Échos vedettes

«IL FAUT GARDER LA FOI»

− Charlotte Le Bon

- SANDRA SIROIS

CHARLOTTE LE BON, CONNUE COMME UNE ACTRICE À SUCCÈS AU QUÉBEC ET EN FRANCE, LANCE SON PREMIER LONG MÉTRAGE À TITRE DE RÉALISATRI­CE. RENCONTRE AVEC L’ARTISTE, QUI NOUS PRÉSENTE AVEC FIERTÉ SON FILM

FALCON LAKE.

Charlotte, votre premier long métrage a pour titre qui est un lac au Manitoba. Comme il a été tourné dans les Laurentide­s, pourquoi avoir donné ce nom à votre film?

Falcon Lake,

Falcon Lake était à la base un titre provisoire. J’ai été élevée par mon beau-père dès l’âge de trois ans, et ses parents habitaient à Winnipeg. Falcon Lake est un grand lac très impression­nant. C’est un de mes premiers souvenirs de la splendeur de la nature. J’avais envie de raconter une histoire qui se déroulait autour des lacs, au Canada. Alors, j’ai nommé mon film Falcon Lake en me disant que j’allais avoir une autre idée de titre, mais cette autre idée ne m’est jamais venue! (rires)

Ce film est inspiré d’un roman graphique. Vous êtes-vous reconnue comme adolescent­e dans cette histoire?

Je suis autant le personnage de Bastien que celui de Chloé. Comme Bastien, j’ai été l’amoureuse transie qui devient complèteme­nt décontenan­cée face à quelqu’un — dans le sens où je ne sais plus comment agir ni même comment je m’appelle parce que cette personne se trouve devant moi. Mais aussi, j’ai été Chloé, une fille qui ne sait pas exactement ce qu’elle veut, qui apprend à se connaître et à se définir à travers le regard des autres.

Avant d’être réalisatri­ce et actrice, vous avez été mannequin…

Oui, de 16 à 23 ans.

Vous avez été propulsée très jeune dans ce monde pas toujours facile. Comment avez-vous vécu cela?

Ce n’est pas une période particuliè­rement heureuse de mon existence. C’est un métier très déshumanis­ant, qui m’a fait vivre beaucoup de solitude. En même temps, ça m’a fait énormément voyager et permis d’être rapidement indépendan­te financière­ment. C’est grâce à ce métier que je suis allée travailler en France, car autrement, je ne

serais jamais partie. Je suis très reconnaiss­ante de cela. En revanche, le métier en soi n’est pas très épanouissa­nt. Notre personnali­té, nos opinions ou nos goûts ne sont pas pris en compte. Ce qui importe, c’est notre image. C’est aussi le seul métier où il est légitime de pointer les défauts physiques des autres. On croit que les mannequins se pensent super belles, mais en fait, nous sommes constammen­t critiquées sur notre physique qui n’est jamais suffisamme­nt parfait. J’ai passé sept ans de ma vie à me faire dire que je n’étais pas à la hauteur.

Avez-vous encore des séquelles de cette époque?

J’ai sûrement encore des séquelles… Avez-vous cinq heures pour faire ma psychanaly­se? (rires) En même temps, quand j’ai commencé à faire la météo à Canal+, en France, il y a plusieurs années, ce fut un terrain de jeu créatif inouï. C’était comme une façon pour moi de reprendre le pouvoir. Même si on m’avait engagée à la base pour mon physique, j’avais une opportunit­é d’exprimer autre chose. Après cela, j’ai commencé à jouer, puis j’ai eu envie d’écrire ma propre histoire.

Quel a été le plus grand défi dans le fait de devenir réalisatri­ce?

Il faut garder la foi. On se prend énormément de «non» dans la gueule. Il faut convaincre beaucoup de personnes qu’on est digne de passer de l’autre côté de la caméra. Ce fut un processus très long et ardu. Mais aujourd’hui, je suis contente, car ça a fait en sorte que j’ai dû peaufiner mon scénario pour le rendre encore meilleur.

Merci la Vie. Je profite de chaque instant. Le yoga me permet de rester centrée, de calmer l’hyperactiv­e en moi, de me connecter à quelque chose de plus grand et de rester positive en cette période terrestre très mouvementé­e.

CLODINE DESROCHERS

Instagram

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada