CACHET CACHÉ
Dans sa pratique, le bureau d’architecture atelier barda aime emprunter des chemins de traverse. Pour la rénovation d’un appartement perché sur les toits de Montréal, c’est autour d’une luxuriante cour intérieure, à l’abri des regards, qu’il a choisi d’or
La cour intérieure, qui sépare le séjour de la chambre. L’aménagement de cet espace, avec sa végétation luxuriante, est l’oeuvre de Ronan MacParland. Chaises en acier laqué de Harry Bertoia pour Knoll (mohd.it). Table de bistrot Garbo, d’Antonino Sciortino (serax.com).
VUE DE LA RUE, la Résidence Alma ne laisse en rien soupçonner l’intérieur singulier qu’a imaginé Atelier Barda. Le triplex en briques et pierres de taille situé à l’angle d’une artère commerçante de la Petite-Italie, à Montréal, abrite une boutique d’articles cadeaux dont la vitrine est surplombée de balcons en fer forgé typiques du quartier. C’est ici, dans ce coin vibrant de la métropole québécoise en pleine métamorphose, qu’un jeune entrepreneur du monde de la mode a voulu se poser. Il a confié à Cécile Combelle, Antonio Di Bacco et Kevin Botchar, qui comptent parmi la jeune garde de l’architecture canadienne, le soin de rénover sa maison. Pour lui, ils n’ont pas hésité à bousculer les codes classiques de l’habitat nord-américain et à enchevêtrer les influences. Tandis que le deuxième étage a été réservé aux hôtes de passage, le troisième, d’une superficie de 1700 pi2, a été remodelé de fond en comble pour faire entrer la nature au coeur de la maison. L’espace dégagé a permis de créer une cour intérieure de 200 pi2. Toutes les pièces s’articulent désormais autour de ce jardin secret bardé de bois brûlé avec une abondante végétation et un bain japonais. L’appartement, qui se déploie sur deux niveaux grâce à l’ajout d’une mezzanine de 400 pi2 pour la cuisine, la salle à manger et deux terrasses, y gagne en lumière, mais aussi en âme.
La cuisine située en mezzanine a été conçue pour être conviviale. Le propriétaire aime y organiser de grandes fêtes, qui se prolongent sur une terrasse avec vue sur le mont Royal. La suspension Myriad, de Gabriel Scott (gabriel-scott.com), éclaire la longue table et ses bancs Kalahari, de Claesson Koivisto Rune, ainsi que deux chaises Maun Windsor, de Patty Johnson (mabeofurniture.com). Les tabourets C401, bordant l’îlot, sont des créations du fleuron montréalais Kastella (kastella.ca). Au premier plan, devant les cabinets de cuisine Aktuel (aktuel.ca), un vase de Catherine Normandin avec son bouquet (oursinfleurs.com), une affiche de Maude Lescarbeau, une assiette de Tina Frey et des moulins à sel et à poivre (jamaisassez.com), une cafetière Nespresso Vertuo (nespresso.com), un vase Danilo et des ustensiles de service Danica (vdevmaison.com), et un linge de table en lin (coeurdartichaut.ca).
Pour cette mise en scène urbaine, l’équipe d’Atelier Barda a puisé, comme à son habitude, dans ses références artistiques. En particulier, elle s’est penchée sur les loggias et colonnades qui définissent en grande partie le nouveau penthouse. «La première image dont nous nous sommes inspirés est le baldaquin, un archétype très prisé en Italie à la Renaissance, car il y avait alors toute une vie sur les toits. Il permettait une vue sur la ville, mais aussi une contemplation intérieure», explique Antonio Di Bacco, cofondateur d’Atelier Barda. Les architectes se sont fiés à leur instinct pour offrir à leur client et à ses invités des expériences surprenantes grâce notamment au passage, orchestré, de l’ombre à la lumière. «Nous travaillons nos espaces comme si nous portions une caméra à l’épaule», confie Antonio Di Bacco à propos des intérieurs tout en contrastes, un procédé qui s’observe jusque dans l’agencement des deux niveaux supérieurs. Une salle de bain en terrazzo noir, une cuisine et des canapés sombres se détachent sur des murs crème et un plancher en chêne huilé. «Ce fond de scène assez sobre permet d’ajouter au fil des ans des objets qui racontent l’époque», explique Antonio Di Bacco. Le décor, qui est intemporel, est né d’une collaboration étroite avec des artisans québécois. De-ci de-là, on reconnaît les créations de designers montréalais, dont un luminaire sculptural de Gabriel Scott et des tables basses en pierre et acier aux formes organiques griffées Foraine, la gamme de mobilier conçue par Atelier Barda. Des détails qui contribuent au luxe non ostentatoire des lieux. (atelierbarda.com)
L’ÉQUIPE D’ATELIER BARDA S’EST PENCHÉE SUR LES LOGGIAS ET COLONNADES QUI DÉFINISSENT EN GRANDE PARTIE LE NOUVEAU PENTHOUSE.
Dans cet intérieur qui fait la part belle aux matières naturelles, le bar et les appareils de domotique se trouvent cachés derrière des rideaux. Des tables basses en pierre et acier aux formes organiques Foraine, la ligne de meubles d’Atelier Barda (atelierbarda.com), jouxtent le canapé en cuir.
Vase Mudano (oursinfleurs.com).
Une bibliothèque encadre le bureau, laissé ouvert pour bénéficier d’un maximum de lumière. Au-dessus du bureau Kalahari en bois sculpté, de Claesson Koivisto Rune (mabeofurniture.com), le tableau Dépotoir 1, du peintre Achilles Kwagn (achilleskwagn.com), réchauffe cet écrin blanc. La lampe Theia est signée Mathias Hahn pour Marset (bonaldo.ca). Dans la bibliothèque, des vases en verre (verredonge.com), des vases en céramique et un cache-pot (vdevmaison.com), et un bol de Catherine Normandin (oursinfleurs.com). À l’avant-plan, on entrevoit un tapis turc artisanal 100 % laine (ecarpetgallery.com).
Avec sa tête qui intègre des tables de nuit en noyer, le lit Dubois, de Luca Nichetto pour De La Espada (mjolk.ca), forme une sorte d’alcôve bienvenue dans cet espace très ouvert sur l’extérieur. Le décor regroupe une lampe de chevet en laiton w102 Chipperfield, de Wästberg (mjolk.ca), des vases (verredonge.com), des coussins en lin gris Lina (vdevmaison.com) et des taies d’oreillers en lin de Gabrielle Paris (coeurdartichaut.ca).
«NOUS TRAVAILLONS NOS ESPACES COMME SI NOUS PORTIONS UNE CAMÉRA À L’ÉPAULE.»
– Antonio Di Bacco