DES VERS D’OREILLE ÉTERNELS
FONDATRICE DE LA COMPAGNIE CRÉOLE, CLÉMENCE BRINGTOWN A FAIT BIEN DU CHEMIN DANS NOS OREILLES DEPUIS 1985. AYANT PARTICIPÉ IL Y A QUELQUES JOURS AU SPECTACLE DE JEAN-SÉBASTIEN GIRARD, ELLE NOUS PARLE DE LA TOURNÉE DU QUÉBEC QUE SON GROUPE EFFECTUERA L’HIVER PROCHAIN. RENCONTRE AVEC UNE SEPTUAGÉNAIRE À L’ÉNERGIE CONTAGIEUSE.
Vous avez sûrement déjà fredonné C’est bon pour le moral, Faire chanter les oiseaux ou tout autre air d’été qui s’incruste dans vos oreilles. Eh bien, c’est la Compagnie créole qui en est responsable! Clémence Bringtown, la célèbre voix féminine du groupe, se remémore avec nous tout le chemin parcouru. Même si les membres du groupe sont originaires de la Guadeloupe et de la Martinique, c’est à Paris que la formation musicale est née. Clémence chantait déjà pour se faire quelques sous et payer ses études. «À cette époque-là, mon père ne voulait pas que je chante. Il disait que ce n’était pas un métier. J’ai retrouvé Guy, José et Julien à Paris; ils faisaient du cabaret, on s’est mis ensemble avec Arthur et on a démarré le groupe.» Clémence se rappelle: «J’ai commencé à chanter très jeune. Je n’avais jamais suivi de cours de chant ni de musique. On m’a dit: “C’est bien, la voix du bon Dieu, mais il faut la technique.” (rires) Je suis donc allée suivre quelques cours et j’ai amélioré ma voix naturelle.» Clémence garde des souvenirs forts de son premier passage en terre québécoise: «On est venus pour la première fois au Québec en 19841985; on participait à un téléthon où on a
interprété C’est bon pour le moral. Le succès a tout de suite démarré avec cette pièce. On a fait des radios, des télés avec le producteur Jean-Claude L’Espérance, qui nous a [permis de nous produire] au Théâtre St-Denis, à Montréal. On a joué à Québec, puis à Ottawa. On a sillonné tout le Québec jusqu’en Gaspésie, et même en Acadie. On a visité toutes les régions. C’est là qu’on a connu Chicoutimi à -47 °C! (rires) Heureusement, j’étais habillée en conséquence.»
DONNER DU COURAGE
Clémence se souvient d’une autre anecdote survenue lors d’un spectacle: «Des parents m’ont laissé un mot pour me dire que leur petit garçon est malade et qu’il souhaite avoir une photo de nous. En remettant la photo à ce petit garçon, je lui donne notre adresse. Après, il m’envoie des photos de lui à l’hôpital où on le voit sans cheveux, car il fait de la chimio pour lutter contre un cancer. Il m’écrit qu’il chante toute la journée C’est bon pour le moral, si bien que les autres malades viennent dans sa chambre pour le voir chanter et danser. Et il me dit: “Je te promets, Clémence, que je vais guérir, et quand tu reviendras au Québec, je vais te la chanter.” Il s’est accroché et il a pu monter sur scène et chanter avec nous. Je repense souvent à cette très belle histoire.»
TOURNÉE AU QUÉBEC
La Compagnie créole sera de retour en février pour entamer sa nouvelle tournée chez nous. «Nous connaissons toutes les villes où nous allons jouer, car nous y sommes déjà allés. À -20 °C, on chante la sérénade sans problème! (rires)» Pour Clémence, l’âge est loin d’être un frein pour monter sur scène. «J’ai la chance d’avoir des parents qui ne faisaient pas attention au fait de vieillir. Le tout, c’est d’être en bonne santé et de garder le moral. C’est sûr qu’on ne peut pas bouger à 60 ans comme lorsqu’on a 20 ans. Mon père disait toujours: “C’est au cimetière qu’on fait des vieux os.” (rires)» Et maintenant, sa fille et son gendre travaillent avec la Compagnie créole. «Ma fille travaille avec nous comme assistante en production et elle chante aussi, elle fait des choeurs sur la scène. Elle a monté avec son mari un studio, Café-vanille, et elle enregistre avec nous. Son mari est notre chef musical. La famille s’est agrandie. On aime bien ça.»