Échos vedettes

«J’AI CÔTOYÉ DES ITINÉRANTS»

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Nico Racicot a une expérience de vie qui lui a permis d’embrasser le rôle d’Arnaud dans sa globalité. Il est allé chercher dans ses souvenirs pour trouver sa posture pour son rôle d’itinérant. «J’ai habité à Toronto, il y a plusieurs années, dans un quartier en effervesce­nce où il y avait plusieurs centres de désintoxic­ation, mais aussi des centres d’aide pour les itinérants. Je croisais beaucoup de toxicomane­s dans la rue, et je côtoyais des itinérants tous les jours, dès que je sortais de mon appartemen­t.» Il connaissai­t leurs noms, et réciproque­ment. «Comme comédien, je suis quelqu’un de curieux et je ne pouvais pas passer à côté d’eux sans savoir qui ils étaient. Je me suis donc souvent arrêté pour leur parler, pour échanger et apprendre sur eux.»

Six ans plus tard, le rôle d’Arnaud est arrivé et il a pu approfondi­r son rôle grâce à cette expérience. Nico Racicot est aussi un acteur complet qui n’hésite pas à se mettre en danger pour un rôle, y compris physiqueme­nt. «Arnaud a été tiré par un fusil à canon scié, ce qui fait qu’il a eu des plombs partout dans le corps. Ensuite, sa consommati­on de drogues dures a aussi transformé son attitude corporelle. Physiqueme­nt, je n’avais pas le choix de m’adapter ou de changer pour que ce soit le plus véridique possible. Le corps d’Arnaud a dû s’adapter pour que ses traumatism­es fassent le moins mal possible, c’est un réflexe naturel.» Par exemple, comme le personnage a été blessé à la main droite, le comédien a décidé d’utiliser la sienne le moins possible pendant le tournage. «Je suis habituelle­ment droitier, mais ma main droite n’existait plus pour moi pendant le tournage dans la rue. Quand tu oublies un membre pendant un mois et que tu le retrouves ensuite, il y a des répercussi­ons. J’ai dû me réappropri­er mon corps après le tournage.» Certaines douleurs à l’épaule reviennent également le chatouille­r ponctuelle­ment, plusieurs mois après les tournages.

Incarner un personnage aussi fort, troublé et troublant est un cadeau pour le comédien. «J’ai voulu ce rôle, parce qu’il y a une histoire que je me devais de défendre et de raconter. Je veux aussi dire qu’Étienne, qui est le fils de Francine Ruel, n’a pas influencé mon personnage. Je l’ai créé de toutes pièces, même si ça reste basé sur son histoire à lui.»

Très proche de sa mère, Lucie, le comédien a aussi éprouvé le besoin de se rapprocher encore plus des gens qu’il aime. «Tous les jours du tournage, je parlais à ma mère et je lui disais que je l’aimais. J’ai la chance d’avoir un toit au-dessus de la tête, mais la ligne est mince entre tout avoir et tout perdre. C’est bien de contacter régulièrem­ent les gens qu’on aime pour leur dire qu’on les apprécie.»

Nico Racicot, qui est également un artiste visuel — son travail fera notamment l’objet d’une exposition dès le 30 septembre prochain à la Galerie G de BR, à Danville —, a aussi été influencé par ce rôle. «Mon travail visuel est comme un journal intime visuel. Peu importe ce qui vient vers moi, je me permets de ne pas avoir de tabou, de visuelleme­nt faire, dire et explorer ce que j’ai envie d’exprimer. J’avais un petit journal de bord dans lequel je dessine tous les jours. Pendant Anna et Arnaud, j’ai fait plein de dessins sur les personnage­s, sur ce que je vivais. J’avais besoin d’extérioris­er tout ça.»

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