FRÈRES D’ÂME
Pour Andrew et Brad Barr, la musique a toujours été une affaire de famille. Ce n’est pas pour rien que les deux hommes ont choisi de faire carrière sous leur patronyme, un nom un peu trompeur, car il laisse de côté un membre important des Barr Brothers, la harpiste et multi-instrumentiste Sarah Pagé, «musicienne exceptionnelle qui n’en finit plus de nous surprendre», explique Brad.
Sur QUEENS OF THE BREAKERS, la famille est partout: dans le rythme de Defibrillation, inspiré à Andrew par le bip du moniteur cardiaque entendu dans la chambre d’hôpital de leur mère, ou sur la pièce-titre, qui évoque leur jeunesse dans le Rhode Island. Il faut dire que Brad et Andrew sont tous deux devenus pères dans l’intervalle qui sépare Sleeping Operator de ce nouvel album. «Ce n’est pas une exagération de dire qu’avoir un enfant a complètement transformé ma manière de travailler, explique Brad. Premièrement, il était devenu presque impossible de suivre ma routine habituelle, soit de prendre quelques verres et d’écrire tard le soir. Mais surtout, ça change ma perspective; en me décollant de mon nombril, en me forçant à redécouvrir avec un regard neuf toutes les choses que je tenais pour acquises.»
Le groupe, connu pour ses riches compositions folk atmosphériques traversées d’influences africaines, a été cette fois-ci motivé par un désir de simplicité et de retour à l’essentiel: «On voulait être moins ésotériques, ne pas se perdre dans des ponts interminables avec sept changements d’accords!» confirme Brad. L’une des pièces qui résument le mieux cette approche est sans doute Song That I Heard, un air folk rehaussé de cuivres qui est une chanson en hommage... aux chansons. «C’est une toune qui compte beaucoup pour moi: oui, elle parle du pouvoir transformateur de la musique, mais c’est aussi une déclaration d’amour à Montréal. Elle parle de l’importance que cette ville a eue pour nous, tant comme musiciens que comme personnes.» Une ville qu’on n’imagine plus sans ses Barr Brothers. N. T.