ELLE (Québec)

Le monde de Boogat

- NICOLAS TITTLEY, chroniqueu­r musique

«Je n’ai jamais passé autant de temps dans des avions qu’au cours des deux dernières années, alors disons que j’ai beaucoup parlé à San Cristobal, le saint patron des voyageurs», lance Boogat pour expliquer le titre de son dernier disque, SAN CRISTÓBAL BAILE INN. Voilà pour saint Christophe. Le « Baile », c’est pour la danse, que la musique de Boogat, qui mélange rythmes hip-hop et latins, inspire immédiatem­ent. Et le « Inn »? «J’ai passé un an à Mexico, où j’ai écrit ces chansons. Les six premiers mois à me sentir comme un nouvel arrivant et les six derniers à penser à mon retour au Québec. J’étais constammen­t dans un entre-deux, comme si je vivais à l’hôtel.»

Ce séjour au Mexique a été inspirant pour le musicien, né Daniel Russo Garrido, d’une mère mexicaine et d’un père paraguayen, élevé à Québec et maintenant installé avec femme et enfants à Eastman, en Estrie. «Je m’identifie beaucoup à l’énergie de cette ville, qui est l’un des endroits où je me sens le plus moi-même», affirme celui qui a beaucoup exploré le concept d’identité sur son album précédent, l’excellent Neo-Reconquist­a, qui lui a valu un Félix et un Juno dans la catégorie Musique du monde. «L’identité, ça ne vient pas seulement du lieu où on habite. J’ai passé presque toute ma vie au Québec, j’ai l’accent d’ici, mais je n’ai pas grandi avec un père et des oncles qui regardaien­t le hockey, alors un match des Canadiens ne me fait pas vibrer de la même manière...» Sur la pochette de l’album, on peut aussi lire Nosoy est rel la,soyu ni verso (« Je ne suis pas une étoile, je suis l’ univers »), phrase qui peut paraître prétentieu­se, mais qui résume l’ouverture de ce citoyen du monde, qui a convié des producteur­s argentins, une rappeuse mexicaine et des musiciens torontois à se joindre aux sonorités créées par son band montréalai­s. «C’est une manière de dire que je ne cherche pas à être une star; mon but, c’est de créer un monde avec ma musique. Le succès m’importe peu, mais exprimer la complexité de mon identité, de mon monde, c’est ça qui compte .» Dans les bacs le 29 septembre.

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