Échos vedettes

Denyse Plouffe «PIERRE EST PARTI DIGNEMENT»

-

Infirmière à la retraite, Denyse Plouffe a passé les cinq dernières années aux côtés de Pierre Marcotte. Elle a accepté de nous parler de leur rencontre et des derniers moments de l’animateur, décédé des suites de la covid-19.

La rencontre entre Denyse et Pierre Marcotte était quasiment improbable, mais le hasard a bien fait les choses. Originaire de Québec, Denyse venait de prendre sa retraite lorsqu’une amie, représenta­nte pharmaceut­ique, a décidé de lui organiser une petite fête surprise avec quelques anciens collègues. «Elle m’a aussi annoncé qu’elle avait une autre surprise pour moi. Une de ses amies l’avait appelée pour lui demander si elle ne connaissai­t pas une femme qui serait intéressée par un chic type célibatair­e. Elle ne savait toutefois pas qui était l’homme en question. Je lui ai donné la permission de prendre une photo de moi et de la lui envoyer.» L’amie de son amie était en fait la voisine de Pierre Marcotte. Ce dernier a reçu la photo et a posé des questions sur cette femme par l’intermédia­ire de son amie. «Finalement, il a fini par m’appeler. J’ai immédiatem­ent reconnu sa voix. C’était un homme très élégant.»

UN SÉDUCTEUR

Un rendez-vous est pris, et Denyse choisit le restaurant de leur première rencontre. «Quand il est arrivé, le propriétai­re l’a reconnu et lui a dit qu’il était heureux de le recevoir. Pierre a répondu:

“Ce soir, ce n’est pas moi la vedette, c’est la dame qui m’accompagne.” Il m’a conquise juste comme ça. J’ai placé deux mots durant la soirée, car plein de gens sont venus le voir pour lui parler. En plus, le chef du restaurant que j’avais choisi était un ancien chef d’un de ses restaurant­s. Il a juste eu le temps de me demander mon nom et mon âge. Quand je le lui ai dit, il m’a demandé ce que je faisais là, sachant qu’il était beaucoup plus âgé que moi. Je partais en voyage pour une semaine après cette première rencontre, et il a commencé à me texter régulièrem­ent. À mon retour, on s’est revus et on ne s’est jamais quittés. Dès le début, j’ai su que c’était une bonne personne. Il avait de très bonnes valeurs familiales qui me correspond­aient.»

GÉNÉROSITÉ ET PAIX

De ses cinq merveilleu­ses années avec Pierre Marcotte, Denyse va surtout retenir ses valeurs et sa générosité. «Sa porte n’était jamais barrée. Il aimait recevoir; il pouvait y avoir du monde tous les jours à la maison. Il aimait les gens. Il était aussi un amoureux des animaux. Je garde aussi sa joie de vivre. Il n’allait jamais se coucher sans faire un examen de conscience. S’il avait blessé quelqu’un dans la journée ou qu’il était arrivé quelque chose de négatif, il rappelait la personne soit pour s’excuser, soit pour comprendre. Il se couchait tous les soirs en paix. Il se disait que s’il devait mourir, tout était réglé pour lui.»

SES DERNIERS MOMENTS

Pierre Marcotte a été déclaré positif à la covid19 le jeudi, mais hormis un peu de fièvre et quelques douleurs musculaire­s, tout allait bien. «Il est allé faire de la pépine chez un ami, pendant la fin de semaine, pour creuser une allée afin de planter des lilas, a raconté Denyse Plouffe. Le lundi matin, il a pris son café sur sa galerie avec la belle vue qu’il aimait tant, et on est ensuite partis pour Québec.» En fin de journée, la situation a commencé à se dégrader. Il ne se sentait pas bien, il avait des frissons, mais rien d’alarmant.

«Le mardi en se levant, il m’a dit qu’il se sentait un peu mieux, et je l’ai laissé pour aller promener le chien, mais il m’a rapidement appelée me disant que ça n’allait pas du tout. À chaque respiratio­n, ça le brûlait. Les ambulancie­rs l’ont amené à l’hôpital. En après-midi, j’ai voulu lui

apporter ses effets personnels, mais on m’a refusé l’accès en raison des protocoles covid. On se parlait au téléphone, mais je sentais qu’il avait beaucoup de difficulté respiratoi­re. Il fallait qu’il remette son oxygène parce qu’il avait de la difficulté à parler.»

Dans la nuit de mardi à mercredi, le médecin a appelé Denyse pour lui dire que Pierre Marcotte était aux soins intensifs et que les choix de traitement­s étaient limités. «La première chose qu’il m’a demandée lorsque je suis arrivée à l’hôpital était si les médecins m’avaient parlé et si Bruno-Pierre était en route. À ce moment-là, sa décision était prise de ne pas choisir l’intubation. Il a fait ça très dignement et très sereinemen­t. Il a juste demandé de la médication pour l’aider dans sa respiratio­n, pour ne pas avoir mal. On n’avait plus de contact visuel à compter de ce moment-là, mais lorsque je lui ai mis notre chanson fétiche, Perfect, d’Ed Sheeran, il a ouvert les yeux.»

Avant de partir, l’animateur a pu parler avec ses fils: Bruno-Pierre, qui était présent, et Pascal, son aîné qui vit aux États-Unis et qu’il a eu avec la chanteuse Ginette Ravel. «Pierre est parti dignement. Je vais maintenant m’impliquer davantage dans la vaccinatio­n contre la covid-19. Je n’ai pas pu le sauver, mais je veux aider d’autres personnes. Il était tellement emballé par le fait que les gens voulaient le revoir sur scène! Les billets pour le Casino de Montréal se vendaient bien. Ça devait être un cadeau avant de partir; celui de se dire que les gens du public voulaient encore de lui.»

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada