DAVID YURMAN artiste dans l’âme
La maison de joaillerie de renommée internationale présente sa collection de bijoux automne-hiver 2017-2018. Nous avons rencontré son sympathique fondateur dans ses quartiers new-yorkais; retour sur un parcours où art et parure ne font qu’un. texte JULIE
Avant de devenir joaillier, David Yurman a fait ses classes en sculpture au cours des années 1960 et 1970, notamment auprès du sculpteur Theodore Roszak. «À l’époque, je faisais de petites statues qui ressemblaient à des amulettes. Il était donc naturel pour moi de passer de la sculpture à la joaillerie. Tout ce dont j’avais besoin était d’un chalumeau et d’un endroit aéré pour gagner ma vie. De toute façon, je n’ai jamais connu d’autres façons de le faire!»
La petite histoire veut que le début du succès de David Yurman en joaillerie remonte à cette époque-là, alors qu’il avait conçu un collier pour sa femme, Sybil. Le bijou est immédiatement repéré par un galeriste new-yorkais qui insiste pour l’exposer. La pièce trouve quatre preneurs le jour même. «Sur le coup, je me suis simplement dit: “Ah! Maintenant, je dois les fabriquer, ces colliers!” J’ai toujours été comme ça: je crée les pièces que j’ai envie de faire, sans considérations commerciales. Les spécialistes de la mise en marché inventent toutes sortes de catégories de consommateurs, comme les milléniaux... Mais pour moi, ça ne veut rien dire.»
David et Sybil, qui participe elle aussi activement au développement du projet, nomment leur entreprise Putnam Art Works, jusqu’à ce que la marque David Yurman soit officiellement lancée en 1980. Le premier bracelet Cable est créé en 1983. C’est cette pièce iconique qui fait réellement connaître le joaillier. Depuis plus de 30 ans, ce jonc torsadé est décliné sous différentes formes (et prix!). Que les créations du joaillier soient en argent, en or ou pavées de diamants noirs, elles sont travaillées tout en finesse. « Il y a 20 ans, personne ne mariait les diamants à l’argent. Nous avons été les premiers à le faire, à traiter l’argent comme de l’or. Nous accordons une grande importance aux détails, à la finition, peu importe le matériau.»
Encore à ce jour, la marque David Yurman est une affaire de famille. «On est une petite tribu, mais on a une grande entreprise familiale!» Le fils de David et Sybil, Evan, a intégré les rangs de la compagnie il y a une quinzaine d’années et tient à assurer la relève de cette entreprise qui compte aujourd’hui 47 magasins et 350 points de vente à travers le monde. Evan a commencé par diriger la création des bijoux pour hommes, avant de migrer, récemment, vers les collections pour femmes. «La vraie joaillerie, quoi!» plaisante son père.
Lorsqu’on demande à David Yurman s’il lui arrive d’arrêter les gens dans la rue en reconnaissant sur eux un de ses bijoux, il s’esclaffe. «Oh non, surtout pas! J’essaie de ne pas attirer l’attention. Aujourd’hui, je me suis mis chic uniquement pour recevoir les journalistes! Et de toute façon, je suis dans l’instant présent. C’est existentiel, j’ai toujours été comme ça. Une fois que les pièces sont terminées, c’est du passé. Elles peuvent faire leur vie sans moi!»
« Il y a 20 ans, personne ne mariait les diamants à l’argent. Nous avons été les premiers à le faire, à traiter l’argent comme de l’or. »
Avec Stella McCartney et Matthew Williamson, Erdem Moralioglu fait partie des rares designers britanniques à signer une collection pour H&M. Son esprit? Romantique, féminin et parsemé de fleurs bien sûr, signatures de la griffe depuis ses débuts en 2005.
Pour l’histoire, le créateur anglo-turc, né à Montréal, étudie à Toronto avant de s’envoler pour le Royal College of Art, à Londres. Une fois son diplôme en poche, il travaille chez Vivienne Westwood et Diane Von Furstenberg, puis lance sa griffe éponyme deux ans plus tard. Le succès est vite au rendez-vous: en 2006, la top-modèle Claudia Schiffer foule le tapis rouge des BAFTA dans une robe Erdem, et la boutique de luxe américaine Barneys, réputée pour sa sélection mode ultrapointue, décide de proposer ses vêtements. Les célébrités – dont les influentes brit-girls Alexa Chung, Poppy Delevingne et Kate Middleton – ne peuvent plus se passer des tenues du designer. Au fil des saisons, ses créations, sur lesquelles s’épanouissent des motifs floraux, s’inspirent de l’Angleterre victorienne et de son élégance, empreinte de douceur et d’une touche de naïveté. «Les choses qui suggèrent une féminité – comme la dentelle, les fleurs ou même une certaine silhouette – me fascinent, explique Erdem Moralioglu. Lorsque je crée mes collections, je construis une histoire autour d’une femme: j’imagine qui elle est, ce qui lui est arrivé et ce que l’avenir lui réserve. Pour ma collaboration avec H& M, je me suis inspiré de mon enfance et des vêtements que ma mère et ma soeur portaient. J’ai aussi pensé à des amis dans une maison de campagne anglaise, dénichant ces pièces et les portant chacun à sa manière. Je suis ravi du résultat. Avoir la possibilité d’offrir mes créations à autant de gens à travers le monde, c’est extraordinaire!»
Erdem Moralioglu n’en est d’ailleurs pas à sa première collaboration: en 2009, il crée notamment une collection capsule pour la marque de lunettes Cutler and Gross. Avec H&M, le partenariat s’est fait naturellement. « Juste après Kenzo, travailler avec un designer britannique réputé pour son style romantique et féminin nous semblait être le bon moment», précise Ann-Sofie Johansson. Pour mettre en scène la collection, la marque a fait appel au réalisateur Baz Luhrmann ( Moulin Rouge!), dont l’univers féerique se prête à merveille à celui d’Erdem. En juillet dernier, un extrait du court métrage dévoilait quelques-unes des créations pour hommes et femmes qu’on trouvera en magasin. «J’ai puisé dans les archives de ma griffe pour imaginer une collection exclusive, révèle le designer. La référence est parfois directe, comme une robe plissée en clin d’oeil à ma toute première collection, ou plus subtile, faisant écho à une atmosphère ou à un thème. Par ailleurs, ç’a été incroyable de créer pour la toute première fois un pull à capuche ou un sac à dos!» Son coup de coeur? «Une veste croisée assez masculine » . .. qu’on se procurera sans aucun doute dès le 2 novembre, en boutique et en ligne!