SUR LES TRACES DE RIOPELLE
EN SORTANT D’UNE EXPOSITION RÉTROSPECTIVE SUR JEAN-PAUL RIOPELLE, LE JOURNALISTE STÉPHANE LECLAIR A EU ENVIE D’EN SAVOIR PLUS SUR L’HOMME QU’IL A ÉTÉ, MAIS AUSSI SUR LA MANIÈRE DONT IL A RÉUSSI À DEVENIR UN IMMENSE ARTISTE. DANS SON BALADO
IL A CHOISI DE RETOURNER SUR LES LIEUX EMBLÉMATIQUES QUI ONT FAÇONNÉ RIOPELLE, TOUT EN RECUEILLANT LES CONFIDENCES DE CEUX QUI L’ONT CONNU.
La sortie de ce balado sur Riopelle, au moment où débutent les célébrations entourant le 100e anniversaire de sa naissance, n’était pas prévue. «En visitant l’exposition Riopelle au Musée des beaux-arts de Montréal, à l’hiver 2021, j’ai eu un choc, raconte Stéphane Leclair. J’ai compris son génie à ce moment-là. J’ai eu envie de me rendre à L’Isle-aux-Grues, où il a vécu et où il est mort. J’ai loué une maison làbas simplement pour me retrouver sur ses traces. Sur place, j’ai eu l’idée de faire un balado qui retournerait sur les traces de ce géant.»
Faire plus de trois heures de reportage audio sur un artiste visuel qui n’aimait pas vraiment donner des entrevues demandait nécessairement un angle intéressant pour découvrir le peintre et l’homme. «Dans chaque épisode, on visite un lieu emblématique de son parcours, que ce soit L’Isle-aux-Grues, Montréal, Paris et ses environs, le sud de la France, la Bretagne ou le Grand Nord. Je suis allé rencontrer tous ceux qui l’ont connu, toutes les personnes qui ont été proches de lui.»
Le journaliste s’est lancé dans cette aventure sans savoir si les gens allaient accepter de s’entretenir avec lui. «J’ai finalement pu rencontrer sa fille, Yseult Riopelle, qui ne donne quasiment jamais d’entrevues, son petit-fils, qui habite en Bretagne, et j’ai même pu parler à son garagiste, qui habite dans les Laurentides.» Le journaliste a aussi pu compter sur les archives de RadioCanada, qui disposent de plusieurs entrevues intéressantes du peintre, pour faire entendre sa voix dans son balado.
DÉPEINDRE RIOPELLE, UNE VIE ROCAMBOLESQUE
Le destin de Jean-Paul Riopelle n’était pas tout tracé. «L’idée est aussi de comprendre comment il est devenu un artiste dans le Québec des années 1940. Ce n’était pas évident, on était dans la Grande Noirceur, l’art était souvent perçu comme une perversion. Les parents de Riopelle souhaitaient qu’il devienne ingénieur. Sa mère a même brûlé plusieurs de ses premières oeuvres parce qu’elle ne comprenait tout simplement pas. Ensuite, [comprendre] comment il a vécu dans sa démesure durant toute sa vie.»
La ville de Paris et sa rencontre avec un collectionneur d’art ont transformé son parcours. «Après un premier voyage déterminant en 1946, Riopelle part vivre à Paris avec sa première femme. Mais ça ne fonctionnait pas très bien les premières années. Un jour, un collectionneur lui laisse les clefs d’un atelier où il peut s’installer pour quelques mois, au fameux 52, rue Durantin, à Paris. C’est là qu’il a créé ses fameuses mosaïques, ces toiles où il y a énormément d’accumulation de peinture, de lumière et de couleurs. À partir de ce momentlà, il va devenir un incontournable de l’art de l’après-guerre.» Stéphane Leclair a d’ailleurs pu visiter cette fameuse adresse, qui a été transformée depuis.
UNE RENCONTRE PARTICULIÈRE
Pour comprendre la personnalité entière de Riopelle, le journaliste a également rencontré Huguette Vachon, conjointe du peintre durant les 16 dernières années de sa vie. «C’était assez émouvant, parce qu’elle m’a donné rendez-vous dans la maison où Riopelle est mort, et où elle habite encore, sur L’Isle-aux-Grues. On était dans le salon, près de la chambre où il est mort, la porte était ouverte. Elle m’a raconté avec détail, précision et émotion ses derniers jours, comment il est décédé. Il n’avait pas de maladie, mais son corps était usé d’avoir vécu aussi intensément.»
