TOMBÉE DE RIDEAU POUR UN ARTISAN DU THÉÂTRE QUÉBÉCOIS
ANDRÉ BRASSARD
(1946-2022)
IL A ÉTÉ UN VÉRITABLE PILIER DU THÉÂTRE QUÉBÉCOIS. LE METTEUR EN SCÈNE ANDRÉ BRASSARD S’EST ÉTEINT LE 11 OCTOBRE, À 76 ANS, APRÈS UNE LONGUE MALADIE. CELA FAISAIT PLUSIEURS SEMAINES QU’IL ÉTAIT HOSPITALISÉ.
Il a mis en scène la toute première version des Belles-soeurs, de Michel Tremblay, créée au Rideau Vert en 1968. Deux ans plus tôt, il avait fondé la troupe le Mouvement contemporain et avait monté Les bonnes avec son amie Rita Lafontaine. C’est elle qui lui a présenté l’auteur avec qui il a longuement collaboré. «On dirait que je ne peux pas parler de mon histoire sans raconter celle de Tremblay. Des fois, j’ai l’impression que je dépends de lui; d’ailleurs, c’est grâce à Tremblay que je peux me payer cet appartement de la rue Masson», peut-on lire dans sa biographie publiée en 2010. L’homme a fait naître sur scène de nombreuses pièces du dramaturge: Demain matin, Montréal m’attend, Hosanna, La duchesse de Langeais, À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, Bonjour, là, bonjour, Sainte Carmen de la Main, Albertine en cinq temps, Le vrai monde?… Ensemble, ils ont fait évoluer et voyager le théâtre québécois.
L’homme a également monté des classiques ainsi que des pièces de Michel Marc Bouchard, Normand Chaurette et Olivier Choinière…
Pour le cinéma, il a réalisé Françoise Durocher, waitress (1972), Il était une fois dans l’Est (1974) et Le soleil se lève en retard (1977), des oeuvres qui sont passées à l’histoire.
En 1999, André Brassard a fait un AVC qui l’a cloué à un fauteuil roulant. «La moitié droite de mon corps ne m’obéit plus: j’ai parfois l’impression de porter un collant trop petit, peut-on lire dans sa biographie. Il m’arrive de croire que ce serait tellement plus simple d’être mort.» Échos Vedettes offre ses condoléances à ses proches.
Adieu, mon papa! Mon papa, Yvan, le boulanger, fils et petit-fils de boulanger, s’en est allé cette nuit nous fabriquer des pains tout en nuages. Dans sa nuit, sous la médication des soins palliatifs du CHUM, il a tout à coup émergé... Il nous a fait un show, des farces, des jeux de mots, des clins d’oeil, sourire en coin, en nous entendant rire, nous, ses enfants, ma mère, ses bellesfilles et toute sa famille proche. Puis, sorti de son coeur, bien franc, il a dit:
– Si je vous fais des farces comme ça, c’est ma façon à moi de vous prendre dans mes bras. Puis, trois heures plus tard, il s’est tricoté des ailes en mie de pain et s’est envolé. Je t’aime, papa. Merci pour ta force, ton amour et ton courage.