Échos vedettes

Un premier recueil de poésie LE DÉGOÛT DE CE QU’ON AIME

- J.-F.B.

À la fin de l’été, Daniel Bélanger nous surprenait encore une fois en lançant un premier recueil de poésie, Poids lourd, paru aux éditions Les Herbes rouges. L’inspiratio­n lui est venue à force de croiser en tournée des camions remplis de porcs en route vers l’abattoir...

Oui, le point de départ est dur. La lecture n’est pas toujours aisée non plus. «C’est vrai que ça peut provoquer un inconfort, reconnaît-il. C’est l’effet du cochon. Le recueil doit forcément finir par être aussi inconforta­ble que lorsqu’on est en présence d’un cochon. C’est intelligen­t et ça apprend des tours comme un chien. Et on raffole de sa viande. En même temps, quand on voit un cochon, on est un peu dégoûté. C’est curieux d’être dégoûté par quelque chose qu’on aime... C’est la matière que je voulais travailler à travers Poids lourd.»

Et nous voilà placés face à nos contradict­ions, une position des plus inconforta­bles. «En tournée, on croise souvent des camions 10 roues. On voit à travers les lattes d’aluminium la petite peau rose. Chaque fois que j’en vois un, je prends la résolution de ne plus manger de jambon, mais, à la première occasion…»

et agressé. On se lève le matin, on ouvre la télé aux nouvelles et on est agressé par toutes sortes d’affaires. On s’agresse soi-même en se demandant ce qu’on doit faire et ne pas faire, ce qu’on a fait pour améliorer les choses. On a fait tout ce qu’il fallait pour les améliorer, mais ça ne les améliorera pas. Ce n’est pas mon sac de vidanges bien trié qui va sauver mon île. J’ai besoin des autres pour sauver mon île avec moi, mais tous ne collaboren­t pas.»

«Je fais dans le pharmaceut­ique; je soulage.»

Daniel Bélanger fait du bien aux autres autant qu’il trouve réconfort dans la création. «L’art en général, puisque ça fait du bien et console, permet de s’évader de ses propres problèmes. Ça ne nous ralentit pas dans notre possibilit­é de nous en sortir. Quand on va voir une exposition parce qu’on ne file pas, est-ce qu’on reporte au lendemain le problème qu’on ne veut pas affronter? Ça peut n’être qu’une pause pour prendre son élan.»

SEUL

En 2013, il avait enregistré Chic de ville à Nashville avec une généreuse bande de musiciens. Puis il avait fait à peu près seul dans son studio Paloma et Travelling. Mercure en mai relève du même procédé. «Techniquem­ent, je suis meilleur qu’à l’époque des Insomniaqu­es… Travailler seul permet une grande efficacité et une grande flexibilit­é. C’est vite, vite, vite, et je ne perds pas mon élan. C’est moi qui décide. Je n’ai plus la patience de travailler avec un technicien.»

Tout seul, il arrive à pondre un truc vocalement complexe comme Joie qui, là encore, témoigne d’une rafraîchis­sante sérénité, proche parente de

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