LE CHOC POST-TRAUMATIQUE, UN SUJET TROUBLANT, EST AU CENTRE DU FILM DE MICHEL KANDINSKY. IL MET EN VEDETTE DEUX ACTEURS DE TALENT, FRANÇOIS ARNAUD ET SOPHIE DESMARAIS. LES ARTISTES SE SONT CONFIÉS À NOUS À PROPOS DE CE TOURNAGE QUI S’EST DÉROULÉ À SUDBURY, EN 2020…
LA SWITCH,
Un caporal des Forces armées canadiennes, Marc Leblanc (François Arnaud), démobilisé de sa mission en Afghanistan, revient dans son village natal du nord de l’Ontario pour s’installer avec son père en fin de vie, Jean-Pierre (Roch Castonguay), avec qui il communique peu. Le jeune homme est fervent de chasse, mais, une fois un fusil à la main, il se revoit au front. Son monde intérieur et sa colère réprimée risquent à tout moment d’exploser. Contrebalançant son univers sombre, une jeune serveuse qui a été dans sa classe lorsqu’il était enfant, Julie (Sophie Desmarais), une fille spontanée, souriante et pas compliquée, croise alors son chemin…
UN RÔLE DEMANDANT POUR FRANÇOIS
François Arnaud s’est investi corps et âme dans ce rôle. D’abord, il a beaucoup lu sur le choc post-traumatique. «J’ai appris que la chimie du cerveau était transformée par des traumatismes, ce qui modifie nos réactions à des situations du quotidien.»
Comme il tire souvent au fusil de chasse dans le film, il a appris comment bien le manier. «J’avais déjà utilisé des armes à feu sur tout plein de tournages avant, mais pas avec ce type d’arme.» Il a aussi eu une préparation scénique du travail sur une ferme, puisque le père en possède une. «J’ai fait beaucoup de travail manuel.»
François a en outre dû faire un travail très intérieur pour entrer dans la peau du personnage. «Le défi était de rendre intéressante cette personne refoulée et de donner accès à son monde intérieur. Ça me faisait un peu penser à du jeu masqué. Je voyais mon propre visage comme un masque derrière lequel me cacher, explique-t-il. Sophie Desmarais et moi, on se connaît bien. Elle est arrivée à la moitié du tournage et a été un peu surprise de me trouver tendu.»
La carrière internationale de l’acteur continue d’avoir le vent dans les voiles. Il est en ce moment dans la série Surface, sur Apple TV+. On le verra bientôt dans le film Marlowe aux côtés de Liam Neeson, Diane Kruger et Jessica Lange, ainsi que dans The Winter House en compagnie de Lili Taylor. Ici, il sera au générique du film En 2023, on le verra dans la version anglophone de la série Plan B. «Je ne sais pas ce qui m’attend pour la prochaine année. Mais c’est correct. J’essaie d’avoir confiance en la vie.»
UN PERSONNAGE ORIGINAL POUR SOPHIE
La switch est un film bilingue. Sophie Desmarais aimerait-elle tourner davantage en anglais et, de ce fait, à l’étranger? «Oui, c’est sûr, j’ai toujours eu ce rêve-là. Même si j’adore tourner au Québec, ça fait du bien de rencontrer des gens d’ailleurs, d’autres créateurs, et de visiter de nouveaux endroits, répond-elle. Mais je viens de finir de tourner une coproduction avec la France. L’équipe était à moitié française et c’était chouette parce que c’est un échange qui est différent.»
Dans La switch, elle a adoré jouer cette fille sociable, directe, souriante, pétillante… «Ça m’a un peu fait penser à mon personnage dans Yamaska. C’est une fille qui fait un contrepoids dans l’histoire. C’est comme ça que je l’ai abordée.» Julie est également enceinte. «Oui, elle est enceinte, et on sent qu’elle est soloparentale et un peu sur le flirt. C’est quelque chose que je n’ai pas souvent vu.» L’actrice n’était pas réellement enceinte quand elle a tourné. «Mais je l’aurais été si on avait tourné dans les dates initiales.»
Si le sujet était lourd, l’ambiance sur le plateau ne l’était pas. «Surtout avec François. On se connaît depuis notre sortie de l’école de théâtre, en 2007. Quand on s’est rencontrés, on s’est tout de suite vraiment aimés et on a ensuite travaillé ensemble dans Les grandes chaleurs. Alors c’était le fun de se retrouver.»
Sophie tourne beaucoup en ce moment et a un enfant en bas âge. Est-ce que la conciliation travail-famille est difficile? «Non, pas vraiment. Au contraire, ça m’enrichit comme artiste d’être maman, de vivre d’autres expériences avec un enfant, avec une vie un peu plus remplie, moins centrée sur soi-même, mais plus tournée vers la famille.»