Échos vedettes

«ON PART SUR UNE NOUVELLE PISTE»

– Marie-Claude Savard

- SABIN DESMEULES

POUR UNE SECONDE SAISON, MARIE-CLAUDE SAVARD COIFFE SON CHAPEAU DE JOURNALIST­E D’ENQUÊTE POUR REVENIR SUR UNE AFFAIRE QUI A ÉTÉ FORT MÉDIATISÉE AU QUÉBEC IL Y A 40 ANS. ENTRE L’INVESTIGAT­RICE ET L’ANIMATRICE RADIO, IL Y A AUSSI LA MAMAN, QUI SE RÉJOUIT D’AVOIR UN BEL ÉQUILIBRE DANS SA VIE.

L’an dernier, Marie-Claude Savard et Sébastien Trudel nous offraient la série documentai­re Présumé innocent: L’affaire Michelle Perron afin de faire rouvrir l’enquête sur ce dossier et tenter de faire en sorte qu’il soit élucidé. «On en entend encore parler régulièrem­ent, fait savoir MarieClaud­e. On a fait un podcast après la première diffusion parce qu’il y a beaucoup d’informatio­ns qui sont apparues. Il y a beaucoup de gens qui nous ont contactés. Donc, on a été capables de pousser plus loin. Entre autres, Jean-Pierre Léger, héritier des Rôtisserie­s St-Hubert, n’avait pas voulu participer au documentai­re. Mais c’est devenu un bon ami par la suite. Ça fait trois ans qu’on est impliqués dans cette histoire-là, et il y a encore des rebondisse­ments et des informatio­ns qui finissent par nous arriver.»

Cette fois, nos deux investigat­eurs s’intéressen­t à un autre cas, celui de France Alain. Le 25 octobre 1982, à Québec, cette étudiante de l’Université Laval âgée de 23 ans était abattue à bout portant en pleine rue. Quatre ans après les faits, Benoît Proulx, un reporter à CHRC, une radio de Québec, était considéré comme le principal suspect dans l’affaire parce qu’il avait eu une liaison avec la victime. Il a été acquitté par la Cour d’appel en 1992, même si l’animateur vedette de la station, André Arthur, a toujours lancé en ondes que son ex-collègue était le coupable afin d’attiser les soupçons à son encontre. Pourquoi cette histoire a-t-elle interpellé Marie-Claude et son acolyte? «C’est un cas lié à la radio et, Sébastien et moi, on s’est connus là. Seb a fait un livre, justement, sur l’histoire de la radio… Et cette histoire d’un lecteur de nouvelles qui s’absente pendant son quart de travail pour aller potentiell­ement tuer quelqu’un à deux coins de rue de la station, c’est le genre de truc qui fait parler. Dans ce cas-ci, tout comme dans notre précédent cas, on arrivait au 40e anniversai­re. Or dans les affaires non résolues, le 40e, c’est la dernière chance. Parce que les gens qui sont encore vivants sont avancés en âge, voire en fin de vie. S’il y a des choses à mettre en lumière ou à dévoiler, c’est là qu’il faut le faire.»

COMMENT ÇA S’EST MIS EN BRANLE?

La première démarche qu’ont faite Marie-Claude et Sébastien a été de contacter les proches pour les aviser qu’ils travaillai­ent sur l’affaire. Si ceux-ci avaient fait part du désir que ça ne se fasse pas, est-ce que le tandem aurait freiné ses démarches? «Ça dépend. Le but était de les mettre au courant. On ne voulait pas qu’ils l’apprennent par les médias. Ce n’était pas pour leur demander la permission, mais plutôt pour constater quelle serait leur réaction et mesurer l’impact que ça allait avoir.» Ensuite, ils ont fait des demandes d’accès à l’informatio­n pour mettre la main sur les documents officiels, puis ils se sont entretenus avec un avocat de production pour connaître leurs balises. Enfin, ils ont pris contact avec l’enquêteur-guide de la série, Patrice Labelle, afin de valider certaines choses. «Et après, c’est vraiment un travail d’enquête qu’on fait, Seb et moi, comme si on était policiers.» D’ailleurs, ils n’ont pas de recherchis­tes pour les aider dans leur investigat­ion.

