Échos vedettes

QUAND SHAWN BARKER JOUE LES JOHNNY CASH

- JEAN-FRANÇOIS BRASSARD

ÇA FAIT DÉJÀ SIX ANS QUE SHAWN BARKER EST VENU NOUS VOIR POUR LA DERNIÈRE FOIS AVEC

SON HOMMAGE À JOHNNY CASH. DEPUIS, LE SPECTACLE A CONSIDÉRAB­LEMENT ÉVOLUÉ, ET LA VIE DE CELUI QUI LE DÉFEND A CONNU DE NOMBREUX REBONDISSE­MENTS. QUE POUR LE MEILLEUR!

BLACK, LIEN PRIVILÉGIÉ THE MAN IN

Récemment, Shawn Barker a fait un saut chez nous, histoire de promouvoir les représenta­tions qu’il donnera à compter du 4 août au Casino de Montréal, puis les 10 et 11 novembre au Théâtre Capitole, à Québec. Pas besoin d’être devin pour savoir que Shawn est en congé: la barbe bien taillée qu’il affiche le démarque de son alter ego. Mais, sitôt qu’il nous salue de sa chaude voix de baryton, on se dit que le Johnny Cash qui sommeille en lui n’est jamais très loin.

Après avoir fait un saut de puce à Québec et à Sherbrooke en 2008 avec The Man in Black, Shawn Barker amorçait, dès l’année suivante, une série de cinq saisons estivales au Capitole. Il allait par la suite revenir à Québec ainsi qu’à Montréal. Shawn est aussi heureux de ce succès qu’agréableme­nt surpris de la fidélité du public. «Je ne connaissai­s rien du Québec avant de venir y chanter la première fois, et je ne savais pas à quoi m’attendre, commence-t-il par dire. Il y a certains endroits où on a des doutes. On a joué en Californie: j’avais une certaine appréhensi­on, mais 3500 personnes ont assisté au spectacle, et c’était fou! En revanche, je ne peux plus aller au Texas. On y est allés et on s’attendait à ce que le public soit en feu, mais ça n’a pas été le cas. C’est un État à part, autant que le Québec est différent du reste du Canada.»

L’homme de 49 ans, originaire du Missouri, n’a pas mis de temps à tomber sous notre charme. «Les fans québécois sont plus enthousias­tes que ceux des États-Unis ou d’Europe. Nous avons fait une tournée en France, et le public est beaucoup plus tranquille. Ici, les gens aiment beaucoup la musique et nous le font savoir pendant les spectacles.»

Bien qu’il n’ait pas eu l’occasion de venir nous voir depuis quelques années, ses fans ne l’ont pas oublié. Il est à la fois étonné et ému de cette fidélité. «Au Québec, lorsque les gens adoptent un artiste, c’est un engagement à long terme. Aux États-Unis, un artiste fait un disque, a beaucoup de succès, puis on n’en entend plus parler. Le public québécois est très loyal. Aujourd’hui encore, des gens m’ont texté pour me dire qu’ils avaient hâte de voir le spectacle. Et je ne suis pas venu ici depuis six ans!»

Au fil des ans, Shawn a développé des habitudes chez nous. Comme tous les gens de passage, il adore le Vieux-Québec et ses restos. «À Montréal, je passe beaucoup de temps sur la rue Saint-Denis. Je vais toujours au Bistro à Jojo pour voir des spectacles. Je suis aussi un habitué de La Kasbah, un restaurant afghan, et du Nil Bleu, qui propose une cuisine éthiopienn­e.»

PAR ACCIDENT

Durant six ans, et jusqu’en 2004, Shawn Barker a personnifi­é Elvis Presley. Puis il a auditionné pour reprendre le même rôle dans le spectacle Million Dollar Quartet, présenté sur Broadway. «On m’a plutôt attribué le rôle de Johnny Cash. C’est de là qu’est né le spectacle The Man in Black.»

Fort de son expérience, il affirme qu’emprunter la voix de Presley est plus demandant que pour celle de Cash. «Elvis était baryton lui aussi, mais il avait un registre beaucoup plus étendu. Il pouvait atteindre des notes très aiguës, ce qui est plutôt exceptionn­el.» Barker est exigeant envers lui. «Lorsqu’on imite quelqu’un, ça n’est jamais parfait et c’est toujours un work in progress. Des spectateur­s me disent qu’ils ne font pas la différence, mais moi, je la fais.»

L’artiste avoue que c’est surtout sur le plan émotif que certaines des chansons de Cash lui tirent du jus. Il cite en exemple trois des titres qu’il fait sur scène: Rusty Cage, Bird on the Wire

et Hurt. «Nous faisons des chansons de toutes les époques, depuis ses premiers enregistre­ments sur Sun Records jusqu’à la série American Recordings, qui a marqué son grand retour.»

