La bonne idée

Chaque génération a ses propres coups de coeur en matière de musique, de télévision, de cinéma, etc. On essaie tous de reproduire ce qui nous a le plus ému, que ce soit en jouant à répétition une chanson sur sa tablette ou en allant voir le même film plusieurs fois au cinéma. Avec la technologie d’aujourd’hui, il est facile de voyager dans le temps. Un moteur de recherche peut trouver en quelques secondes tout ce qui nous rappelle une certaine époque et prolonger ainsi le bonheur ressenti lorsqu’on a découvert l’oeuvre ou l’événement qui nous a plu. Des pièces de théâtre adaptées pour le cinéma, des comédies musicales, des captations de concerts, des allégories poétiques... ce sont toutes sortes d’oeuvres qu’on immortalise pour les revoir plus tard. C’est un petit plaisir de l’homme que de vouloir revivre des émotions qui lui ont fait du bien.

La dernière bonne idée au Québec a été de faire revivre un personnage télé des années 1970 du réseau TVA non pas au cinéma, mais au théâtre. D’habitude, c’est le contraire; on fait du théâtre à la télévision et de la télévision au cinéma, ou encore directement du théâtre au cinéma. De bons exemples? Le père Noël est une ordure et Le dîner de cons. Cette fois, on s’est surpassés; on a imaginé une comédie avec le personnage le plus théâtral de la télévision de l’époque: Symphorien. Il faut dire qu’il y avait de la matière pour faire revivre les personnages créés par Marcel Gamache, qui leur a donné la parole sans fléchir pendant plus de sept ans. Cela représente plus de 269 épisodes de 26 minutes chacun, remplis de gags, de quiproquos, de fous rires et de conclusions surprenantes ou hilarantes. Ce n’est pas pour rien que l’émission trônait au sommet des succès télévisuels de l’époque. C’était un tout autre style que ce qu’on fait aujourd’hui, j’en conviens.

La plupart de ceux qui se souviennent avec bonheur de cette époque bénie seront heureux d’apprendre qu’ils avaient raison d’aimer ce genre de comédie de situation. Aujourd’hui, en octobre 2022 et pour plusieurs mois encore, peut-être même pour plusieurs années, Symphorien est toujours aussi populaire, non seulement chez les boomers, mais aussi chez leurs enfants, car les salles sont pleines. En effet, l’émission mythique est devenue une pièce de théâtre. Ainsi, Madame Sylvain, Mademoiselle l’Espérance, Oscar Bellemare et Éphrem, le frère de l’autre, sont tous sans exception devenus des personnages plus grands que nature, surtout quand on connaît l’exigence du jeu théâtral.

L’idée de transformer Marcel Gamache en auteur théâtral revient au duo Martin Duchesne et Martin Leclerc, avec l’accord des héritiers. Ensemble, ils ont recréé un monstre soutenu par une distribution soignée, à commencer par François Chénier en tête d’affiche, accompagné par son impayable Éphrem, Martin Héroux. Voilà que le ton est donné. Mireille Labonté, Nathalie Mallette, Patrice Coquereau, AnneMarie Binette et Stéphane Côté complètent la distribution. À voir ou à revivre avec le cerveau à off mais le coeur à on, car si le passé est garant de l’avenir, le futur de Symphorien est la garantie d’un passé heureux.

Rendez-vous sur symphorienlapiece.com pour connaître toutes les dates.

Quelle bonne idée de faire revivre Symphorien! C’est M. Gamache qui serait fier, lui qui aimait autant les personnages qu’il créait pour la télé que les acteurs qui les jouaient. Maintenant, ils font non seulement partie du passé, mais aussi du futur.

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