C’était très bien fait, se souvient-il. En plus, c’est Diane Dufresne qui chantait. Ça avait beaucoup fait parler!»

Pour les besoins du documentai­re Bergie, on a tenté, en vain, d’obtenir le témoignage de Jacques Lemaire. «Il a décliné l’invitation parce qu’il préfère ne pas revenir sur le passé.»

Au plus fort de la rivalité entre les deux clubs, Michel a-t-il déjà craint pour sa sécurité et celle de ses proches? «À un moment donné, j’avais reçu des menaces de mort. J’étais allé voir le chef de la police de Québec, mais je n’en avais pas parlé à Michèle et aux enfants pour ne pas les inquiéter. Des voitures de police passaient régulièrem­ent devant la maison. Je me sentais en sécurité. À cette époque, ma femme voulait avoir un chien. J’avais sauté sur l’occasion et contacté un de nos amis à Québec pour avoir une forme de protection. Il m’avait amené un berger allemand! Une femelle qu’on avait appelée Macha. Elle nous a même suivis à New York; elle faisait partie de la famille.»

 ?? ?? Les hostilités ont à ce point dégénéré que l’arbitre Bruce Hood ne savait plus où donner de la tête. Bergeron insiste pour dire qu’il n’a pas à porter l’odieux des événements et que c’est aux représenta­nts de la LNH d’en endosser toute la responsabi­lité.
Les hostilités ont à ce point dégénéré que l’arbitre Bruce Hood ne savait plus où donner de la tête. Bergeron insiste pour dire qu’il n’a pas à porter l’odieux des événements et que c’est aux représenta­nts de la LNH d’en endosser toute la responsabi­lité.

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