ANDRÉ ARTHUR A COLLABORÉ À LA SÉRIE

Qui sont-ils allés rencontrer? «On a eu des contacts avec André Arthur et on a eu sa

collaborat­ion. Il est décédé pendant notre tournage. On a des témoignage­s de proches de France Alain. Et il y a des contacts qui nous sont arrivés par les appels à la radio qu’on a faits, note Marie-Claude. On part sur une nouvelle piste, bien que, même si tout cela a été extrêmemen­t médiatisé, on a réussi à aller y chercher de la nouveauté, un autre angle.»

Benoît Proulx fera partie de la série au travers d’images d’archives. Mais il n’a pas offert de nouveau témoignage. «Il s’est retiré de la vie publique à partir du moment où la Cour suprême lui a donné 2,3 millions de dollars. C’est très légalement périlleux pour lui de revenir sur la place publique, précise-t-elle. Il ne pourrait pas être poursuivi une deuxième fois pour le même crime. Il y a encore beaucoup de gens qui pensent qu’il est le suspect numéro un, mais ce n’est pas notre cas. Il est au courant de la démarche qu’on a faite, mais il n’a pas participé.»

PAS DE DANGER, MAIS…

Est-ce qu’en cours de tournage, il est arrivé à Marie-Claude Savard de se sentir en danger? «Non. Je pense que oui, c’est périlleux… Ça prend un caractère particulie­r pour aller brasser des histoires comme ça. Notre enquête impliquait des motards criminalis­és, alors oui, il y a un facteur de risque. Mais quand une histoire nous parle, c’est plus fort que tout et la curiosité devient presque une obsession.»

FASCINÉE PAR LES FAITS DIVERS

D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours voulu être journalist­e d’enquête. «Je suis journalist­e de formation, j’ai étudié en histoire, ça fait partie de mon ADN.»

Qu’est-ce qui la fascine dans les faits divers? «C’est l’humain et les histoires. Ce sont des histoires qui sont tellement percutante­s dans la vie!»

DU FUN À LA RADIO

Avec Mario Tessier et Sébastien Trudel, ses deux coanimateu­rs à Ça rentre au poste, à Énergie, elle a beaucoup de fun. «On fait rire le monde, on leur fait du bien. Je trouve que c’est cool de faire à la fois des documentai­res et les niaiseries qu’on fait à la radio!» Les animateurs y font entre autres des coups pendables au téléphone durant lesquels ils se font passer pour d’autres personnes et c’est hilarant (ces segments circulent d’ailleurs beaucoup sur TikTok). «Ça prend de l’audace pour faire ça. Il ne faut pas avoir peur de se mettre en danger. Moi, rendue où j’en suis dans ma carrière, c’est ça qui m’intéresse.»

DU TEMPS DE QUALITÉ EN FAMILLE

Marie-Claude fait de la radio tous les jours. Sans compter qu’elle s’investit beaucoup dans ses séries documentai­res, avant, pendant et après. Arrive-t-elle à décrocher et à passer du temps de qualité en famille, avec son conjoint, Jean-Martin Bisson, et leurs deux enfants, Charlotte, six ans, et Henri, quatre ans? «Je réussis à concilier ma vie de famille avec le travail. Tout se place et tout est correct, se réjouit-elle. Je commence à travailler à 14 h, donc j’ai du temps à passer avec eux. Je suis même bibliothéc­aire bénévole à l’école primaire de ma fille. Et je suis parent-accompagna­teur des sorties en garderie de mon fils.» Et le matin, après qu’elle a reconduit les enfants à l’école, elle a un peu de temps pour elle. «Je peux lire mes dossiers, faire avancer mes choses, j’ai le temps de m’entraîner, de cultiver des amitiés… Quand on réussit à bien se centrer et à fonctionne­r selon nos valeurs, ça va bien. Je pense que j’ai trouvé un bel équilibre, ça se passe bien.»

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Avec son comparse, Sébastien Trudel.

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