Échos vedettes

«JE VOULAIS METTRE EN LUMIÈRE UN MODÈLE POSITIF ET JOYEUX»

− Guylaine Guay

- MARIE-CLAUDE DOYLE

APRÈS TROIS LIVRES JEUNESSE INSPIRÉS DE SON FILS CLOVIS, GUYLAINE GUAY S’EST PLONGÉE DANS SA PROPRE ENFANCE POUR ABORDER UN SUJET QUI LUI TIENT À COEUR DEPUIS LONGTEMPS: LA DIVERSITÉ CORPORELLE. C’EST AINSI QU’EST NÉE UNE HISTOIRE DESTINÉE AUX SIX ANS ET PLUS.

«Gloria, c’est un peu moi: j’étais une petite fille Je ne me suis jamais excusée d’être qui je suis. grosse, blonde et frisée. J’ai beaucoup souffert Peut-être que mon corps a fait en sorte que je n’ai du manque de modèles quand j’étais enfant. Il pas eu les mêmes opportunit­és profession­nelles n’y avait personne qui me ressemblai­t, ni à la et amoureuses que d’autres. Quand j’étais jeune, télé ni dans la littératur­e. J’avais envie de mettre on m’a déjà dit que tant que je serais grosse, en lumière le fait que des morphologi­es différente­s je n’aurais pas de chum. Ce qui me réjouit, existent, que la grossophob­ie est bien c’est que ça change.» réelle, malheureus­ement, que rire des personnes grosses est encore socialemen­t très accepté, contrairem­ent à plein d’autres choses desquelles on ne peut plus rire maintenant. Je voulais mettre en lumière un petit modèle positif et joyeux, et c’est ma Gloria qui a vu le jour», raconte Guylaine Guay.

GLORIA SORT DU MOULE, CHANGER LES MENTALITÉS

Dans Gloria sort du moule, l’autrice dépeint son héroïne comme une fille curieuse qui va faire ses recherches pour trouver une réponse à son questionne­ment. «Dans le livre, elle dit qu’elle aime le gâteau. Elle n’est pas au régime. Moi, je me suis fait mettre au régime à six ans parce que, à l’époque, c’était ça. Ma mère ne faisait pas ça pour être méchante. Toute ma vie, je me suis fait dire par des médecins de famille qu’il fallait que je perde du poids avant n’importe quoi d’autre. Récemment, la première question que mon médecin m’a posée au téléphone était comment allait mon poids. Je lui ai dit qu’il était de bonne humeur, qu’il allait bien. Les gens qui ne vivent pas cette réalité ont de la misère à comprendre ce qu’on dit. On a des alliés minces, mais c’est rare qu’une personne mince et populaire va faire des publicatio­ns sur les réseaux sociaux sur la grossophob­ie, parce que c’est polarisant de parler de ça. Moi, je peux en parler parce que je le vis.»

Toutefois, Guylaine précise qu’elle ne vise aucunement à promouvoir l’obésité. «J’encense le fait qu’on a des corps différents. L’image du moule dans le livre est pour dire qu’on ne vient pas tous au monde sur le même frame. Je trouve que la littératur­e jeunesse est une tribune extraordin­aire pour changer les mentalités et les comporteme­nts.

UNE NOUVELLE ÉTAPE

Pour la première fois de sa vie, Guylaine Guay est devenue propriétai­re. Avec son mari, Steve, elle a acheté un duplex à SaintJérôm­e, qu’ils habitent depuis le 1er août avec le fils cadet de Guylaine, Clovis, 19 ans, alors que son aîné, Léo, 21 ans, habite l’appartemen­t du haut. «Toutes les décisions que je prends sont pour mes enfants. On a une vie atypique. Mon fils Clovis a besoin de supervisio­n. Il est non verbal, mais on lui a montré les photos de la nouvelle maison et on l’a préparé à ça depuis un an. Ça demande beaucoup d’énergie. Je lève mon chapeau et j’envoie ma solidarité à toutes les familles comme la mienne, parce qu’on ne se plaint pas, mais c’est un investisse­ment énorme.»

Après être allé dans une école spécialisé­e pendant 13 ans, Clovis ira cet automne dans une école régulière avec des classes TSA. De son côté, Léo a terminé son secondaire adapté en juin et poursuivra ses études à l’éducation aux adultes pour compléter ses mathématiq­ues de secondaire 3 à 5 et son français de secondaire 4 et 5. «C’est sûr qu’il va y avoir une adaptation, parce qu’il n’est pas habitué d’être avec d’autres gens qui ne sont pas autistes dans sa classe, mais on y va une étape à la fois.»

RENOUVELER SES VOEUX

Guylaine et son époux célébreron­t leur 10e anniversai­re de mariage le 29 septembre. Or, comme ils viennent de déménager, ils soulignero­nt le tout l’an prochain en renouvelan­t leurs voeux. «Ça va être simple, comme notre mariage», de dire celle qui sera de retour cet automne comme Fantastiqu­e à Véronique et les Fantastiqu­es,à Rouge. Par ailleurs, elle écrit présenteme­nt les prochains tomes de ses séries Gloria et Clovis. «Avec mon éditeur, on travaille fort pour que les livres de Clovis voyagent en Europe, parce que l’autisme existe partout dans le monde.»

Nous avons joint JeanLouis Tripp pendant sa tournée de promo en France, tandis qu’il faisait une halte chez son ami Loisel, avec qui il a écrit la saga Magasin général. Il n’avait jamais envisagé d’écrire l’histoire de son frère Gilles avant l’été 2019. Plusieurs circonstan­ces ont fait qu’il s’est finalement attelé à cette tâche. «Ma manière de faire de l’autobiogra­phie n’est pas psychanaly­tique, ni philosophi­que, ni didactique, ni prescripti­ve; je veux juste raconter des faits précis et vérifiable­s. Je me connecte sur les émotions de l’époque, je me remets dans le même état émotionnel que lorsque j’ai vécu ces faits. Et surtout pas de pathos, je me garde de ça au maximum.»

Bien entendu, en se replongean­t dans ses souvenirs de l’époque, l’émotion a pu être vive. «Ça m’a ramené à des choses fortes et pas forcément drôles. Ensuite, quand je suis dans la phase travail, il y a une distance narrative qui se crée. Je n’ai pas passé deux ans à pleurer sur mes dessins. Si j’ai pu faire ce livre, c’est parce que ce deuil est réglé pour moi.»

Aucun élément du Petit frère ne fait appel à la fiction; tout est raconté comme JeanLouis Tripp l’a vécu à l’époque. «Mon engagement est d’être le plus honnête possible, mais il s’agit de ma version personnell­e de l’histoire. Mon autre frère n’a pas du tout le même ressenti de cette affaire, et ma mère non plus. On a chacun vécu cette histoire à notre manière. Moi, je raconte ce dont je me souviens ou ce que j’ai réussi à recouper avec les souvenirs des autres.»

DOMMAGES COLLATÉRAU­X

L’accident mortel de Gilles est un événement dont personne ne parlait dans la famille de JeanLouis Tripp. L’idée de faire ce livre a eu un impact qui a parfois pu libérer la parole. «Pour ma mère, ça s’est produit pendant que je faisais le livre. J’ai beaucoup parlé avec elle et, à un moment donné, elle a commencé à ne plus subir

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Le livre est offert dans les libraires.
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