SEUL MAÎTRE À BORD

Depuis son dernier séjour parmi nous, Shawn a fait d’importants changement­s sur le plan profession­nel. «J’ai quitté ma maison de gérance en 2016. Je suis devenu le producteur du spectacle afin d’avoir le contrôle artistique. Je vois à tout, des costumes à l’éclairage, en passant par le choix des musiciens.»

Cette décision a des répercussi­ons directes sur la nouvelle mouture du spectacle The Man in Black. «Il y a des gens qui l’ont vu jusqu’à 10 fois! Ils seront heureux de voir que je l’ai rafraîchi. Je suis accompagné de quatre musiciens et nous faisons des chansons que nous n’avons jamais interprété­es. Certains numéros sont accompagné­s de vidéos, comme The Man Comes Around et Ghost Riders in the Sky. Il y a plein de choses que le public n’a pas encore vues. C’est excitant pour moi de les présenter.»

NOUVEAU MARIÉ

Du vaste catalogue de

Johnny Cash, il en est une que Shawn chérit particuliè­rement. «Sunday Morning Coming Down parle de la vie d’un musicien sur la route sur un ton doux-amer. Je pense que tous les artistes qui font de la tournée peuvent s’y identifier.»

La route est bonne pour lui puisqu’elle lui a permis de rencontrer celle qui allait devenir madame Morales-Barker. «J’ai rencontré Jessica il y a cinq ans. Je l’ai connue sur le spectacle. Elle jouait June Carter, la femme de Johnny.» Oui, la réalité rejoint parfois la fiction! «On a fait beaucoup de route ensemble et on a pu apprendre à se connaître. Elle aussi est une artiste, alors elle comprend la réalité de la tournée.» La relation est si harmonieus­e que le couple s’est épousé le 9 septembre dernier.

Madame a intérêt à être compréhens­ive, parce que l’emploi du temps de son mari est chargé. Après avoir séjourné au Québec durant le mois d’août, il se rendra en Georgie, où Jessica ira le rejoindre. La tournée de The Man in Black se poursuivra sur la côte est américaine avant qu’il ne revienne à Québec les 10 et 11 novembre. «Entre chaque segment, je retourne à la maison, mais je souhaite qu’elle puisse venir ici pour vivre cette expérience. Je lui parle souvent du Québec, qu’elle ne connaît pas encore.»

Shawn est d’autant plus heureux de mettre les bouchées doubles que, comme la plupart des artistes, il a subi les contrecoup­s de la crise sanitaire. Mais, plutôt que de s’apitoyer sur son sort, il a pris le taureau par les cornes. «J’habitais à Las Vegas depuis plusieurs années et, pendant la pandémie, tout était fermé et il n’y avait plus de travail. En octobre 2020, on m’a demandé si ça me tentait d’aller chanter à Branson, dans le Missouri. J’ai sauté sur l’occasion!»

Le couple s’est établi dans cette petite ville de 10 000 habitants qui a la particular­ité de compter une cinquantai­ne de salles de spectacles. «Elles sont restées ouvertes pendant la pandémie et la musique country y est très populaire. Ma femme y a un engagement à plein temps. C’est le meilleur des deux mondes, parce que toute ma famille habite à Saint-Louis, à quatre heures de route.» Et, de toute évidence, le Québec n’est jamais bien loin non plus!

de coeur est Alice Cooper», répond-il lorsqu’on lui demande de nommer les artistes avec qui il a préféré travailler. «C’est le sommet de ma carrière. En 2008, je l’avais accompagné à toutes ses entrevues, dont celle à Tout le monde en parle. Je suis tellement fan! C’est un parfait gentleman et un grand profession­nel.»

Il cite aussi Ian Anderson, leader de Jethro Tull, et Styx. «Les gars sont d’un profession­nalisme extraordin­aire. Gowan est devenu un ami, tout comme Harry Manx, Jill Barber... Quand ça fait 15, 16 ans qu’on travaille avec quelqu’un, des liens se créent.» Parmi les personnali­tés qui l’ont le plus ébloui, il cite Tom Jones. «J’avais orchestré la promo de l’album Reload et du hit Sex Bomb. Je me souviens quand il est sorti de l’auto au Centre Bell. Il a une aura incroyable! Il n’y a pas grand-chose qui m’impression­ne, mais lui m’a impression­né.»

UN PETIT CHANTEUR AUX CHEVEUX BLEUS

À compter de la quatrième année

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 ?? ?? Ce n’est pas demain qu’il va raccrocher sa guitare: «Même après 20 ans, j’aime encore faire Johnny Cash. Chaque fois que je monte sur scène, c’est comme si c’était la première fois. Je vais le faire tant et aussi longtemps que les gens viendront me voir.»
Ce n’est pas demain qu’il va raccrocher sa guitare: «Même après 20 ans, j’aime encore faire Johnny Cash. Chaque fois que je monte sur scène, c’est comme si c’était la première fois. Je vais le faire tant et aussi longtemps que les gens viendront me voir.»
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Le 9 septembre 2021, Shawn et Jessica se disaient oui.
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Tempus Fugit est disponible sur toutes les plateforme­s numériques.

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